Coyote retrouve des voitures volées
Coyote est très populaire en Belgique, avec 1,64 million d’abonnés. Ce service qui signale les radars s’est mué en assistant à la conduite. L’entreprise se diversifie en ajoutant une application pour récupérer les voitures volées.
L’assistant de navigation Waze n’a pas mis Coyote hors jeu. Ce service fournit aux automobilistes une aide à la conduite dont des informations sur les radars, les limitations de vitesse ou les incidents de la route moyennant un abonnement, alors que Waze est gratuit. “Au contraire, Waze nous a aidés à faire connaître l’application”, dit Vincent Hébert, general manager de la filiale belge du groupe français Coyote. Ce dernier admet toutefois que l’entreprise arrive à maturité, sa communauté ne connaissant plus de grande croissance. “Nous avons 1,64 million d’abonnés dans le Benelux, surtout en Belgique”, continue Vincent Hébert. Le business plan de départ, en 2009, tablait sur 20.000 abonnés pour notre pays. En 2016, Coyote annonçait avoir passé le cap du million d’abonnés. Cette percée est proportionnellement plus forte qu’en France. Cette année-là, Trends-Tendances avait même consacré une couverture au “bras de fer Coyote-Waze”.
“Avec notre système, 91% des véhicules dérobés sont retrouvés en 48 heures.” – Vincent Hébert (Coyote)
Le service Waze semblait menaçant car ce service gratuit, propriété d’Alphabet (Google) et disposant de moyens considérables, proposait – et propose toujours – tant un guidage pour éviter les embouteillages que des informations sur des incidents de trafic et sur les radars, puisant dans les informations transmises par une immense communauté d’utilisateurs. Coyote use de la même approche, mais fait payer un abonnement (9,99 à 13,99 euros par mois). Son dispositif ? Un boîtier à poser sur le tableau de bord du véhicule, qui informe l’utilisateur et, grâce à sa carte SIM, signale travaux, accidents, incidents et radars au système Coyote, qui les partage avec la communauté.
Le petit poucet Coyote a donc fort bien résisté au géant américain, en ajoutant des services supplémentaires de sécurité prédictive, comme des avertissements précédant les virages dangereux. Les gros rouleurs qui constituent la majorité de la clientèle, qui parcourt 29.000 km par an en moyenne, restent fidèles au service Coyote. D’autant que ce dernier a évolué, dans différentes directions. Ses boîtiers, marque de fabrique de la maison, sont par exemple de moins en moins utilisés. “A présent, la moitié des abonnés préfèrent l’application, car ils peuvent l’utiliser sur les car play disponibles dans la plupart des voitures actuelles », continue Vincent Hébert. C’est plus pratique: fini le terminal à fixer sur le tableau de bord, le service pouvant être désormais accessible via l’écran d’infotainment du véhicule.
Blinder la géolocalisation
L’autre évolution est la diversification. Coyote s’intéresse au marché de la récupération de véhicules volés et a lancé un service appelé Coyote Secure en Belgique. Pour ce faire, l’opérateur a racheté une société française, Traqueur, qui a développé un pack antivol basé sur une technologie difficile à neutraliser. “Les antivols qui utilisent la géolocalisation peuvent être brouillés; on peut aussi rendre un véhicule indétectable en le garant en sous-sol, explique Vincent Hébert. Mais avec notre système, 91% des véhicules dé- robés sont retrouvés en 48 heures.” Contrairement au modèle historique de l’entreprise, Coyote Secure n’est pas vendu sous forme d’abonnement. Une somme de 849 euros est facturée pour l’ensemble du service, qui inclut l’installation du traceur et quatre ans de suivi, soit la durée de vie de la batterie de l’appareil. Argument marketing : le service inclut un abonnement à l’assistance routière. “En tout, cela revient à 17,6 euros par mois”, calcule Vincent Hébert.
Le service Coyote Secure est disponible en France depuis quelques années. “Nous y vendons 300.000 formules par an”, assure le general manager. Le marché est en effet porteur. “Le souci n’est pas seulement le vol de la voiture, mais aussi celui des affaires personnelles qu’elle contient. Nous avons donc ouvert également une division ‘utilitaires’: une camionnette contient souvent des outils. Se priver de l’une et des autres pendant des semaines peut être un vrai problème pour le business.”
On le voit, le service offert par Coyote continue à évoluer, et ce malgré le fait que son principe soit régulièrement remis en cause.
Passe d’armes avec Vias
Le partage d’informations sur les emplacements des radars est par exemple parfois critiqué. La France a voulu interdire cet usage, avant de l’autoriser avec une formule de compromis: Coyote ne pouvant plus signaler que des zones à risque, sans spécifier exactement la position d’un radar. Depuis 2021, le Conseil constitutionnel français autorise pourtant de nouveau Coyote à indiquer la position exacte des radars, estimant qu’une interdiction était contraire à la liberté d’expression.
En Belgique, l’institut de sécurité routière Vias a récemment publié le résultat d’une étude soutenant que les personnes qui utilisaient un avertisseur de radars étaient davantage verbalisées que celles qui n’en disposent pas. L’étude est basée sur des réponses fournies par 2.214 personnes de plus de 17 ans, dont 37% utilisent un système pour signaler des radars (29% avec un appli gratuite genre Waze, 7% avec un service payant comme Coyote). Vias recommande donc d’interdire ces systèmes. Mais Coyote a contesté les conclusions de l’étude, et l’étude elle-même. “Coyote n’est plus un simple service pour localiser les radars, c’est un service d’assistance à la conduite, argumente Vincent Hébert. Nous collaborons avec la police pour la lutte contre les véhicules fantômes, pour détecter les zones dangereuses. Nous avons mis au point un système d’avertissement à l’approche de virages dangereux, conçu grâce aux données de trafic et de conduite anonymisées que nous accumulons.” Les données de Coyote servent d’ailleurs parfois aux zones de police pour analyser l’impact d’un lidar, en mesurant la vitesse moyenne avant son installation, pendant et après son retrait.
La recommandation de Vias n’a donc pas été suivie. Le ministre fédéral de la Mobilité, Georges Gilkinet, envisage tout au plus une formule à la française, celle qui se contente d’indiquer la présence de “zones à risque”. Quant à la ministre wallonne en charge de la Sécurité routière, Valérie De Bue, elle refuse d’interdire le système, rappelant au parlement régional que Coyote “partage ses données avec la police et l’Agence wallonne pour la sécurité routière”. En Europe, la plupart des pays autorisent d’ailleurs les systèmes d’information sur les radars, hormis la Suisse, l’Allemagne et la Grèce.
Un groupe français
Coyote System est un groupe basé en France, fondé en 2005, dont Coyote Benelux est une filiale de distribution. Coyote System a été fondé par un ancien chasseur de tête, Fabien Pierlot. La société belge a été développée avec deux associés, Vincent Hébert et Pascal Courrier, et lancée en 2009. Coyote est présent sur les marchés suivants : France, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne, Italie.
Pour développer ses activités, le groupe a acquis plusieurs entreprises : Traqueur, qui a conçu un système antivol, et Ubiwan, dont Coyote System a racheté 51% en 2022 et qui est active dans la gestion de flottes. Le chiffre d’affaires du groupe, acquisitions comprises, “frôle les 300 millions d’euros”, dit Vincent Hébert. La filiale belge occupe une quarantaine de personnes sur un total de 300 salariés pour le groupe.
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