Tentative d’assassinat contre Trump: Biden appelle l’Amérique au calme, chez les électeurs trumpistes, un inhabituel appel à la modération
Joe Biden a appelé dimanche les Américains à faire “baisser la température”, au lendemain de la tentative d’assassinat contre l’ancien président républicain Donald Trump, que les enquêteurs considèrent comme “un acte potentiel de terrorisme intérieur”.
“Je veux vous parler ce soir de la nécessité de baisser la température de notre vie politique”, a déclaré le président américain en s’adressant solennellement à ses concitoyens depuis le Bureau ovale à la Maison Blanche. La politique n’est pas un “champ de bataille meurtrier” et “la violence ne doit pas devenir quelque chose de normal”, a-t-il affirmé.
“Plus les enjeux sont élevés, plus les passions sont ardentes”, a ajouté le président américain. “Si fortes soient-elles, nos convictions ne doivent jamais sombrer dans la violence. (…) Il est temps de se calmer.”
Il avait déjà appelé dimanche les Américains à “s’unir en tant que nation”, après avoir eu samedi soir une “courte mais bonne conversation” avec son rival à la présidentielle de novembre.
Le président Biden a annoncé dimanche avoir ordonné une “enquête indépendante” sur les circonstances de la tentative d’assassinat contre Donald Trump.
L’ex-président de 78 ans et de nouveau candidat à la Maison Blanche a été blessé à l’oreille et évacué, la joue ensanglantée, après plusieurs tirs lors d’un meeting samedi à Butler en Pennsylvanie, qui ont fait un mort et deux blessés graves parmi les spectateurs.
La personne décédée a été identifiée comme étant un ancien pompier, Corey Comperatore, âgé de 50 ans, selon le gouverneur de cet Etat du nord-est du pays.
Avant d’être évacué, l’ex-président a levé le poing en l’air en signe de défi, une image qui tourne en boucle et déjà devenue historique.
“Seul Dieu a empêché l’impensable de se produire”, a assuré dimanche le candidat républicain sur sa plateforme Truth Social.
“A cet instant, il est plus important que jamais que nous nous tenions unis”, a ajouté l’ex-président.
Donald Trump est arrivé dimanche soir dans le Wisconsin, à Milwaukee, dans le nord-est des Etats-Unis, où les républicains doivent officiellement l’investir comme leur candidat à la présidentielle face à Joe Biden.
Le Secret Service, chargé de la protection des hautes personnalités politiques, s’est dit “totalement prêt” à y garantir la sécurité, malgré les doutes soulevés par la tentative d’assassinat.
“Je ne peux pas permettre à un +tireur+ ou à un assassin potentiel d’imposer un changement de programme ou quoi que ce soit”, a insisté Donald Trump dimanche sur son réseau Truth Social.
Tireur isolé
Le tireur identifié comme Thomas Matthew Crooks, 20 ans, a tiré plusieurs coups de feu du toit d’un bâtiment à l’extérieur du périmètre du meeting à quelque 150 mètres du candidat républicain avant d’être “neutralisé” par les agents, selon les autorités fédérales.
Le FBI a confirmé dimanche que le tireur avait agi seul et qu’il n’avait pas d’appartenance idéologique identifiée.
“Nous enquêtons sur cette tentative d’assassinat mais la considérons également comme un potentiel acte de terrorisme intérieur”, a déclaré l’agent Bobby Wells. Le FBI a par ailleurs précisé que l’arme utilisée, un fusil semi-automatique, avait été achetée légalement.
Des explosifs ont été retrouvés dans son véhicule garé non loin du lieu du meeting, selon les mêmes sources.
Le mobile du tireur reste cependant inconnu, a souligné le président Biden, appelant les Américains à ne pas tirer “de conclusions hâtives”.
“Surpris”
Le candidat républicain, qui venait de commencer son discours, s’est aussitôt abrité derrière son pupitre avant d’être entouré et protégé par des agents. Il s’est ensuite relevé, la chevelure ébouriffée et le visage ensanglanté, avant d’être emmené jusqu’à un véhicule pour être évacué.
La tentative d’assassinat a suscité l’indignation chez nombre de dirigeants à travers le monde.
L’événement a déjà ravivé les tensions politiques et des théories du complot ont inondé les réseaux sociaux.
Et des questions ont commencé à émerger sur le dispositif de sécurité autour de Donald Trump, censé être l’une des personnalités les plus protégées au monde.
