Trafic de cocaïne: l’ONU qualifie la Belgique et les Pays-Bas de “principales plaques tournantes”
La Belgique et les Pays-Bas détrônent la péninsule ibérique et sont désormais les points d’entrée dominants de la cocaïne en Europe.
L’Office des Nations unies contre les drogues et le crime – l’UNODC – a présenté ce jeudi son rapport sur le trafic de cocaïne. Et il expose un changement de taille puisque selon eux, la Belgique et les Pays-Bas forment désormais à eux deux la principale plaque tournante du trafic en Europe.
Ainsi, en 2021, 70,6 tonnes de cocaïne ont été saisies au port de Rotterdam et 89,5 tonnes au port d’Anvers. L’étude montre également une augmentation au port de Gand cette année-là.
Avant d’en exposer les raisons, ce rapport montre tout d’abord qu’après une période de stabilisation en 2020, un rebond du trafic de cocaïne s’est produit en 2021 en sortie de crise Covid. La réouverture des frontières y étant évidemment pour beaucoup après leurs fermetures prolongées, qui avaient rendu difficiles les agissements des trafiquants.
Le rapport illustre également un autre phénomène qui a pris énormément d’ampleur ces derniers temps : la consommation de crack qui fait des ravages en Europe, et notamment en Belgique, France et Espagne, où les chercheurs parlent de “hausse brutale”.
Le port d’Anvers comme “un point d’entrée clé” dans l’UE
Les dés ont donc été relancés, la Belgique et les Pays-Bas ayant éclipsé la péninsule ibérique comme principale plaque tournante. Pour les chercheurs, cette évolution est liée à un autre changement qui s’est produit de l’autre côté de l’hémisphère.
En effet, l’emprise de la Colombie sur le trafic de drogue vers l’Europe a décliné, et d’autres pays sud américains sont désormais préférés par les trafiquants. Ainsi, la cocaïne provenant de la Bolivie et du Pérou est de plus en plus souvent acheminée par la route dite du cône sud, qui passe par le Paraguay et la voie navigable Paraná-Paraguay. En janvier 2022, c’est en effet au Paraguay qu’un groupe de criminels a été saisi de 947 kg de cocaïne dont la destination était la Belgique.
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Ces groupes criminels, souvent originaires du Brésil, utilisent des avions pour franchir la frontière, puis des bateaux le long de la rivière jusqu’à l’Atlantique. Le rapport précise que la tactique la plus connue pour la livraison de cocaïne en Belgique et aux Pays-Bas est d’utiliser des bateaux porte-conteneurs, d’où la drogue est transférée vers des bateaux plus petits à l’approche de la côte.
Le rapport qualifie le port d’Anvers comme “un point d’entrée clé” dans l’Union européenne pour la cocaïne en provenance d’Amérique du Sud. La cocaïne est ensuite généralement acheminée par voie terrestre vers les Pays-Bas voisins, où les principaux groupes criminels se sont installés, et d’où la drogue est redistribuée vers d’autres pays.
Gangs à moto
Selon le rapport, avec le déplacement de l’épicentre du marché de la cocaïne en Europe vers les ports d’Anvers et de Rotterdam, les organisations criminelles basées aux Pays-Bas et ayant des connexions transnationales sont devenues essentielles dans la gestion de l’importation de cocaïne en Europe. Ce que le rapport appelle les ‘OMGs’ belges et néerlandais, pour Outlaw Motorcycle Gangs (Gangs de motards hors-la-loi), semblent très impliquées dans le trafic de cocaïne vers les ports d’Anvers et de Rotterdam.
Selon un procureur belge cité dans l’étude, plusieurs ressortissants belges, membres d’un OMG résidant dans le sud de l’Espagne, ont acquis des cargaisons de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud sans être présents à Anvers. Au lieu de cela, ils faisaient appel à des ‘prestataires de services’ pour recevoir les cargaisons. Le même OMG gère également le transfert des cargaisons de cocaïne d’Anvers vers les Pays-Bas, où la drogue est déchargée. La demande croissante d’ecstasy en Amérique du Sud a également permis aux groupes criminels néerlandais d’échanger de l’ecstasy contre de la cocaïne.
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Toujours selon le procureur belge interrogé dans le cadre de l’étude, les organisations de trafiquants de drogue en Belgique coopèrent plutôt qu’elles ne se font concurrence. Par exemple, les mêmes facilitateurs peuvent blanchir de l’argent et organiser la logistique portuaire pour plusieurs groupes criminels. Le procureur a noté en particulier que la violence liée à la cocaïne en Belgique n’a pas été aussi visible qu’à Rotterdam.
Enfin, le rapport identifie d’autres lieux d’importation ou de transit que l’Amérique du sud, tel que l’Inde, où la plus grosse prise a été réalisée en Belgique en janvier 2021. 771 kg de cocaïne avaient alors été saisis.
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