Voici cinq commandements pour que les Français s’inspirent des Belges, politiquement
Les partis veulent appliquer tout leur programme sans majorité. Le président peine à rester au-dessus de la mêlée. Les coalitions ne voient pas le jour en toute transparence. Notre voisin a encore beaucoup à apprendre de notre système.
La France se prépare à accueillir les Jeux olympiques avec un gouvernement en affaires courantes et une impasse politique. Voilà qui sonne terriblement belge. Mardi soir, le président français, Emmanuel Macron, a annoncé qu’il ne nommerait pas de Premier ministre avant la fin des JO et a balayé d’un revers de la main la candidature de Lucie Castets, laborieusement élaborée par le Nouveau Front Populaire.
C’est l’impasse. Sans majorité absolue depuis les élections législatives, notre grand voisin doit apprendre à fonctionner politiquement comme la Belgique, mais les vieux réflexes ont la dent dure. Voici cinq commandements avec lesquels nos amis Français devraient jongler pour nous copier – une fois n’est pas coutume.
1 Tout mon programme, je n’appliquerai pas
Le Nouveau Front Populaire était à peine arrivé en tête au soir des législatives que Jean-Luc Mélenchon prenait la parole pour affirmer que l’on n’appliquerait “notre programme et rien que notre programme”. Mauvais réflexe: dans un système politiques où l’absence de majorité absolue impose de faire des coalitions, des compromis sont indispensables. Le président français, Emmanuel Macron, l’a longuement rappelé en invitant les partis ayant fait barrage au Rassemblement National à pendre leurs responsabilités. Oui, le compromis à la belge, cela a parfois du bon pour débloquer un pays.
2 Des portes ouvertes, je laisserai
Lucie Castets, haute fonctionnaire de la mairie de Paris désignée par le Nouveau Front Populaire pour le poste de Première ministre, a commencé de curieuse façon son règne souhaité. “Une coalition entre la gauche et le camp présidentiel est impossible”, a-t-elle clamé lors de sa première interview. mais avec qui, alors? Le Rassemblement National ou les Républicains? “Il n’y a pas de coalition possible entre des personnes qui pensent qu’il faut financer davantage les services publics et ceux qui pensent qu’il est urgent de réduire les moyens.” En fermant la porte d’emblée, comment trouver une majorité, sauf à compter sur les voix de l’extrême droite? En Belgique, on se parle, difficilement parfois, mais on se parle.
3 Au-dessus de la mêlée, je resterai
Le président français, Emmanuel Macron, a provoqué la stupeur avec la dissolution de l’Assemblée nationale. Depuis, il appelle à la responsabilité des acteurs, entend rester au-dessus de la mêlée, mais… peine à cacher son agenda visant à maintenir son parti au pouvoir. “Emmanuel Macron, on dirait mon fils de 5 ans quand il perd au Monopoly Junior, a lancé Marine Tondelier, cheffe de file écologiste.
Il conteste les règles, en invente des nouvelles, joue sur les mots et refuse de reconnaitre qu’il perd. Tout ce qu’on apprend à un enfant de ne plus faire.” A tout le moins, le président devrait prendre l’exemple sur le Roi des Belges et… consulter les acteurs pour tester leur volonté de composer.
4 En transparence, je négocierai
Une alternative? Les Républicains ont proposé de rédiger un “pacte législatif” pour composer un gouvernement de coalition fédéré autour d’une dizaine de priorités. Ensemble, le parti présidentiel, s’est montré intéressé. Mais de là à savoir s’il s’agit d’une feuille de route sur laquelle on travaille, c’est la bouteille à encre. En Belgique, les partis annoncent leur volonté de composer une coalition et balisent leur travail en ce sens, avec des rapports réguliers présentés au Roi. La volonté est transparente même si, il faut le reconnaître, les négociations se mènent parfois à parties fermées dans des chateaux. Mais au moins, les citoyens savent dans quel sens on agit. Pour l’instant, Bart De Wever, formateur royal, planche sur une Arizona avec cinq partis. CQFD.
5 La démocratie, je respecterai
C’est le point qui paraît le plus simple et qui, en réalité, ne l’est pas forcément. En Belgique, il est apparu rapidement que les extrêmes ne respectant pas les valeurs démocratiques seraient exclues des négociations: cela vaut tant pour le Vlaams Belang que pour le PTB. En France, barrage a été fait au Rassemblement National, qui ne dispose même pas d’un poste à responsabilités au parlement, mais la France Insoumise entend toujours faire la pluie et le beau temps, polarisant le débat et cadenassant socialistes et écologistes avec l’union des gauches. Respecter la démocratie, cela signifie écouter le désir exprimé par le peuple, mais aussi encadrer cela en repoussant les désirs totalitaires. N’ya-t-il pas de cela, aussi, chez Jean-Luc Mélenchon et les siens?
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