Le musée franchisé, un fait banalisé

C’était il y a 10 ans et l’affaire fit grand bruit. En 2007, un accord intergouvernemental révéla le projet d’exporter le savoir-faire muséal français aux Emirats. Le Louvre Abou Dhabi était né. En transformant le Louvre en une marque à part entière, moyennant un chèque de 400 millions d’euros, Paris ne faisait rien d’autre que ce que New York et la Fondation Guggenheim avait inauguré en 1997, à Bilbao.

En France, où l’art et l’argent ne font pas toujours bon ménage, la nouvelle engendra un véritable séisme qui mobilisa historiens de l’art et conservateurs unis pour dénoncer la marchandisation du patrimoine. En 2006, la célèbre institution s’était pourtant déjà essayée, discrètement, à l’exercice. Le Louvre Atlanta, né d’un partenariat avec le musée de Géorgie, fut un premier pas vers le franchising. L’opération, sponsorisée par Coca-Cola, rapporta 6,6 millions de dollars au musée parisien qui n’en fit pas grand étalage. La collaboration avec Atlanta, qui n’était pas destinée à s’éterniser, prit fin en 2009.

Depuis, les esprits se sont calmés et la polémique sur la franchise des musées – parfois appelée, pudiquement, décentralisation – n’est plus un sujet de discorde. Il faut dire qu’en une décennie, les mentalités ont changé. Le Louvre Lens a été inauguré en 2012 sans susciter la moindre levée de boucliers, deux ans après le baptême heureux du Centre Pompidou-Metz. Quant au Centre Pompidou de Bruxelles, qui verra le jour d’ici à 2020 dans les anciens ateliers Citroën et qui espère attirer 1 million de visiteurs, l’initiative n’est pas envisagée comme un fardeau mais comme un aubaine pour la région.

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