Bertrand Piccard et le rêve d’un tour du monde avec un avion à l’hydrogène

Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

L’explorateur suisse, qui avait survolé la terre à l’électricité, s’engage dans un nouvel objectif pour 2028. Sa Fondation Solar Impulse noue un partenariat avec Syensqo (ex-Solvay).

L’explorateur suisse Bertrand Piccard a fait rêver d’une planète meilleure en faisant le tour du monde avec un avion électrique. Ses grandes ailes photovoltaïques faisaient songer à un albatros des temps prochains. C’était entre mars 2015 et juillet 2016, en seize étapes. Depuis, avec sa Fondation Solar Impulse, il recense tous les projets pouvant contribuer à décarboner la société, opérationnels dès à présent. Il est également devenu conseiller spécial de la Commission européenne.

Mais Bertrand Piccard reste un explorateur dans l’âme. Il prépare désormais pour 2028 un tour du monde en neuf jours à bord d’un avion à hydrogène. “Le domaine le plus diffiicle à décarboner, c’est l’aviation”, explique-t-il au Soir. Pour réaliser ce nouveau rêve, il noue un partenariat avec Syensqo, l’entreprise dirigée par Ilham Kadri, issue de la scission de Solvay.

Le rêve de l’hydrogène

“L’objectif, c’est de réaliser un tour du monde sans émissions et sans escales, explique-t-il. Pour y arriver, on se tourne forcément vers l’hydrogène obtenu par l’électrolyse de l’eau à l’aide d’énergie renouvelable.” L’expérience n’est toutefois pas évidente car l’hydrogène doit être conservée sous forme liquide à une température mainenue à… – 253°.

“On doit trouver des solutions d’isolations passives des réservoirs pour un tour de monde qui doit se dérouler en neuf jours à une vitesse moyenne de 200 km/h“, précise Bertrand Piccard.

L’hydrogène est perçue comme une part importante du mix énergétique futur, singulièrement pour les transports. Elle devra toutefois être produite par de l’énergie renouvelable, ce qui reste un défi, et elle nécessite encore un processus relativement volumineux pour produire une énergie assez puissante. En début d’année, le port d’Anvers a réussi à mettre à l’eau le premier remorqueur à hydrogène au monde, en insistant sur les limites de cette solution.

“Pour maintenir l’hydrogène à basse température, le gros défi de l’histoire, ce sont les réservoirs“, confirme Bertrand Piccard.

“Ouvrir la voie”

Nous sommes ravis de prendre part à ce vol à zéro émission autour du monde à base d’hydrogène vert, sourit Ilham Kadri, CEO de Syensqo. Les 13.200 employés de Syensqo sont fiers de faire part de cette aventure humaine, environnemtnale et scientifique, illustrant la puissant de leurs innovations durables.”

Après deux ans de recherche, la construction de l’avion a débuté. Le projet est développé et soutenu par Airbus, Daher, Capgemini, avec la participation d’Ariane Group, sous la direction de l’ingénieur et aviateur Raphaël Dinelli, qui participera à ce tour du monde autour de l’Equateur.

“L’objectif de ce projet, c’est d’ouvrir la voie, insiste Bertrand Piccard. Si on avait dit que l’on traversait la Manche, cela n’aurait intéressé personne.”

Il y a quelque chose de Jules Verne dans cet explorateur-là…

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