David Vann, auteur du fabuleux Sukkwan Island (prix Médicis étranger 2010) revient en français avec ce Komodo. Comme dans le livre qui a fait son succès en francophonie, l’Américain fait lentement monter la tension dans un univers au goût de paradis perdu. Ici, nous ne sommes plus dans les paysages rudes de l’Alaska, mais au fond d’une mer incroyable au bord de l’île indonésienne qui a donné son titre à l’ouvrage. Tout se déroule entre la nature sous-marine à la fois magnifique et dangereuse et la relation électrique entre Tracy et son frère Roy. La première, mère de famille débordée et malheureuse, prend ses premières vacances en cinq ans pour rejoindre le second, écrivain fauché et divorcé qui tente de se reconstruire en apprenant la plongée. La narration du point de vue de la soeur nous fait découvrir une femme en prise avec ses contradictions et sa colère: “Peut-être que la famille est un immense sac à merde qui se balance dans le vent, et qu’on s’en sert de pinata avant de reculer pour ne pas être éclaboussé quand elle éclate”. Une colère qui la mènera… vers ses propres abysses et une fin dont on ne vous dévoilera rien…
David Vann, Komodo, Gallmeister, 304 pages, 22,80 euros.