Des témoins ont déclaré avoir vu le suspect avant les tirs et avoir alerté les services de sécurité.
“Très franchement, je suis surpris qu’il ait pu monter sur ce toit et tirer“, a déclaré dimanche le procureur du comté de Butler, Richard Goldinger, à la chaîne MSNBC.
Cet événement révèle au grand jour les fissures politiques dans la société américaine.
Si l’impact sur la campagne reste à déterminer, l’attention qui se focalisait sur les doutes quant à la santé de Joe Biden, 81 ans, et sa capacité à affronter Donald Trump depuis leur débat fin juin, s’est complètement déplacée.
Le président américain a aussi reporté un déplacement prévu lundi au Texas (sud), et son équipe a décidé de suspendre temporairement ses publicités de campagne.
Pour Donald Trump, à l’inverse, cette séquence déjà historique pourrait se révéler fructueuse électoralement, selon des experts.
Chez les électeurs trumpistes, un inhabituel appel à la modération
Robert Benning a les larmes aux yeux lorsqu’il évoque le “combattant” qu’est son idole Donald Trump, le candidat républicain à la présidentielle américaine qui vient d’être visé par une tentative d’assassinat lors d’un meeting de campagne.
A Milwaukee, ville du Wisconsin, Etat du nord du pays, Robert Benning participe comme des milliers de républicains à la convention destinée à investir officiellement leur candidat, quatre mois avant le scrutin.
“Heureusement, il va bien. Je regardais le rassemblement hier et quand il s’est fait tirer dessus. J’ai failli pleurer”, confie cet habitant de Milwaukee âgé de 64 ans. “Et puis il s’est relevé! C’est formidable. Et ça montre à quel point c’est un combattant.”
Dans un parc, il prie avec des dizaines de partisans de l’ancien président, membres d’une association conservatrice, à quelques mètres du lieu où sera lancée lundi la grand-messe du Parti républicain.
Certains tiennent des affiches portant le mot “Fight, Fight, Fight” (“Battez-vous”, en français), le même que Donald Trump aurait prononcé, le poing levé et le visage ensanglanté, lorsqu’il s’est relevé après les tirs le visant samedi. Une image qui a fait le tour du monde.
“Prier pour les ennemis”
Mais loin de l’habituelle rhétorique très combative des républicains et des démocrates, dans un pays ultra-polarisé, un air de conciliation s’est infiltré à Milwaukee. Les prières pour Donald Trump s’accompagnent ainsi d’autres destinées aux “ennemis” ou pour un pays plus uni.
“Je bénis le Parti démocrate. Je bénis l’opposition. Je prie pour que Vous leur montriez là où ils sont dans l’erreur”, lance Patrick Casper, un participant de 28 ans pendant une prière.
“Nous prions juste pour tous les ennemis de Trump, ce n’est pas l’Amérique d’essayer de tirer sur un ancien président. Que Dieu nous vienne en aide“, souffle un autre qui, pour prier, met de côté la célèbre casquette rouge de Donald Trump.
L’histoire des Etats-Unis, où le droit de posséder une arme est revendiqué bec et ongle par une bonne partie de la population, est jalonnée d’assassinats et tentatives d’assassinat de présidents ou figures politiques.
“Arrêter de dénigrer”
Brandissant des drapeaux américains, plusieurs partisans de Donald Trump se lancent dans diverses prières, chantent l’hymne national ou entonnent “God Bless America” (Que Dieu bénisse l’Amérique), un chant patriotique datant de la Première Guerre mondiale.
Habitante de Milwaukee, Christina assiste à la veillée, brandissant une banderole avec le nom de Donald Trump. Pour elle, la violence politique doit cesser.
“On doit arrêter d’insulter les autres et de dénigrer les gens“, dit cette républicaine qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.
L’ancien président “JFK (John Fitzgerald Kennedy) a été assassiné. Martin Luther King, un leader emblématique de la lutte pour les droits civiques, a été assassiné. Ronald Reagan, on a tenté de l’assassiner, et maintenant il y a eu une tentative d’assassinat du candidat à la présidence Donald Trump”, énumère-t-elle.
“Je ne sais pas ce qui conduit à tout ça”, confie Christina. “Mais la division en politique doit cesser, les deux camps doivent se modérer et se concentrer sur les vrais problèmes”.
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