C’est fait ! Bryson DeChambeau a remporté le premier tournoi du Grand Chelem de sa carrière. Et en s’adjugeant cet US Open 2020, le champion américain a fait entrer le golf dans une nouvelle dimension, mélange d’analyse scientifique et de puissance physique.
Il fut une époque où, pour remporter un Major, il était essentiel de faire preuve de précision et de toucher un maximum de fairways. C’était la signature des ténors. DeChambeau symbolise une nouvelle façon de jouer. S’appuyant sur sa phénoménale force de frappe, le Californien adopte une stratégie hyper-offensive. Il sort son driver à la moindre occasion, frappe à plus de 320 mètres et trouve des trajectoires improbables. Bref, il transforme tous les paramètres historiques. En général, il touche les greens des par 5 en deux coups. Et il prend également des risques insensés sur les par 4, quitte parfois à se retrouver dans le rough ou dans un bunker. Et tout cela n’a rien d’improvisé. ” C’est une tactique à laquelle j’ai beaucoup réfléchi et qui, statistiquement, porte ses fruits. Pour moi, mieux vaut être dans le rough à 100 mètres du drapeau que sur le fairway à 160 mètres “, résume-t-il. D’autant qu’à sa puissance naturelle, il ajoute un petit jeu remarquable et un putting de métronome.
Licencié en physique, passionné de mathématiques, DeChambeau est un golfeur complètement atypique, un tantinet mégalo. Il joue avec des fers de longueur identique (pour faciliter le swing mécanique et répétitif) et analyse chaque coup selon une méthodologie très pointue qui en fait un des joueurs les plus lents du circuit. C’est à peine s’il ne consulte pas un ordinateur sur les fairways ! Et, à cette approche scientifique, il ajoute désormais une préparation physique sur-vitaminée très inhabituelle dans son sport. Voilà plusieurs mois qu’il passe ses journées dans les salles de fitness. Résultat : 108 kilos de muscles et un swing d’une rare violence mais aussi d’une incroyable efficacité.
Il a, en tout cas, été le seul à terminer sous le par (- 6) lors de cet US Open 2020, signant une véritable démonstration. Dieu sait pourtant si le parcours du Winged Foot GC (par 70 de 6.700 m), étroit et balisé par le rough, recélait tous les pièges. Mais ” The Scientist ” (c’est son surnom ) a tout maîtrisé. Y compris des greens aussi rapides que la glace. Sa démonstration ne convaincra sans doute pas les puristes, adeptes d’un style plus classique et moins robotisé. Mais le fait que le jeune Matthew Wolff (22 ans), qui use exactement de la même stratégie que Dechambeau, ait terminé deuxième en dit long sur l’évolution et les priorités du golf moderne.