Machine à cash-flows

Après le groupe brésilien Vale, Rio Tinto est le deuxième exportateur de minerai de fer. Rio produit en revanche, et à faible coût, des minerais de grande qualité (à teneur plus élevée en fer). Cette année, le groupe est devenu une véritable machine à liquidités depuis la hausse du prix du minerai de fer. Le bénéfice sous-jacent de Rio Tinto a progressé au premier semestre à 3,94 milliards de dollars. C’est 152 % de plus qu’au cours de la même période un an plus tôt, mais inférieur au consensus à 4,2 milliards de dollars. La division Minerai de fer fournit 3,26 milliards de dollars, soit un peu plus de 80 % du bénéfice sous-jacent. Au premier semestre, Rio Tinto a perçu en moyenne 67,8 dollars par tonne de minerai de fer vendue, soit 26 % de plus qu’au cours de la même période un an plus tôt. Avec une marge de 69 % sur le bénéfice opérationnel, la division est également de loin la plus rentable. L’aluminium et le charbon de bois ont plus légèrement contribué au bénéfice du groupe. Et la division Cuivre fut pour sa part légèrement déficitaire, en raison des investissements dans Oyu Tolgoi (cuivre et or), en Mongolie.
Six mois plus tôt que prévu, le groupe a réussi à réduire de 2 milliards de dollars ses coûts. La dette aussi a pu être allégée, à 7,57 milliards de dollars (9,59 milliards fin 2016). En conséquence, le taux d’endettement (gearing) a reculé à 13 %. Le sort de Rio Tinto est donc étroitement lié à celui du cours du minerai de fer. Durant l’été, ce dernier a progressé de 55 dollars par tonne en juin à près de 80 dollars fin août. Le mois dernier, il a ensuite reculé de 21 % – son plus mauvais mois depuis mai 2016. Ce qui n’a pas empêché les grands groupes producteurs de minerai de fer (Rio, BHP Billiton, Vale, Fortescue) d’investir dans l’accroissement de leurs capacités. Le mois dernier, Rio a inauguré la mine Silvergrass, un investissement de 338 millions de dollars. Cette année, il a investi 100 millions de dollars supplémentaires dans le remplacement des mines épuisées. Bonne nouvelle pour le groupe, la Chine va avoir besoin d’acier de plus grande qualité, car les normes environnementales plus strictes ont coûté leur licence d’exploitation à un tiers des mines.
La politique de dividende de Rio Tinto consiste depuis 2016 à redistribuer 40 à 60 % du bénéfice sous-jacent. Le 21 septembre, le groupe a versé un dividende intermédiaire de 1,1 dollar, bien plus que les 45 centimes de dollar de l’année précédente. Un milliard de dollars de plus ont également été prévus pour le rachat d’actions propres, en sus des 500 millions prévus en février. Ce montant a été augmenté encore de 2,5 milliards de dollars après la vente de Coal&Allied au groupe chinois Yancoal. Cette transaction a livré 2,69 milliards de dollars, qui retournent donc presque intégralement aux actionnaires. Le versement total représente donc 75 % du bénéfice du groupe.
Conclusion
La sensible baisse du prix du minerai de fer le mois dernier ne s’est pas encore traduite par une correction nette du titre. Le rachat massif d’actions propres (pour 4 milliards de dollars !) n’y est sans doute pas étranger, de même que les marges élevées. Et la valorisation de Rio Tinto est relativement faible. Nous nous attendons à une consolidation du titre – que nous préférons à celui de BHP Billiton.
Conseil : conserver/attendre
Risque : moyen
Rating : 2B
Paru sur initiedelabourse.be le 11 octobre
Les actionnaires reçoivent 75 % du bénéfice du groupe.
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