La guerre de Mainou
Dans “Le Guerrier de porcelaine”, le Français Mathias Malzieu se glisse dans la peau de son père âgé de neuf ans pour un roman de passage à la fois émouvant, tendre, drôle et beau.
Il y a des cinéastes qui filment à hauteur d’enfant. Dans Le Guerrier de porcelaine, Mathias Malzieu écrit à hauteur de môme. Un môme séparé de son père et qui va devoir faire le douloureux deuil de sa maman, dans des circonstances qui ne vont pas l’y aider. Parce que nous sommes en France et en 1944. Et que petit Mainou, surnom de Germain, doit quitter la zone libre pour être envoyé en zone occupée. Pire: en Lorraine, territoire annexé par l’Allemagne, où il est interdit de parler le français. C’est là que vit sa grand-mère, qui va le cacher dans la cave de sa maison en attendant la fin de la guerre et le retour de son père. En espérant que celui-ci ne soit pas tué au combat…
Leader du groupe de rock Dionysos, Mathias Malzieu est aussi écrivain et cinéaste. Pour son dernier roman, il raconte une année de la vie de son père dans une oeuvre où la poésie de l’auteur et les mots d’enfant se mélangent dans un style qui donne à son héros de presque 10 ans à la fois les naïvetés de son âge et une forme de maturité avant l’heure. Mais Le Guerrier de porcelaine n’est pas qu’un récit de passage. C’est aussi et peut-être surtout un roman sur l’importance de l’imaginaire quand on a tout perdu, y compris l’espoir. Au fil des lignes, on découvre une cigogne qui s’appelle Marlene Dietrich, un hérisson baptisé Jean Gabin, une tante bigote, une amie juive de la maman et qui se cache aussi, un soldat allemand qui aime les bonbons et collabore avec les gentils et un oncle, Emile, qui délivre à Mainou ce genre de conseil: “Il y a un passage secret dans ton cerveau qui mène directement à ton coeur. Pour l’emprunter, il va falloir muscler ton imagination”. C’est la fin de l’enfance mais aussi le début du reste de l’histoire. C’est simplement émouvant, tendre, drôle et beau.
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