La victoire au premier tour d’Emmanuel Macron a été saluée par la plupart des Bourses européennes (lire aussi en page 115). Il faut dire que les investisseurs craignaient un duel final entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, deux candidats anti-européens. L’arrivée d’Emmanuel Macron au second tour les a rassurés, même si le scénario idéal pour les marchés financiers aurait été un duel entre ce dernier et François Fillon.
Emmanuel Macron a réussi son pari avec un peu d’audace et, au final, beaucoup de chance. Il ne faudrait cependant pas que cette chance l’aveugle : non seulement son discours de victoire n’a pas été à la hauteur des attentes mais en plus, il a commis une faute de goût en organisant un dîner entre amis à la Rotonde. Même si la carte de cette brasserie parisienne n’est pas hors de prix, elle a fait penser au dîner de Sarkozy au Fouquet’s. Surtout, elle a donné l’impression qu’Emmanuel Macron était déjà convaincu d’avoir gagné le second tour…
Or, justement, s’il gagne, le leader d’En Marche ! va probablement hériter d’un pays ingouvernable. D’abord parce que selon le décompte des voix, 45 % des votants sont motivés par la peur et la colère (ça fait beaucoup de monde à apaiser). Ensuite, parce que la population risque d’être divisée en deux : la France des villes, avec ses populations urbaines et plus cosmopolites, a voté pour Macron, tandis que la France rurale, plus pauvre, a soutenu massivement Le Pen. Ajoutons une différence d’attitude entre les deux camps : l’un se définit comme optimiste tandis que l’autre exprime sa peur. Enfin, Jean-Luc Mélenchon, fort de ses 450.000 membres adhérents, a – pour le moment – refusé de soutenir Emmanuel Macron au second tour et a promis un troisième tour social. Bref, tout cela augure des manifestations et autres grèves pour contrer les éventuelles réformes que voudrait mettre en place le nouveau gouvernement…
Amid Faljaoui