Trump veut des taux plus bas (mais la Fed va probablement rester de marbre)

En novembre 2017, Donald Trump nommait Jerome Powell au poste de président de la Fed. Ce dernier est désormais dans le viseur du président. © BELGAIMAGE

La banque centrale américaine se réunit la semaine prochaine pour la troisième fois depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, dans un paysage économique sens dessus dessous, et sous les flèches du chef de l’Etat.

L’issue de la réunion de la Réserve fédérale (Fed), programmée mardi et mercredi, ne fait guère de doute aux yeux de l’immense majorité des acteurs de la finance. L’institution monétaire devrait laisser ses taux au niveau qui est le leur depuis décembre, dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%.

Ses responsables ont fait savoir qu’ils souhaitaient d’abord jauger comment l’économie allait atterrir face à l’ampleur de l’offensive protectionniste lancée par Donald Trump. Or, même si les baromètres économiques réguliers montrent une nervosité croissante, les indicateurs officiels restent contenus (4,2% de chômage en avril, 2,3% d’inflation en mars, légèrement au-dessus de la cible de la Fed).

Le problème, c’est ce qui va suivre. Lors de leur dernière réunion, les responsables de la Fed ont dégradé leurs prévisions pour la première économie mondiale, anticipant moins de croissance, plus d’inflation et de chômage.

Pas “paniquer”

La guerre commerciale entre Washington et Pékin aboutit à des droits de douane exorbitants qui mettent un coup d’arrêt aux échanges entre les deux puissances.

Et la surtaxe minimum de 10% mise en place par le milliardaire républicain sur les produits venant du reste du monde – jusqu’au cacao qui n’est pas cultivé aux Etats-Unis – renchérit aussi le quotidien des entreprises et ménages américains.

“C’est compliqué de dire à l’heure actuelle si l’économie va entrer en récession, mais les droits de douane vont au moins ralentir la croissance”, estime auprès de l’AFP Loretta Mester, ex-présidente (2014-2024) de la Fed de Cleveland (nord des Etats-Unis).

Dans ce contexte, figer les taux est “la bonne chose à faire”, quitte à les réduire plus vite ensuite en cas de dégradation objective de l’activité, ajoute celle qui enseigne désormais à l’école de commerce de Wharton, en Pennsylvanie (est).

Si les responsables de la Fed “baissent les taux maintenant, cela veut dire qu’ils sont inquiets, et ce sera pire”, pointe Belinda Roman, professeur d’économie à l’université St Mary’s, à San Antonio, Texas.

Car, dit-elle à l’AFP, “si les marchés pensent que la Fed panique, alors là tout le monde va vraiment paniquer”.

“Tête froide”

Tout cela intervient dans une atmosphère électrisée par les piques constantes du Donald Trump à l’encontre du patron de la Fed, Jerome – ou “Jay” – Powell.

Fin avril, il a estimé qu’il était “plus que temps” que son mandat “se termine” et l’a qualifié d'”immense loser”, tout en assurant ensuite qu’il n’avait “pas l’intention” de le renvoyer. Ses critiques se sont à peine atténuées depuis.

Le républicain a affirmé cette semaine devant la presse qu’il n’était “pas un grand fan” de Jerome Powell et redit en lettres majuscules sur son réseau social Truth que l’institution devrait baisser ses taux, en jurant qu’il n’y avait “PAS D’INFLATION”.

Il arrive que les chefs de l’Etat désapprouvent publiquement la politique monétaire, remarque Loretta Mester, “ce qui est différent cette fois, c’est à quel point” Donald Trump “le fait”. L’ex-présidente de la Fed de Cleveland se dit toutefois convaincue que ses anciens collègues continueront à prendre leurs décisions en toute indépendance. Les responsables de la Fed, reprend Belinda Roman, “doivent être capables de rester calmes, de garder la tête froide malgré toutes les pressions et l’agitation autour d’eux”

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