Une constellation de satellites pour défendre l’internet en Europe
L’UE se lance enfin sérieusement dans la course à l’internet depuis l’espace avec son propre réseau haute sécurité de 170 satellites baptisé Iris 2. De quoi défendre la “souveraineté européenne pour les télécommunications” et au passage concurrencer les réseaux privés comme ceux de Musk.
L’UE se lance enfin sérieusement dans la course à l’internet depuis l’espace avec son propre réseau haute sécurité de 170 satellites baptisé Iris 2. De quoi défendre la “souveraineté européenne pour les télécommunications” et au passage concurrencer les réseaux privés comme ceux de Musk.
Iris, une constellation de satellites
Les catastrophes climatiques et la guerre en Ukraine viennent encore de démontrer l’importance capitale que peut avoir un accès sécurisé à internet depuis l’Espace. Si l’Europe ne veut pas être dépendante d’autres pays, elle se doit de construire son propre réseau de satellites.
C’est dans ce but qu’elle a lancé le projet baptisé Iris 2. Soit une future constellation de 170 satellites de l’Union européenne destinée à sécuriser l’internet et ses communications sur tout le territoire de l’UE. Le premier satellite devrait être lancé en 2014 et le réseau devrait être opérationnel à partir de 2027. Les satellites voleraient rapidement à basse altitude sur leur propre orbite. L’idée est qu’ils se relaieront en permanence le signal internet via des lasers. Le projet est évalué à 6 milliards d’euros et est financé à hauteur de 2.4 milliards par l’UE. Le reste viendrait d’entreprises privées. Soumis à des critères d’éligibilité “extrêmement stricts”, un appel d’offres sera lancé “d’ici un mois” à l’attention de l’industrie spatiale. Le projet servirait à la fois pour des fins commerciales et militaires et permettrait d’offrir un internet fiable et sécurisé partout en Europe.
Ce premier réseau de satellites multi-orbitaux en Europe, censés résister aux cyberattaques, doit permettre aux Vingt-Sept de disposer de connexions sécurisées, notamment pour un usage militaire et y compris en cas d’incapacité des infrastructures terrestres, dans un contexte de menaces de cybersécurité accrues.
“Il permettra de meilleures télécommunications pour les secours lors de catastrophes, les forces armées, ou les représentations diplomatiques à l’étranger en tout point du globe”, a souligné l’eurodéputé Renew (libéral) Christophe Grudler, rapporteur du texte. “Mais ces satellites répondront aussi aux besoins directs des citoyens européens en fournissant une connexion Internet de qualité aux zones peu couvertes par les réseaux terrestres comme les îles, les zones montagneuses, les territoires frappés par une catastrophe” et ce partout dans l’UE, a-t-il ajouté. L’UE espère s’associer avec des acteurs privés du secteur des télécoms en Europe, mais aussi en Afrique. “On est en discussion avec les trois ou quatre principaux opérateurs sur le continent africain”, a assuré M. Breton devant la presse.
Iris est aussi une réponse à des réseaux privés comme Starlink, le réseau commercial de satellites du milliardaire américain Elon Musk, qui maintient à lui seul l’internet en Ukraine dans les relais au sol ont été détruits par les bombardements russes. Le fait qu’il y ait internet presque partout en Ukraine est un vrai plus stratégique, car sans internet les Ukrainiens n’auraient pas pu tuer autant de Russes. Mais cet avantage est aussi volatile puisque Musk a aujourd’hui interdit l’utilisation des satellites Starlink à des fins militaires.
Quid de l’accès à l’Espace ?
Un autre enjeu pour le Vieux continent est d’accroître son autonomie d’accès à l’espace pour garder son leadership sur un échiquier mondial écrasé par les Etats-Unis et la montée en puissance de la Chine. Et où la compétition s’est durcie avec la révolution dite du New Space, qui voit une multiplication d’acteurs privés, l’Américain SpaceX d’Elon Musk en tête. Principal moteur de la riposte, la fusée Ariane 6, dont le report à fin 2023 du vol inaugural initialement prévu pour 2020 a pénalisé les ambitions européennes. Face à ces retards, et privée depuis la guerre en Ukraine des lanceurs russes Soyouz, l’ESA a été contrainte de se tourner vers SpaceX pour lancer deux missions scientifiques. Depuis s’est aussi lancée une course intra-européenne entre la France, l’Allemagne et l’Italie autour des mini-fusées plus flexibles que les lanceurs lourds, pour rattraper le retard sur la société d’Elon Musk. Une guerre feutrée qui risque de faire monter les tensions entre les pays membres.
Ralenti par les procédures
En réalité, cela fait plusieurs années que l’Europe est sur les rangs et a déjà lancé deux grands projets de satellites, avec Galileo, un système de navigation par satellite qui fonctionne comme son homologue GPS, et Copernicus, un réseau de satellites qui observe la terre. Mais pour des satellites à des fins de communication, elle se montre plus timorée. Ce n’est qu’après la guerre en Ukraine que sera entériné à une écrasante majorité le lancement d’Iris 2.
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