Marque de prestige dédiée à l’écriture et, depuis 1997, également à l’horlogerie, Montblanc s’est assigné la tâche de soutenir de jeunes artistes à travers le monde mais aussi divers mécènes. Un engagement culturel qui va bien au-delà de l’effet de mode puisque la Fondation Montblanc existe déjà depuis plus de 20 ans.
Chaque année, Montblanc honore des mécènes et leurs projets dans douze pays du monde – dont la France, l’Allemagne, le Japon, les Etats-Unis, le Mexique et l’Espagne. Et récompense des artistes issus de la planète entière. Une diversité à laquelle veille et oeuvre la Fondation Montblanc dirigée par Violante Avogadro di Vigliano qui est aussi directrice internationale des relations publiques et de presse pour Montblanc International.
Comment cette fondation qui prône le mécénat pour les arts peut-elle se définir?
VIOLANTE AVOGADRO DI VIGLIANO: “Elle a été créée en 1992 à Hambourg et soutient les projets de jeunes artistes dans des domaines variés. Mais l’une de ses réalisations les plus prestigieuses est le Prix Montblanc de la Culture, créé pour encourager et pérenniser le travail des mécènes à travers le monde. Douze pays sont représentés, et ce depuis la création de la Fondation. Le soutien aux artistes va de pair avec le soutien au mécénat. Cela constitue le fondement même de notre projet. Grâce aux mécènes, certains grands artistes méconnus se voient encouragés”.
En Allemagne, nos employés possèdent une carte de réduction sur l’entrée de tous les musées de la ville.
Comment fonctionne ce prix?
“Chaque pays propose une liste de nominés – des personnalités exemplaires en matière de mécénat. Un jury international comprenant une quarantaine de participants vote pour le lauréat de chaque pays, et chaque fondation se voit récompensée par une somme d’argent lui permettant de mener à bien un projet particulier. La récompense peut tout cibler tant une fondation reconnue qu’une organisation débutante. En 2013, le lauréat français a été la Fondation de Coubertin, qui a pu ainsi reconstruire, dans l’un des espaces accueillant les artistes en résidence, une verrière endommagée par une tempête.”
Et comment se passe le soutien aux artistes? Ecartez-vous ceux bénéficiant déjà du soutien d’autres fondations pour ne choisir que de nouveaux talents?
“Il n’y a pas d’exclusive. Il existe un comité extérieur, comprenant quatre personnalités internationales – dont le directeur du Musée d’art contemporain de Denver et celui du Musée Ludwig de Cologne – qui nous aide à sélectionner différents talents. Certains artistes viennent vers nous spontanément, d’autres sont découverts par notre vaste réseau d’experts. En fin d’année, le comité en désigne entre quatre et six. Outre un soutien sur la durée, nous leur offrons une visibilité. Et nous leur commandons une oeuvre qui fera partie de nos collections, lesquelles comportent aujourd’hui plus de 200 créations. La majorité de la collection se trouve à Hambourg. Les autres oeuvres se répartissant entre nos différentes manufactures en Suisse et à Florence, nos ateliers d’artisans ou nos bureaux. Et ce, afin que le personnel de Montblanc puisse également en bénéficier. Mettre en avant de nouveaux talents et défendre l’art et la culture se trouve au coeur de nos préoccupations. Nos employés en Allemagne possèdent d’ailleurs une carte de réduction sur l’entrée de tous les musées de la ville. Il s’agit véritablement d’une philosophie d’entreprise.”

Quelques coups de coeur à épingler?
“Nous avons travaillé avec des artistes tels que Tom Sachs, Jean-Marc Bustamante ou David LaChapelle il y a plus de 15 ans. De belles découvertes. Chaque année réserve son lot de surprises. Lorsque nous sélectionnons un artiste et lui commandons une oeuvre, nous n’imposons aucune contrainte de format, de style ou de matériau. En revanche, elle doit inclure l’emblème de Montblanc. De manière très subtile ou plus ostentatoire, c’est fonction de l’artiste. Les oeuvres sont exposées dans plusieurs de nos boutiques – Montblanc en compte 500 dans le monde – durant deux mois. Un panneau y explique qui est l’artiste et quelle est sa démarche. Ces créations sont donc visibles sur les artères internationales les plus importantes – Madison Avenue à New York, les Champs-Elysées à Paris, l’avenue Louise à Bruxelles. Et elles figurent dans nos catalogues qui sont distribués à la presse du monde entier et lors de nos événements – des informations également relayées sur notre site et les réseaux sociaux. Par ailleurs ces artistes participent à différentes expositions et salons d’art dans le monde. C’est d’ailleurs via eux et par le biais de divers galeristes que nous avons l’opportunité de découvrir de nouveaux talents.”
