Comment Elon Musk joue sur la rivalité entre la Chine et l’Inde pour relancer Tesla
À l’instar de toute l’industrie automobile, Tesla souffre depuis le début de l’année. Entre une demande en berne, des plans de licenciements massifs, de nouvelles baisses des prix et une lourde chute de son action, le constructeur américain tente de trouver une bouée de sauvetage en Asie, en jouant sur la rivalité entre la Chine et l’Inde.
En visite en Chine, Elon Musk n’est pas reparti les mains vides. En concluant un partenariat avec le géant de l’internet chinois Baidu, Tesla a franchi une étape importante vers le déploiement de la conduite entièrement autonome (FSD) dans l’Empire du Milieu. Un partenariat salué par les marchés puisque l’action a bondi de plus de 10%, en début de semaine. De quoi limiter la chute du titre à -26% depuis le début de l’année.
Le marché chinois de la voiture électrique, le plus important au monde, est crucial pour Tesla. Au total, 8 millions de voitures électriques y ont été vendues l’année dernière, soit 60% des ventes mondiales. Tesla s’y est installé en 2014, en espérant vendre 5.000 Model S. Aujourd’hui, grâce à la gigafactory de Shanghai, où une voiture Tesla est produite en 40 secondes, le marché chinois représente plus de la moitié des ventes du constructeur américain, avec 950.000 véhicules produits et vendus l’année dernière (pas uniquement à destination du marché chinois).
Tesla veut faire une Apple
Le constructeur électrique veut réaliser le même coup en Inde. Face à la concurrence effrénée des constructeurs chinois, comme le célèbre BYD, mais aussi plus récemment Xiaomi, Tesla ne peut plus mettre tous ses œufs dans le même panier. Et à l’instar de ce qu’a fait Apple, en faisant produire une partie de ses iPhone en Inde pour réduire sa dépendance à la Chine, Tesla veut jouer sur la rivalité entre les deux géants asiatiques. L’objectif est de se faire une place au soleil dans le pays désormais le plus peuplé au monde.
Pour l’heure, le marché indien est un nain de l’électrique. À peine 90.000 véhicules électriques y ont été vendus l’année dernière, rappelle Bloomberg. Mais l’Inde est aussi le 3e plus grand marché de l’automobile tout court, après les États-Unis et la Chine. Autant dire que le potentiel de croissance pourrait porter Tesla vers de nouveaux sommets, alors que le constructeur patine dans la semoule depuis plusieurs mois. Ses marges sont sous pression et le groupe a annoncé le 23 avril dernier un recul de 55% de son bénéfice net au premier trimestre.
En mars, le gouvernement du Premier ministre, Narendra Modi, a annoncé une politique en faveur des véhicules électriques, dans le but d’attirer des constructeurs comme Tesla. Notamment en baissant ses taxes à l’importation, à 15%. Les négociations sont toujours en cours, mais Tesla pourrait y investir jusqu’à 2 milliards d’euros.
De nouvelles difficultés
La division des superchargeurs de Tesla s’est réveillée, hier matin, avec une sérieuse gueule de bois. L’équipe de 500 personnes a simplement été dissoute d’un claquement de doigts, par Elon Musk. Il y a deux semaines, le fondateur avait indiqué devoir se séparer de 10% des effectifs totaux, soit 15.000 personnes. Sur X, Elon Musk a expliqué se concentrer à renforcer les superchargeurs existants plutôt que déployer de nouveaux sites. En interne, certains estiment que le patron de Tesla veut reconstruire une équipe plus petite et forcément moins coûteuse.
Cette information est un double coup dur. D’abord pour les autres constructeurs qui ont noué un partenariat avec Tesla, aux États-Unis, pour pouvoir utiliser son réseau de superchargeurs. Mais plus fondamentalement, il s’agit d’un très mauvais signal en direction des clients. Car on sait que le manque de déploiement des points de recharge est l’un des principaux freins à l’adoption des voitures électriques.
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