Marc Coucke: “C’est la chose la plus importante et la plus inspirante que j’aie faite”

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Avec ses récents investissements dans et autour de Durbuy ainsi que dans le parc animalier Pairi Daiza, Marc Coucke est devenu le roi autoproclamé du tourisme vert wallon. ” La réflexion se poursuit “, avance-t-il.

Marc Coucke a pris goût à l’écologie. Déjà avant qu’il ne vienne en aide à Eric Domb, le fondateur et actionnaire principal de Pairi Daiza, pour sortir le parc animalier de la Bourse, Marc Coucke a foncé tête baissée, cette année, dans une aventure verte wallonne beaucoup plus grande. Lorsque les propriétaires des parcs d’attractions écologiques rivaux Durbuy Adventure et La Petite Merveille ont frappé à la porte de Marc Coucke, il a immédiatement mordu à l’hameçon. Il a acquis Durbuy Adventure et créé une entreprise conjointement avec Bart Maerten, le propriétaire de La Petite Merveille. Rénovés et modernisés, les deux parcs seront regroupés sous le nom de La Petite Merveille et formeront un grand complexe écologique d’aventures sur une superficie de 300 hectares. Coût de l’investissement : plus de 50 millions d’euros.

Alychlo, la société d’investissement familiale de Coucke, prend pour son compte l’essentiel des investissements dans les terrains et les bâtiments. En moins de quatre mois intenses, des terrains supplémentaires ont été achetés, plus un hôtel-restaurant et un château pour organiser des incentives pour entreprises. Alychlo va également investir considérablement dans des terrains de parking et des hébergements. Marc Coucke pense, dans une première phase, à une centaine de chalets, mais il désire aller jusqu’à 500. En outre, il désire ouvrir un musée d’art moderne à Durbuy. La facture sera encore plus élevée, parce que l’homme d’affaires rêve à voix haute d’un téléphérique qui relie le parc d’aventures aux rives de l’Ourthe près du centre de Durbuy.

Un investissement atypique, admet Marc Coucke lui-même au sujet de son vaste projet ardennais, parce que – tout comme pour le parc animalier Pairi Daiza – une sortie lucrative n’est pas à l’ordre du jour. Ce message, et les plusieurs millions que l’investisseur a apportés, ont été favorablement accueillis par les notables locaux. Marc Coucke a reçu le soutien et les louanges des autorités régionales et locales, et en a bénéficié pleinement. On l’a rarement vu aussi enthousiaste que lors de la présentation de ce dixième et, selon ses propres dires, dernier investissement d’Alychlo. Il ne semble toutefois visiblement pas y croire lui-même vraiment, à ce dernier.

MARC COUCKE. Il le faut bien. Vous ne pouvez investir de manière atypique et très authentique que si c’est rentable. Sinon cela ne dure pas. Cet aspect atypique réside dans le fait que je ne recherche ni une sortie ni des affaires à court terme. Et si les gens s’amusent et que je me sens vraiment bien, tout comme pour Pairi Daiza, cela représente aussi un dividende à mes yeux.

Quid si cela ne se révèle pas rentable en 2020 ?

Si sur les 10 projets, il y en a deux qui échouent, cinq qui réussissent bien et trois qui s’avèrent fantastiques, ce sera bon. Mais cela ne va pas échouer.

La Petite Merveille peut-elle collaborer avec Pairi Daiza ?

Ce n’est pas le but, mais nous apprendrons toutefois beaucoup les uns des autres. Je parle beaucoup de cela avec Eric Domb. Ça le passionne. Et Bart Maerten est déjà allé visiter Pairi Daiza. Peut-être existe-t-il, à terme, des possibilités d’améliorer le tourisme en Wallonie. Aujourd’hui, les gens vont une journée à Pairi Daiza et une autre à Durbuy. Peut-être que, à l’avenir, ils viendront passer une semaine en Wallonie – à Pairi Daiza et à plusieurs autres endroits. Nous pouvons faire des combinaisons, mais ce n’est absolument pas à court terme.

L’authenticité est le tourisme du futur.

C’est le dernier investissement pour votre société d’investissement familiale Alychlo, dites-vous.

Je me le suis dit ainsi à moi-même. Je m’engage plutôt intensément. J’essaie surtout d’apporter de la valeur ajoutée. Et dans ces 10 investissements, d’autres personnes ont également participé à cause de moi, je dois donc aussi partiellement être présent. Et enfin, je sens que 10 est à peu près la limite pour que je puisse vraiment bien m’engager.

Profil

à Gand en 1965.

Diplômé en pharmacie et titulaire d’un post-graduat en business management de la Vlerick Leuven Gent Management School.

1987. Crée, avec son ami Yvan Vindevogel, l’entreprise pharmaceutique Omega Pharma, qui sera introduite en Bourse en 1998. Il en est CEO avant de devenir président en 2006, puis à nouveau CEO en 2008.

Amateur de sport : en 2003, il participe au financement de l’équipe cycliste Quick Step, et en 2013, il devient actionnaire majoritaire du KV Ostende. Il est aussi actionnaire du LOSC (Lille) et du club de basket des Castors Braine.

2014. Revend Omega Pharma au groupe Perrigo. Depuis, il a procédé à de nombreux investissements dans des secteurs divers (voir “Les 10 doigts d’Alychlo”)

Mais que se passera-t-il si l’enthousiasme pour inclure encore d’autres choses devient trop grand ?