On ne sait si les gens seront encore capables de prendre le temps de s’arrêter devant une peinture, mais ils auront toujours besoin d’art.
Qu’est-ce qui vous semble primordial pour définir au mieux le travail de la Fondation?
“L’idée que notre démarche provoque une émotion auprès du public. Interpeller, faire connaître, transmettre sont autant de missions qui nous sont chères. Ainsi, nous travaillons avec l’UNICEF pour amener la culture et l’instruction aux plus défavorisés. Durant 12 ans, nous avons décerné le Prix Montblanc destiné à soutenir de jeunes musiciens internationaux. Nous avons arrêté il y a peu, la Fondation ayant décidé de se recentrer sur l’art contemporain – arts plastiques, photographie, vidéo, installations… En 2013, lors de l’intronisation du nouveau président et du nouveau comité directeur, nous nous sommes interrogés sur ce que la fondation représentait dans l’esprit du public, de nos employés et de notre clientèle. La mission de la Fondation est de défendre la culture à travers les arts. Et ces formes d’art en lien avec l’écriture – l’ADN de Montblanc – peuvent être multiples: le trait pour un dessinateur, les mots pour un scénariste ou un réalisateur… Une partie de nos budgets globaux est dédiée à la réalisation des catalogues, à la restauration de certaines oeuvres. Et une part des bénéfices de certains stylos revient à la Fondation.”
Montblanc reste, dans l’esprit du public, synonyme d’instruments d’écriture, bien avant les montres et les accessoires.
“Bien sûr. La maison Montblanc est née, en 1906, de la volonté de pionniers qui conçurent le stylo à réservoir d’encre. Cette symbolique reste présente dans notre communication. Ainsi, l’une de nos montres porte l’appellation Nicolas Rieussec, tout simplement parce qu’elle est inspirée de l’instrument de calcul du temps écoulé, basé sur le parcours d’une goutte d’encre, que cet homme inventa (voir encadré).”
Aujourd’hui, une grande marque de luxe se doit de s’engager en matière de philanthropie. Comment le faire avec le plus de sincérité possible?
“La démarche paraît désormais incontournable, en effet. Chaque marque doit opter pour l’engagement qui lui correspond le mieux. Il serait ridicule qu’après avoir soutenu le droit à l’éducation et la lutte contre l’illettrisme, Montblanc devienne demain le sponsor officiel de la ligue de football. Il faut rester cohérent. La Fondation existe depuis plus de 20 ans. Ce n’est pas négligeable. L’art fait partie des fondements essentiels d’une société, il permet de porter un autre regard sur le monde. Et Montblanc contribue à le rendre accessible à tous, lors de ses multiples événements.”

L’art contemporain atteint actuellement des cotes incroyables et le marché de l’art se porte on ne peut mieux. Comment analysez-vous cela?
“Je pense que ce marché va continuer à s’emballer, notamment avec la photographie, qui devient un art excessivement prisé. Nous vivons dans un monde et une époque tourmentés mais où chacun peut s’exprimer via Internet et les réseaux sociaux – Instagram, Pinterest… Partout, l’image domine. Les gens seront-ils encore capables, à terme, de prendre le temps de s’arrêter devant une peinture, un dessin, ou tout va-t-il continuer à s’accélérer? Je n’ai pas la réponse mais je suis convaincue que l’on aura toujours besoin d’art. Sous toutes ses formes.”
Quels sont les projets de la Fondation?
“D’ici la fin de l’année, elle aura un nouveau président – je reste pour ma part directrice – et un nouveau Curatorium (NDLR: comité exécutif). Cette fois, il s’agira personnes de nationalités diverses, directement liées au domaine de l’art contemporain et désireuses d’aller de l’avant.”
TEXTE MORGANE LEVENEZ