” Lorsqu’on commence à donner des conseils, c’est qu’on devient vieux. “

Voici près de sept ans que le Brugeois Paul Depuydt est devenu CFO du très discret géant campinois des plastiques, Ravago.

Paul Depuydt, ingénieur commercial, débute sa carrière en 1988 à Lille, chez Rank Xerox. Trois ans plus tard, il devient analyste financier senior chez Alcatel en Belgique. Après avoir passé quelques années au siège central d’Alcatel à Paris, il occupe en 2004 le poste de CEO d’Alcatel-Lucent Bell. Début 2009, alors que la crise économique bat son plein, il endosse le rôle de président de la fédération professionnelle Agoria. Il doit cependant déjà passer le flambeau au printemps 2010 car il fait son entrée chez Ravago, un groupe familial qui pèse des milliards.

Ce groupe, dont le siège est établi à Arendonk, compte 230 bureaux, 30 usines et plus de 5.500 travailleurs. Il est spécialisé dans la production, le recyclage, la composition et la distribution de plastiques. Paul Depuydt, alors âgé de 51 ans, y débute comme chief administration officer, mais après quelques mois déjà, il est nommé CFO et COO.

” Ce qui est intéressant, c’est qu’il s’agit d’un rôle à la fois financier et opérationnel. Il associe la chaîne d’approvisionnement, un peu de fabrication ainsi que des responsabilités financières et administratives. J’apprécie d’être impliqué dans beaucoup d’aspects. Ma carrière évolue comme l’entreprise : elle croît. Il convient de s’entourer des bonnes personnes et de placer les bonnes personnes aux bons endroits “, affirme Paul Depuydt, qui gère un département financier comptant 200 à 300 collaborateurs répartis dans le monde entier. ” Souvent, il s’agit de personnes qui sont plus spécialisées dans leur domaine que je ne le suis et qui voient certaines choses que je ne pourrais jamais voir. C’est de là que viennent les idées sur lesquelles on se base pour décider de changer ou de laisser évoluer. Le rôle de CFO, c’est aussi contribuer à faire bouger les choses et veiller à ce que les moyens et la motivation nécessaires soient présents. ” Et l’on peut dire que cette stratégie lui a manifestement réussi ces dernières années. ” Vous savez que la discrétion est de mise chez Ravago, mais l’entreprise va bien. Cela ne fait que renforcer la motivation. ” Le fait que Paul Depuydt ait également été CEO dans sa vie professionnelle antérieure présente des avantages. ” Grâce à cette expérience, je peux partiellement me représenter les problèmes et défis du groupe, ainsi que du CEO, et il y a certaines disciplines que je maîtrise plus rapidement. ”

Paul Depuydt n’a jamais eu de modèle. ” Je ne veux copier personne. Il y a, certes, des personnes qui m’ont donné confiance en moi et qui m’ont fait prendre conscience de certaines qualités, avant que je les observe moi-même. Je n’ai jamais véritablement reçu de conseils mais certaines personnes m’ont encouragé à toujours continuer. C’est typique de l’environnement dans lequel je travaille maintenant. La devise ici, c’est ‘amuse-toi ! ‘ Le reste suivra et nous ferons du bon travail “, confie Paul Depuydt qui, lui-même, n’ose pas conseiller ses collègues CFO. ” Lorsqu’on commence à donner des conseils, c’est qu’on devient vieux. ”

Ravago est active à l’échelle mondiale, ce qui signifie concrètement que Paul Depuydt passe la moitié de sa vie professionnelle à l’étranger. Lorsque nous évoquons la difficulté du job du fait de ces nombreux déplacements, ce père de deux enfants répond par une question rhétorique : ” Qui a dit que ce job était difficile ? Ce n’est pas comme ça que je le ressens en tout cas. Ce job me donne plus d’énergie qu’il ne m’en coûte “. Paul Depuydt est du reste un fan de sport et ça l’aide : ” Il faut prendre soin de soi. Je tiens à me maintenir en bonne condition physique parce que ça me plaît et que ça me fait du bien. Même en voyage, rien ne vous empêche de vous libérer une heure pour faire un peu de sport “, conclut-il.

Bert Lauwers

“Je ne veux copier personne. ” Paul Depuydt