Un sommet de la honte, un Trump faible et une Ukraine acculée, lundi: sera-ce la vérité finale?

Donald Trump serre la main de Vladimir Poutine à l'issue de la conférence de presse, contrarié. © Gavriil Grigorov/TASS via ZUMA Press)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Un tapis rouge pour Poutine, des applaudissements de Trump à son encontre, pas de cessez-le-feu et une patate chaude renvoyée à l’Ukraine, avec Zelensky invité lundi à Washington pour une réunion délicate. Le scepticisme est de mise sur les résultats d’un sommet effarant. Le président américain s’est-il fait rouler dans la farine? L’Europe bientôt seule face à son destin?

Les apparences, dit-on souvent, ne trompent pas. Comment évaluer autrement le sommet Trump – Poutine comme un “sommet de la honte” largement favorable au président russe?

Il y a eu le tapis rouge, l’accueil rarement vu d’un chef d’Etat, les… applaudissements de Donald Trump pour accueillir son homologue. Un spectacle effarant à destination d’un criminel de guerre, s’il n’y avait eu ce B2 passant de la ciel pour mettre un peu de pression.

Après les deux heures et demi d’entretien, même spectacle avec un Poutine parlant en premier, bien plus longuement que Trump, le premier souriant alors que l’autre avait l’air accablé.

Si les apparences ne trompent pas, il y a de raisons de penser que le “processus de paix” promis s’annonce défavorable à l’Ukraine et aux Européens. Tandis que la Russie serait réhabilitée, du moins à Washington.

Un Trump faible

Donald Trump avait fait de ce rendez-vous une démonstration de sa force et un chemin sur la voie de son prix Nobel de la paix. Il en ressort largement critiqué aux Etats-Unis, même si ses “alliés” continuent à véhiculer un autre narratif.

Dans l’avion se rendant au en Alaska, le président américain avait annoncé qu’il souhaiterait un cessez-le-feu, faute de quoi il ne serait “pas content”. A l’issue des discussions, aucun signe de cessez-le-feu, ni dans les déclarations, ni dans les terrains.

Désormais, Donald Trump se range à la thèse du Kremlin selon laquelle il est préférable de négocier directement une “paix” dont il semble qu’elle se ferait aux conditions de la Russie.

Si rien de précis ne filtre des discussions, il semble bien que l’épure d’accord dont auraient parlé les deux présidents contient des “échanges de territoires” qui seraient surtout des concessions ukrainiennes, un état de fait.

Des “garanties de sécurité”? Le mot est évoqué, oui, mais… les Russes pourraient y être associés et ce serait “sans l’Otan”. Les “volontaires” européens, eux, préparent leur mission éventuelle, mais dans quelle condition cela pourrait-il se faire?

Une Ukraine acculée

Le prochain sommet Trump – Poutine aura-t-il lieu à… Moscou comme l’a évoqué le président russe, lors de la conférence de presse suivant les discussions? Donald Trump a dû reconnaître que cela lui causerait des critiques en interne.

La suite passe, en tout cas, par une invitation lancée au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, lundi à Washington, qu’il a acceptée avec une gratitude forcée. Car on ne peut s’empêcher de penser à cette rencontre humilitante de Zelensky à la Maison Blanche. S’agira-t-il de lui forcer la main?

Selon les experts, il resterait peu de marges pour tenter d’infléchir le cours de cette “pais durable” qui ressemble, a priori, à une “pax russia”.

Tout est-il écrit? Les concertations se poursuivent, les Européens appuient l’Ukraine et le seul espoir que Donald Trump, contrarié par ce sommet tournant à son désavantage, retrouve une forme d’autorité. C’est loin d’être gagné, tant le rétablissements des relations avec la Russie et les “deals” économiques semblent primer.

Zelensky devra être fort lundi à Washington. S’il refuse l’accord présenté, il Trump rejette sur lui la responsabilité d’un échec, l’Europe se retrouvera-t-elle seule face à son destin?

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