UE-Chine : Xi Jinping appelle à la confiance, Von der Leyen exige des “solutions concrètes”

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Lors d’un sommet à Pékin, Xi Jinping a exhorté l’Union européenne à renforcer la confiance bilatérale. Mais face au déséquilibre commercial et au soutien chinois à Moscou, Bruxelles réclame des gestes concrets.

La Chine cherche à resserrer ses liens avec le Vieux continent, et se présente comme un partenaire stable et plus fiable que les Etats-Unis de Donald Trump. Mais Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, et Antonio Costa, le président du Conseil européen, sont arrivés avec une longue liste de contentieux.

Parmi eux: un important déséquilibre commercial en défaveur de l’UE, des craintes d’inondation du marché européen par des produits chinois bon marché et subventionnés, ou le rapprochement Pékin-Moscou, vu avec suspicion sur fond d’invasion russe de l’Ukraine.

“Plus la situation internationale est grave et complexe, plus la Chine et l’UE doivent intensifier la communication, renforcer la confiance mutuelle et approfondir la coopération”, a déclaré Xi Jinping dans l’immense Palais du peuple, lieu traditionnel de réceptions diplomatiques au coeur de Pékin.

Face aux “instabilités” dans le monde, “les dirigeants chinois et européens doivent encore une fois faire preuve de clairvoyance et d’engagement, et faire le bon choix stratégique”, a-t-il souligné selon un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères.

“Pas de conflit d’intérêts”

“Les défis actuels auxquels l’Europe est confrontée ne viennent pas de la Chine”, a insisté Xi Jinping, cité par l’agence étatique Chine nouvelle.

“Il n’existe entre la Chine et l’UE pas de conflit d’intérêts ni de désaccord géopolitique fondamentaux”, a-t-il ajouté. En réponse, Ursula von der Leyen a déclaré qu’il était “essentiel que la Chine et l’Europe reconnaissent leurs préoccupations respectives et proposent des solutions concrètes”.

Elle a averti que les relations se trouvaient à un “moment charnière”. De son côté, Antonio Costa a déclaré à Xi Jinping que l’UE souhaitait voir des “progrès concrets sur les questions liées au commerce et à l’économie”.

“Nous voulons tous les deux que notre relation soit (…) mutuellement bénéfique”, a-t-il souligné.

Lors d’une réunion distincte jeudi, le Premier ministre chinois Li Qiang a lui déclaré aux deux dirigeants de l’UE qu’une “coopération étroite” entre Pékin et Bruxelles était un “choix naturel”.

“Tant que la Chine et l’UE défendront sincèrement le libre-échange, alors l’économie et le commerce internationaux resteront dynamiques”, a-t-il affirmé. Bruxelles a reconnu avant la visite que les discussions avec Xi Jinping et le Premier ministre Li Qiang pourraient être tendues.

“Nous savons que nous ne sommes pas d’accord avec la Chine sur de nombreux sujets”, a confié la semaine dernière un haut responsable européen à l’AFP.

“Mais nous pensons qu’il est essentiel d’avoir ce type d’échange très direct, ouvert et constructif, au plus haut niveau”.

En tête des préoccupations européennes: le déficit commercial abyssal avec Pékin, qui a atteint l’an dernier 357 milliards de dollars (304 milliards d’euros).

Appel sur l’Ukraine

Avant sa visite, Ursula von der Leyen a également assuré que Bruxelles demanderait à Pékin d’ouvrir davantage son marché aux entreprises européennes et d’assouplir ses restrictions à l’exportation de terres rares – stratégiques pour les technologies modernes.

L’UE a imposé de lourds droits de douane sur les véhicules électriques fabriqués en Chine, accusant les subventions étatiques chinoises de fausser la concurrence, au détriment des constructeurs européens. Pékin a répondu par des enquêtes ciblées sur les importations de porc, de cognac et de produits laitiers européens.

Sur la guerre en Ukraine, les Européens voient avec méfiance le rapprochement économique et politique Chine-Russie depuis l’invasion de 2022, estimant qu’il fournit un soutien clé à Moscou.

Antonio Costa a encore exhorté jeudi la Chine, devant Xi Jinping, à “user de son influence sur la Russie” pour mettre fin à la guerre. La semaine dernière, l’UE a adopté de nouvelles sanctions contre la Russie – ciblant notamment deux banques chinoises.

“Nous ne sommes pas naïfs”, avait déclaré à l’AFP le haut responsable européen. “Nous ne demandons pas à la Chine de couper ses liens avec la Russie mais de renforcer ses contrôles douaniers et financiers”.

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