À l’heure où Washington relance sa guerre commerciale et impose de nouveaux droits de douane, Pékin entend profiter du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) pour se positionner comme le cœur d’un nouvel équilibre économique mondial. En réunissant Poutine, Modi et une vingtaine de dirigeants eurasiatiques à Tianjin, Xi Jinping veut démontrer que la Chine dispose d’un modèle alternatif de croissance et d’influence, face à l’Occident.
Le président chinois accueille ce dimanche soir à Tianjin les chefs d’État russe, indien, iranien et turc, ainsi qu’une vingtaine de dirigeants eurasiatiques, pour une réception inaugurale avant le sommet de l’OCS prévu lundi. Pékin entend transformer cette rencontre en vitrine d’un “ordre international alternatif”, au moment où les tensions douanières et géopolitiques se multiplient.
Une organisation au poids économique croissant
L’événement se tient dans un contexte de hausse des tarifs américains, de guerre en Ukraine et d’incertitudes liées au dossier nucléaire iranien. Plus que de simples résultats diplomatiques, la Chine mise sur l’effet d’image : attirer les pays en quête d’une voie de développement hors des cadres dominés par l’Occident. Dans un monde marqué par la montée du protectionnisme américain, Pékin semble vouloir montrer que la croissance peut être soutenue par des accords régionaux eurasiatiques, l’essor des nouvelles routes de la soie, et une vision multipolaire du commerce international.
L’OCS associe 10 Etats membres et 16 pays observateurs ou partenaires et représente presque la moitié de la population mondiale et 23,5% du PIB de la planète. Elle est volontiers présentée comme faisant contrepoids à l’Otan. Les rapports entre certains membres sont délicats.

Pour Pékin, cette plateforme constitue un outil stratégique afin de fédérer de nouveaux relais économiques, sécuritaires et technologiques. “Le sommet propose un ordre multilatéral modulé par la Chine et distinct de ceux dominés par les Occidentaux”, analyse Dylan Loh, professeur à la Nanyang Technological University de Singapour. “La large participation témoigne de l’influence grandissante de Pékin.”
Certains analystes n’excluent pas que l’Organisation de coopération de Shanghai serve à terme de plateforme pour un “marché commun asiatique”. Les discussions portent déjà sur des mécanismes de compensation en monnaies locales, afin de contourner le dollar et les sanctions occidentales.
Quand la diplomatie rime avec business
L’événement se tient dans un contexte de hausse des tarifs américains, de guerre en Ukraine et d’incertitudes liées au dossier nucléaire iranien. Plus que de simples résultats diplomatiques, la Chine mise sur donc l’effet d’image : attirer les pays en quête d’une voie de développement hors des cadres dominés par l’Occident. Certains analystes n’excluent pas que l’Organisation de coopération de Shanghai serve à terme de plateforme pour un “marché commun asiatique”. Les discussions portent déjà sur des mécanismes de compensation en monnaies locales, afin de contourner le dollar et les sanctions occidentales.
Derrière la mise en scène diplomatique de Tianjin, c’est bien l’économie mondiale qui se joue en filigrane. La Chine accueille ce sommet alors que les nouveaux droits de douane américains fragilisent ses exportations et l’obligent à accélérer ses alliances alternatives. Moscou, privée d’accès aux marchés occidentaux, mise sur ce forum pour écouler son pétrole et son gaz vers l’Asie, au prix d’une dépendance croissante à Pékin. La Russie écoule désormais plus de 55 % de son pétrole vers l’Asie, contre 30 % avant 2022.
L’énergie au cœur du jeu
La Russie écoule désormais plus de 55 % de son pétrole vers l’Asie, contre 30 % avant 2022.
L’Iran cherche à accélérer son intégration énergétique régionale malgré les sanctions.
L’Inde profite de rabais massifs sur le brut russe, tout en cultivant ses liens avec Washington.
Un rapprochement sino-russe sous surveillance
Arrivé dimanche, Vladimir Poutine participera aux discussions. Un peu plus de deux semaines après avoir été reçu par Donald Trump en Alaska, M. Poutine aura des discussions avec son hôte et grand allié chinois, prévues mardi à Pékin Il doit parler lundi à Tianjin du conflit en Ukraine avec son collègue turc Recep Tayyip Erdoğan et du dossier nucléaire avec son homologue iranien Massoud Pezeshkian. De nombreux alliés de Kiev soupçonnent Pékin de soutenir Moscou contre l’Ukraine. La Chine invoque la neutralité et accuse les pays occidentaux de prolonger les hostilités en armant l’Ukraine.

Poutine et un certain nombre d’autres participants assisteront également mercredi à la démonstration par leur hôte de ses capacités militaires, à la faveur d’un grandiose défilé célébrant à Pékin les 80 ans de la fin de la Deuxième Guerre mondiale et la victoire contre le Japon. Le leader nord-coréen Kim Jong Un effectuera pour l’occasion une rare sortie hors de son pays reclus, pour se tenir chez le voisin et allié chinois au côté de Xi Jinping.
Pékin en quête de leadership économique
En recevant Narendra Modi pour sa première visite en Chine depuis 2018, Xi Jinping tente aussi de réduire les tensions commerciales avec l’Inde, tout en s’assurant du soutien d’un partenaire-clé sur les chaînes d’approvisionnement et la sécurité énergétique.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Premier ministre indien se sont parlé par téléphone. M. Zelensky a dit sur les réseaux sociaux espérer que la nécessité d’une cessez-le-feu, soutenue selon lui par M. Modi, serait abordée en Chine.