Trump à Davos: “produire en Amérique” ou “payer des droits de douane”
Donald Trump doit répondre jeudi à des questions posées depuis Davos par quelques grands patrons de la finance et de l’énergie, un événement très attendu après les nombreux décrets et menaces annoncés depuis son retour à la Maison Blanche.
Le fraîchement investi 47e président des Etats-Unis a participé en visioconférence depuis Washington, à la réunion annuelle du Forum économique mondial dans la station huppée des Alpes suisses. Il a invité les patrons réunis à venir “produire en Amérique” ou, sinon “vous devrez payer des droits de douane” pour vendre leurs produits aux Etats-Unis.
“Mon message pour toutes les entreprises dans le monde est simple: venez fabriquer vos produits en Amérique et vous bénéficierez des impôts parmi les plus bas au monde. Mais si vous ne les produisez pas aux Etats-Unis, ce qui est votre droit, alors, très simplement, vous devrez payer des droits de douane”, a déclaré M. Trump lors d’un discours en ligne.
Le président américain a répété lundi, lors de son retour à la Maison Blanche, son intention d’imposer des droits de douane contre certains des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, la Chine mais aussi le Canada et le Mexique, pourtant théoriquement protégés par le traité de libre-échange entre les trois pays nord-américains (USMCA). Il souhaite également prolonger les baisses d’impôts accordées durant son premier mandat, qui doivent arriver à terme en 2027, et les amplifier, comptant sur les droits de douane pour compenser les baisses de rentrées fiscales.
Faire baisser le coût du pétrole
Durant son discours, Donald Trump a également appelé l’Arabie saoudite et les pays de l’Opep de “baisser le coût du pétrole”, estimant que cela aurait dû être fait plus tôt et aurait permis de mettre fin à la guerre en Ukraine.
“Je vais demander à l’Arabie saoudite et l’Opep de baisser le coût du pétrole, je suis d’ailleurs franchement surpris qu’ils ne l’aient pas fait avant l’élection. Ne pas le faire n’était pas franchement une preuve d’amour. Si le prix était plus bas, la guerre en Ukraine serait aussitôt terminé”, a-t-il insisté. Les propos du président américain ont pesé sur les cours du baril, qui ont basculé dans le rouge après avoir débuté la journée à la hausse.
Vers 16H45 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, perdait 0,91% à 78,30 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, pour livraison le même mois, lâchait 1,07% à 74,65 dollars. Donald Trump a également accentué la pression sur le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), en jugeant que les taux d’intérêts devaient baisser “immédiatement”. “Avec les prix du pétrole qui vont baisser, j’exige que les taux d’intérêt baissent immédiatement et, de la même manière, ils devraient baisser partout dans le monde. Les taux d’intérêt devraient nous suivre partout”, a insisté M. Trump..
Milei défend son “cher ami” Elon Musk
Un de ses proches alliés revendiqué, le président argentin ultralibéral Javier Milei, s’était félicité lors d’un discours à Davos que l’Argentine “embrasse à nouveau l’idée de liberté”. “C’est cela, je crois, que le président Trump va faire dans cette nouvelle Amérique”, a-t-il ajouté.
Il a fait l’éloge de dirigeants pensant comme lui, tels Donald Trump mais aussi la Première ministre italienne Georgia Meloni, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le président du Salvador Nayib Bukele: “Lentement s’est formée une alliance internationale de toutes ces nations qui veulent être libres et qui croient aux idées de liberté.”
Javier Milei a également pris la défense de son “cher ami” Elon Musk, devenu incontournable ces derniers mois aux côtés de Donald Trump et accusé d’avoir fait un salut nazi lors d’un récent meeting à Washington. L’homme le plus riche du monde a nié que telle était son intention.
Il “été injustement vilipendé par le wokisme dans les dernières heures pour un geste innocent, qui signifie uniquement (…) sa gratitude envers les gens”, a assuré Javier Milei.
Loin des valeurs d’ouverture défendues depuis des décennies par le WEF, il a dénoncé le “virus mental de l’idéologie woke”. “C’est la grande épidémie de notre époque, qui doit être soignée. C’est le cancer qui doit être extirpé”, a-t-il insisté.
Davos “gelé dans l’incertitude”
Javier Milei avait déjà salué mercredi à Davos “l’âge d’or” que promet Donald Trump pour les Etats-Unis, “une lumière pour le monde entier”.
Les élites réunies cette semaine à Davos attendaient avec un mélange d’enthousiasme et d’inquiétude l’intervention du nouveau dirigeant de la première puissance mondiale,
Le chantre de “l’Amérique d’abord” menace ses grands partenaires commerciaux de hausses des droits de douane et d’un protectionnisme accru, loin du multilatéralisme et du libre-échange dont le Forum économique mondial se fait le héraut.
Menaces de surtaxes contre le Mexique, le Canada, l’Union européenne ou la Chine, retrait de l’Organisation mondiale de la Santé ou de l’accord de Paris sur le climat, volonté affichée de “reprendre” le canal de Panama… Donald Trump a donné un avant-goût de ses intentions depuis son investiture lundi, qui coïncidait avec l’ouverture du Forum de Davos.
“Même si des taxes douanières sont annoncées, s’il vous plait, gardez votre calme”, a toutefois plaidé jeudi à Davos Ngozi Okonjo-Iweala.
Un calme que ne partage pas tout le monde. “Dieu nous garde”, a ainsi soufflé en sortant de la salle un spectateurs ayant assisté à la prestation de Donald Trump.