Interdiction des véhicules polluants en Wallonie: la ministre Tellier fait volte-face
La Ministre de l’Environnement Céline Tellier fait marche arrière sur l’interdiction des véhicules les plus polluants en Wallonie. Elle envisage de substituer la suppression graduelle de la circulation des véhicules les plus polluants sur l’ensemble du territoire par des mesures plus équitables, efficaces et ciblées sur les grandes villes.
La ministre de l’Environnement Céline Tellier a annoncé qu’elle prévoyait de proposer au Gouvernement d’abroger prochainement l’interdiction générale et progressive de circulation des véhicules anciens au profit d’une approche concentrée sur les grandes agglomérations.
La Ministre s’appuie sur les conclusions d’une vaste étude menée par l’ISSeP (l’institut scientifique de service public), dont les résultats ont été finalisés fin 2023. Selon Céline Tellier, les résultats de cette recherche sont désormais clairs : la législation mise en place par son prédécesseur, Carlo Di Antonio (Les Engagés), en janvier 2019, n’est pas justifiée du point de vue environnemental. En plus de s’avérer plus pertinente pour améliorer la qualité de l’air, sa nouvelle proposition serait également plus équitable pour les résidents en zone rurale disposant de moins d’alternatives à la voiture.
Une première étude réalisée en 2019 par l’ISSeP dans deux communes – Namur et Eupen – avait montré que l’adoption d’une Zone de basses émissions était pertinente pour la première, mais pas pour la seconde en raison de la taille de l’agglomération.
À la lumière des résultats de ces travaux, “l’interdiction progressive de circulation sur l’ensemble du territoire wallon semble désormais disproportionnée, difficilement applicable sur un territoire aussi vaste et diversifié que la Wallonie, et surtout peu efficace pour améliorer réellement la qualité de l’air”, peut-on lire comme conclusions de la Ministre dans son communiqué. De plus, le dernier rapport de la Cellule Interrégionale de l’Environnement (CELINE) indique une amélioration de la qualité de l’air à long terme en Wallonie. Les concentrations en NO2, indicateur de la pollution liée au transport routier, s’améliorent depuis une vingtaine d’années tant dans sa part “transport” que dans sa part “industrie”.
Ne pas pénaliser les citoyens en zone rurale
La Ministre de l’Environnement envisage de soumettre au Gouvernement de Wallonie un projet de décret modificatif et un dispositif de soutien financier aux grandes villes wallonnes dans les prochaines semaines. Ce dispositif permettrait aux communes concernées de mettre en œuvre des mesures adaptées à leur situation avec un soutien financier régional, renforçant ainsi la qualité de l’air aux points les plus sensibles et pertinents.
« Les précisions sur ce dispositif seront communiquées dans la foulée. Mon seul objectif est que nous puissions toutes et tous vivre dans un environnement sain en déployant des mesures efficaces, pertinentes et justes socialement », a conclu Céline Tellier.
Une “bonne nouvelle” pour Touring
Suite à cette annonce, des réactions se font entendre. Traxio, la fédération du secteur de la distribution automobile parle d’un “soulagement”, car 439.752 voitures wallonnes allaient être bannies du territoire régional dans deux ans, soit 24% du parc automobile wallon, rapporte L’Echo sur son site. Ce sont donc des centaines de milliers de conducteurs qui ne vont pas être obligés de se séparer de leur véhicule.
Pour la compagnie d’assistance, cette décision est une bonne nouvelle, mais elle demande de nombreux aménagements avant d’être mise en place. C’est le cas, notamment, du développement des transports en commun et des parkings de délestage autour de ces villes avec des zones de basses émissions.
Pour les normes sur les voitures polluantes présentent plusieurs problèmes : l’obsolescence programmée des voitures, qui devraient être utilisées pendant 17 ans avant d’être rentabilisées, le manque de véhicules électriques abordables, un impact économique majeur pour les fabricants, garages, assurances commerces, etc… Touring demande un moratoire d’un an pour les EURO 5 à Bruxelles et pour les villes wallonnes si le Parlement vote des zones de basses émissions pour les EURO 5.
Le contexte
À partir du premier janvier 2025, la Wallonie était censée devenir une zone de basses émissions, sans pour autant porter ce titre officiel. Il est prévu dans le décret du 17 janvier 2019 relatif à la lutte contre la pollution atmosphérique liée à la circulation des véhicules que les voitures Euro 0, Euro 1, Euro 2 et Euro 3 n’auront plus accès au territoire wallon au-delà de 3.000 km parcourus.
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