Et si derrière la crise du coronavirus se profilait une crise du régime communiste chinois ? La question est posée aujourd’hui par les diplomates du monde entier. Même la population chinoise s’interroge, si l’on en croit le contenu des réseaux sociaux locaux. Actuellement, le nombre de victimes du coronavirus a dépassé celui de l’épidémie de SRAS en 2003. Je rappelle à nos plus jeunes lecteurs que l’épidémie de SRAS avait également pour foyer la Chine. S’il y a plus de morts en 2020 qu’en 2003, cela signifie qu’en 17 ans, le régime chinois n’a fait aucun progrès en matière de santé publique. Le monde entier s’en rend compte en direct, au fil du décompte macabre des victimes. Hélas, pour le parti communiste chinois (PCC), sa population est aussi au courant. Et la crise sanitaire se transforme en crise politique.
Le coronavirus a servi en quelque sorte de radiographie mondiale et instantanée.
L’histoire récente montre que la crédibilité du PCC s’est édifiée sur l’économie et la sortie de la misère d’une bonne partie des Chinois en une seule génération. La population a accepté d’obéir sans broncher car les résultats étaient patents. Mais la mauvaise gestion de cette crise du coronavirus ébranle la crédibilité du parti. Pire encore, les experts comparent cet ” accident ” sanitaire à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986 en Union soviétique. Mais quelle ressemblance peut avoir une épidémie avec l’explosion d’une centrale nucléaire ? Dans les deux cas, ce sont des régimes totalitaires qui ont géré ces crises. En URSS, Mikhaïl Gorbatchev, le président de l’époque, avait séduit les Occidentaux avec sa politique de transparence ( glasnost). En réalité, celle-ci restait théorique car il aura fallu attendre 10 jours avant que le régime ne confirme l’accident nucléaire. Et encore, c’est parce qu’il avait été détecté par les services secrets étrangers.
Le lien entre l’URSS de 1986 et la Chine de 2020 coule de source : nous sommes face à des régimes qui ne jouent pas la carte de la transparence. Les autorités chinoises ont été sourdes aux alertes d’un risque d’épidémie lancées en décembre dernier, intimant même l’ordre aux lanceurs d’alerte de se taire. Au final, la Chine et le monde ont perdu sept précieuses semaines et 11 millions de personnes – les habitants de la ville de Wuhan – sont aujourd’hui en quarantaine.
Mais ce n’est pas tout : les chiffres officiels chinois évoquent plus de 1.000 morts (au moment d’écrire ces lignes), mais selon d’autres sources, ce chiffre serait fortement sous-évalué. Bien entendu, les autorités chinoises ne sont pas restées les bras croisés. La Chine a montré au monde entier qu’elle pouvait construire un hôpital en 10 jours à peine ! Mais nous sommes plus dans le registre de la propagande qu’autre chose. C’est une manière pour le président à vie de reprendre le contrôle du ” roman national “. Rien d’autre. Par ailleurs, la Chine a beau se gargariser d’être la deuxième puissance économique mondiale, les images en provenance du pays montrent plutôt un état de délabrement digne d’un pays du tiers monde. Pour ajouter à l’insulte, la Chine est aujourd’hui mise en quarantaine par le reste de la planète. Avouez que comme image de puissance, ce n’est pas terrible. Le coronavirus a servi en quelque sorte de radiographie mondiale et instantanée.
Les autorités chinoises ont mis longtemps en avant leur croissance insolente, leur production démentielle, leurs excédents commerciaux, etc. Mais la Chine d’en haut a juste ” oublié ” de nous dire qu’en matière de services de santé, c’était encore le Moyen Age. Mes confrères du Figaro rappellent à juste titre que ” l’état déplorable du système de santé chinois est l’une des causes de la virulence du virus “. Au point qu’aujourd’hui, l’horrible expression de ” péril jaune ” est de retour. Les historiens le savent : l’accident de Tchernobyl et la chute du cours du baril de pétrole ont accéléré l’implosion de l’URSS. Les plus optimistes pensent que le coronavirus aura le même effet sur le régime communiste chinois.
Qu’il soit permis d’en douter. D’abord, parce que le pays est vaste et fragmenté. Et les Chinois ont pris l’habitude de s’en prendre au gouvernement local plutôt qu’à Pékin. Et puis comparaison n’est pas raison : selon les experts, le président chinois actuel ressemble plus à Léonid Brejnev qu’à Mikhaïl Gorbatchev. En clair, épidémie ou pas, s’il s’est battu pour être nommé président à vie, ce n’est pas pour lâcher son pouvoir à la première tornade. A l’instar de Léonid Brejnev, il ne se gênera pas pour mater toute forme de rébellion. Les jeunes de Hong Kong peuvent en témoigner.