Il faut beaucoup de patience et de bonne volonté pour voyager loin en train
Le train coûte en moyenne deux fois plus cher que l’avion pour voyager loin, selon Greenpeace. La solution? Des taxes pour l’avion, des subsides supplémentaires pour le rail.
Faut-il encore davantage subsidier le rail? C’est l’avis de Greenpeace, qui a publié une étude sur 112 trajets internationaux en Europe. Pour conclure que les voyages étaient, dans 79 cas sur 112, moins chers en avion. Le train est en moyenne deux fois plus cher (2,6 fois en Belgique) alors que son bilan environnemental est nettement plus favorable.
Le constat de l’ONG se base sur des sondages effectués sur une centaine de systèmes de réservation, pays par pays. Les conclusions sont néanmoins parfois un peu tirées par les cheveux: sur un Bruxelles-Londres, par exemple, Greenpeace tacle Eurostar et le prix de ses tickets en mettant en avant la possibilité de voler moins cher via Ryanair en faisant étape… au Danemark. Dans les faits, la grande majorité des voyageurs prennent le train au point qu’aucune compagnie low cost ne relie plus Bruxelles et Londres.
Pas assez de concurrence sur le rail
L’ONG a malgré tout raison sur un point: faire rouler un train coûte plus cher que l’avion. Le train a besoin de voies ferrées, de ponts, de tunnels à construire et entretenir alors que les couloirs aériens sont gratuits. L’aérien utilise des avions standardisés acceptés partout alors que le rail est, à la base, une activité nationale, lourde, avec parfois un matériel différent selon les pays.
Cela explique pourquoi la libéralisation de l’avion dans l’Union européenne a mieux réussi que celle du transport ferroviaire international. Pour preuve: personne ne concurrence encore les trains Thalys et Eurostar, contrôlés par la SNCF. Pour Greenpeace, il faudrait rendre l’avion moins attractif en le taxant, avec une TVA sur les tickets et des accises sur le carburant. Cette approche, qui ne pèse pas sur le contribuable, est politiquement incertaine parce que ces décisions doivent se prendre à l’unanimité des Etats de l’Union, pas tous prêts à freiner l’aérien.
Les solutions de Greenpeace pour rendre le train international meilleur marché supposent une augmentation des subsides que des taxes aéronautiques ne compenseraient pas. En Belgique, le rail représente déjà 300 euros par an par habitant. L’ONG propose notamment que l’utilisation des voies ferrées devienne gratuite ou que leur péage soit sensiblement réduit et que des tickets à petit prix soient proposés aux voyageurs. Mais il serait difficile de justifier de tels subsides au trafic ferroviaire international alors qu’il est déjà si difficile de dégager des moyens pour le rail intérieur.
La proposition la plus praticable semble être la simplification de la réservation et de l’achat de tickets pour des trajets opérés par plusieurs compagnies. Actuellement, il faut encore beaucoup de patience et de bonne volonté pour voyager loin en train.
Regardez le reportage de Canal Z: Le train beaucoup plus cher que l’avion!
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