Washington nie être derrière le mystérieux sabotage des gazoducs Nord Stream
Accusé par Seymour Hersh, un journaliste d’investigation américain, d’être à l’origine du spectaculaire sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en septembre, la Maison Blanche nie catégoriquement.
Dans un article publié sur la plateforme d’édition en ligne Substack, et qui a été repris par le Times et La Stampa, Seymour Hersh écrit que des plongeurs de l’US Navy, aidés par la Norvège, ont posé des explosifs sur ces gazoducs reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique en juin, les déclenchant trois mois plus tard.
Hersh écrit encore que l’opération a été déguisée “sous le couvert d’un exercice de l’OTAN largement diffusé au milieu de l’été, connu sous le nom de Baltic Operations 22 ou BALTOPS 22”, qui s’est déroulé en juin au large des côtes allemandes.
Il affirme également que la décision de Biden de saboter les pipelines “est intervenue après plus de neuf mois de planification top secrète au sein de la communauté de sécurité nationale américaine”. Toujours selon Hersh, “pendant la majeure partie de cette période, la question n’était pas de savoir s’il fallait effectuer la mission, mais comment l’effectuer sans indice manifeste de l’identité du responsable”.
Les Etats-Unis nient en bloc
Ces informations sont “totalement fausses” et relèvent de la “pure fiction”, a rétorqué Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Même écho à la CIA, où un porte-parole a assuré que l’article était “absolument faux”. Le ministère des affaires étrangères norvégien a lui aussi nié l’implication de son pays.
On ne connaît toujours pas les responsables
Depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou, les deux gazoducs ont été au coeur de tensions géopolitiques, attisées après la décision russe de couper les livraisons de gaz à l’Europe en représailles présumées contre les sanctions occidentales. Et après ces explosions, dont les images saisissantes avaient fait le tour du monde, nombre de suspects avaient été évoqués. Les pays occidentaux avaient accusé la Russie d’être responsable de ces impressionnantes fuites précédées d’explosions sous-marines, ajoutant à la colère visant Moscou après son invasion de l’Ukraine.
Hormis la Russie et les États-Unis, les noms de l’Allemagne, de l’Ukraine ou de la Pologne avaient été cités. Le président russe Vladimir Poutine avait imputé ce sabotage aux “Anglo-Saxons”. Mais les enquêtes menées par les autorités suédoises, danoises et allemandes n’ont pas encore permis de déterminer de responsabilités.
Une seule source anonyme et des relents conspirationniste
Toujours selon Seymour Hersh, qui s’appuie sur une seule source anonyme, le président américain Joe Biden avait lui-même décidé de faire exploser ces gazoducs afin de priver Moscou des revenus faramineux de ses ventes de gaz à l’Europe. Washington considérait aussi que Nord Stream 1 et 2 donnaient à la Russie un important moyen de pression sur l’Allemagne et les pays d’Europe de l’Ouest, avance Seymour Hersh. Le journaliste assure que l’idée avait été évoquée en décembre 2021, avant que le plan ne soit conçu par la CIA.
Cette accusation ne vient pas de n’importe qui puisque Seymour Hersh s’est vu décerner le prix Pulitzer en 1970 pour sa couverture de la guerre du Vietnam. Il avait notamment révélé le massacre par l’armée américaine de centaines de civils à My Lai perpétré en 1968. Cependant et, depuis quelques années, “son travail est de plus en plus controversé en raison d’une dérive “conspirationniste””, selon Le Monde. “En 2013, il accusait ainsi Washington d’avoir manipulé les informations après une attaque chimique dans la Ghouta. En 2015, il a affirmé que le raid contre le chef d’Al-Qaida n’était qu’une mascarade orchestrée par le Pakistan et les Etats-Unis”.
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