JO: la galère des médailles belges va-t-elle durer et est-elle révélatrice?
Après les deux médailles en cyclisme, c’est la soupe à la grimace pour les Belges à Paris, alors que la France pavoise. Ce n’est pas fini, on peut encore espérer, mais n’est-ce pas le signe d’un manque d’ambition et de moyens?
Tout avait si bien commencé. Les deux médailles, or et bronze, de Remco Evenepoel et Wout Van Aert, devaient sonner l’amorce d’une avalanche pour les sportifs belges aux Jeux olympiques de Paris. Jean-Michel Saive, président du COIB, avait accueilli avec beaucoup d’espoir ce début en fanfare. “D’autant que nos souverains étaient présents sur la ligne d’arrivée, se félicitait-il. Et que l’on stressait en raison de la route détrempée et très glissante.” Mais depuis, plus rien. Et s’il est certes un peu tôt pour tirer des conclusions, quelle différence avec l’euphorique qui s’est emparée de nos voisins français.
De déception en déception
Depuis ces deux premières médailles, on va de déception en déception. Le même Jean-Michel Saive se félicitait pourtant que notre délégation, forte de 165 athlètes, est la plus importante depuis les Jeux de 1928. Le programme d’accompagnement des athlètes sur la route des médailles porte ses fruits. Mais au bout du compte, il manque ce petit quelque chose susceptible de confirmer l’essai.
Les Belgian Cats, en basket, ont démarré les Jeux par une défaite décevante contre l’Allemagne. En judo, notre numéro un mondial, Matthias Casse, faisait peine à voir après de désillusion, une défaite subie par un balayage dans les derniers instants de son combat pour la médaille de bronze. Même échec en équitation, en tennis, au triathlon, ou a judo, encore. Comme s’il manquait un petit quelque chose…
Bien sûr, ce n’est pas fini. La gymnaste Nina Derwael a provoqué de belles émotions en atteignant la finale aux barres asymétriques, même si l’or de Tokyo semble inatteignable après ses blessures. Nos hockeyeuses et hockeyeurs tiennent leur rang. Nos cyclistes reviendront sur route. Les athlètes Nafissatou Thiam et les coureurs vont nous faire rêver. Oui, le record de sept médailles atteint à Tokyo peut encore être égalé – voire dépassé. Mais ne fait-on pas preuve d’un manque d’ambition, au fond?
Un triple révélateur
Personne ne crie au scandale, pour l’instant, et les faits démentiront peut-être ce texte. Mais quel contraste avec l’euphorie de nos voisins français qui en sont déjà à vingt médailles ou avec l’abnégation féconde des pays asiatiques!
En regardant ces images dans les plus beaux décors du monde, on ne peut s’empêcher de penser à trois constats, réitérés d’un édition à l’autre.
Premièrement, la culture du sport reste déficiente dans notre pays avec une présence bien trop timorée dans les écoles, les universités et dans nos vies en général. La quête de l’exploit ou la capacité à se dépasser n’est pas cultivée dès le plus jeune âge.
Deuxièmement, les infrastructures restent en-dessous des standards requis. Bien sûr, une prestigieuse piste “indooor” d’athlétisme a vu le jour à Louvain-La-Neuve, mais où reste notre Stade national tant attendu? Peut-on espérer des infrastructures gratuites ouvertes à tous?
Troisièmement, notre état d’esprit n’est pas assez conquérant. Trop modeste? Trop égalitaire? Trop soucieux de penser au plaisir plutôt qu’à la gagne? Ne faut-il pas y voir, là aussi, une comparaison avec le nombre trop restreint de création d’entreprises dans notre Belgique francophone?
La Flandre plus forte que la Wallonie
Car, oui, depuis les Jeux de Barcelone, les sportifs flamands ont systématiquement rapporté plus de médailles que les athlètes francophones. L’étude de Sciensano publiée en 2021, rappellait récemment L’Echo, indique que 43,4% des hommes flamands et 34.3% des femmes flamandes pratiquent au moins 150 minutes de sport par semaine (la recommandation de l’OMS). En Wallonie, seulement 28,9% des hommes et 18,8% des femmes affirment se dépenser autant. Ce taux chute à 27 et 14,7% à Bruxelles.
“On ne calcule pas le retour sur investissement en médailles obtenues“, expliquait, en son temps, Valérie Glatigny, quand elle était ministre du Sport en Fédération Wallonie-Bruxelles. Cela a-t-il vraiment changé? Et n’est-ce pas, oui, révélateur?
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