Ce risque existe toujours avec moi. C’est déjà bien que j’essaie de limiter. Quoi qu’il en soit, cette expérience est la plus importante et la plus inspirante que j’aie jamais faite. Cela ne va bien sûr jamais devenir comme Omega Pharma. Quand j’ai démarré cette dernière, je n’avais pas cette vision. Cela a simplement évolué chaque année. Mais ici… je n’avais jamais pensé que nous serions aussi loin après trois mois. Ce que je trouve super, c’est le soutien que vous recevez ici si vous êtes transparent, et surtout la vitesse avec laquelle vous obtenez des réponses et des autorisations. Nous avons aussi pensé à certaines choses, au sujet desquelles ils nous ont dit que ce n’étaient pas de bonnes idées. De plus, ils communiquent dans les 24 heures, ce qui fait que nous faisons simplement autre chose.

L’investissement total s’élève à 50 millions d’euros. Y inclus le téléphérique auquel vous pensez ?

Non. Lorsque nous avons fait ce plan, l’hôtel-restaurant Jean de Bohème au centre de Durbuy n’en faisait également pas partie. Je pense donc que nous nous situons déjà à 60 millions.

Vous souhaitez connecter les activités récréatives du jour à celles liées à l’hébergement, ce que Walt Disney a fait le premier dans ses parcs. Le considérez-vous comme un exemple ?

Non. Quand j’étais petit, je suis allé à Orlando (où se trouve l’immense Walt Disney World Resort, Ndlr), et je vais régulièrement à Disneyland Paris. Je ne désire pas émettre de critiques à l’encontre de Disney, mais l’authenticité est pour moi le tourisme du futur. Cette dimension, vous la trouvez bel et bien à Pairi Daiza, et au moins tout autant ici. La proximité est aussi importante. Les gens ne doivent pas prendre l’avion, mais ils viennent ici vers la nature à leur aise, les enfants peuvent s’amuser et les adultes peuvent repousser leurs limites. Le week-end dernier, j’ai vu mon beau-père escalader les rochers, ici. Il se sentait 10 ans plus jeune.

La vision est définie, mais il faut maintenant la mettre en oeuvre et nous espérons que les gens viendront.3

Prenez-vous un exemple comme référence pour ce projet ?

Cela n’existe pas. Nous cherchons cependant dans le monde entier, non pas pour imiter, mais pour s’inspirer. Nous pourrions trouver des idées pour des activités à inclure ici. De Pairi Daiza, je retiens que nous devons y ajouter une activité chaque année. Ici, nous en avons huit pour commencer, mais d’ici quatre ans, il faut qu’il y en ait au moins 12.

Vous savez donc quelles sont les erreurs que vous devez éviter ?

Je le pense bien. Mais il y a une grande incertitude. Le grand public doit bien réagir à la nature et à l’authenticité en tant que valeur essentielle. Si vous pouvez vous balancer dans les airs sur une tour” à la Walibi “, vous avez plus de certitude d’avoir des visiteurs. Mais je crois réellement qu’ils reviendront plus souvent si nous le faisons à notre manière.

La logistique est-elle un point d’attention ?

Les 10 doigrs d’Alychlo

La société d’investissement familiale de Marc Coucke est impliquée dans 10 sociétés, outre Waterland, Volta Ventures et MDxHealth.

1. Bouwgroep Versluys (50 %)

2. DROIA (participation non connue)

3. Ecuphar (participation non connue)

4. Fagron (14,8 %)

5. MiDiagnostics (intérêt important)6. Mithra Pharmaceuticals (16,5 %)

7. Pairi Daiza (100 % avec Eric Domb)

8. Pharco Innovations (majorité)

9. Sophia Genetics (participation non connue)

10. La Petite Merveille (50 %)

C’est crucial, tout le monde s’en préoccupe. La mobilité est actuellement plutôt mauvaise à Durbuy. Il y a beaucoup à faire sur ce point. Les voitures doivent pouvoir rester à un endroit. Par conséquent, à côté des terrains de parking en dehors du centre, il faudrait pouvoir installer un téléphérique à partir de là et jusqu’à l’Ourthe, à 300 mètres du centre. Cela peut aussi se faire avec des petit trains électriques, mais je préférerais le faire avec un téléphérique. Nous aurions dans ce cas d’emblée une attraction touristique supplémentaire.

Tous les investissements se font maintenant par Alychlo ?

Non. Bart Maerten, qui s’occupe de l’administration quotidienne, a apporté La Petite Merveille, ce qui est tout de même déjà une société avec 200.000 visiteurs et beaucoup de terres. Mais une grande partie des investissements se fait par Alychlo. Nous avons tenu à trouver un système qui convienne à tout le monde, en tenant compte du fait que Bart ne peut pas faire ces lourds investissements sans que cela me rende dominant et qu’il se sent mal à l’aise avec cela. C’est très bien établi contractuellement. Cette convention d’actionnariat est un gros volume dans lequel tout est décrit, pour se protéger mutuellement, de telle sorte que je ne puisse pas soudainement abuser de ma situation dominante et lui qu’il ne se retrouve pas soudainement dans les problèmes.

Après la période de démarrage, devrez-vous encore y investir beaucoup de temps ?

C’est quasi certain. Je suis ici presque chaque semaine, seul, en famille ou avec des amis, et je vais continuer à venir régulièrement. La réflexion se poursuit. Nous avions déjà un hôtel-restaurant ici, LPM Grill, mais nous avons maintenant aussi acquis l’hôtel-restaurant Jean de Bohème dans le vieux Durbuy. Combien de chambres y aura-t-il ? Avec un restaurant étoilé ou pas ? La vision est définie, mais il faut maintenant la mettre en oeuvre et nous espérons que les gens viendront.

L’aspect nostalgie de la jeunesse joue apparemment un rôle important dans cet investissement ?

Oh oui. Mais vous savez que la puberté dure très longtemps !

Propos recueillis par Bert Lauwers.

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