Tarifs douaniers: Trump sanctionne l’Europe et sème le chaos 

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Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

La Commission européenne négocie toujours pour éviter que ces tarifs douaniers supplémentaires n’entrent en vigueur le 1er août. Avec un espoir limité.

Ceux qui espéraient encore de la clémence de la part de Washington ont bien été obligés de se rendre à l’évidence : pour Trump, les droits de douane qu’il a décidé d’imposer au monde le 2 avril dernier ne sont pas un instrument de négociation. C’est une nécessité financière pour tenter de colmater un budget qui prend l’eau. Et c’est un instrument de rétorsion économique.

Ainsi, le Brésil s’est vu infliger un tarif douanier de 50% parce que “la manière dont le Brésil a traité l’ancien président Jair Bolsonaro est une honte internationale”, justifie Donald Trump. L’ancien président populiste brésilien fait face à un procès pour tentative de coup d’État dans son pays.

Mauvais partenaire

L’Union européenne, que Donald Trump a souvent décrit comme un partenaire qui traite les États-Unis “très, très mal”, se voit frappée de droits de 30% à partir du 1er août. Dans la lettre qu’a reçue la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, la Maison Blanche indique que ces tarifs de 30% (supérieurs donc aux 20% qui avaient été annoncés le 2 avril) viennent s’ajouter aux tarifs sectoriels (il y a déjà des droits de 25% sur l’aluminium et l’acier) et que si l’UE rehaussait en représailles ses droits vis-à-vis des États-Unis, ces derniers augmenteraient leurs tarifs en proportion. La menace a fonctionné. L’Europe a mis sur pause le mécanisme de rétorsion automatique qui aurait dû s’enclencher en cas d’échec des négociations.

Interrogé par Le Soir, le ministre des Affaires étrangères Maxime Prévot estime que “l’agression commerciale des États-Unis à l’égard de ses alliés européens est injustifiée”. Il ajoute qu’”il convient de poursuivre intensément les négociations d’ici le 1er août, sous les auspices de la Commission”. Mais Donald Trump n’en a sans doute pas terminé. Il menace la pharma européenne, qui pourrait se voir infliger un tarif de 200% !

“L’agression commerciale des États-Unis à l’égard de ses alliés européens est injustifiée.” Maxime Prévot, ministre des Affaires étrangères

Une mondialisation quand même ?

La riposte européenne se joue sur trois terrains. D’une part, la négociation. En sachant que même un accord conclu n’est pas une certitude. Le Vietnam s’était précipité pour conclure un accord avec les États-Unis. Et faire baisser les droits de douane auxquels il était soumis de 46 à 20%. Cependant, une grande incertitude concerne une majorité de produits finis vietnamiens contenant des intrants chinois et qui pourraient être frappés de droits de 40%.

D’autre part, l’Union européenne a quand même intérêt à mettre en place des mesures de rétorsion. “Être gentil, abandonner la taxe numérique, tout cela n’a rien apporté à l’Europe, dit Olivier Blanchard, l’ancien chief economist du FMI. Des représailles intelligentes sont essentielles, même si elles conduisent à des situations économiques et géopolitiques dangereuses à court terme.” Pour Olivier Blanchard, cela signifie “s’attaquer, produit par produit, à ce qui fait le plus mal” (politiquement ou économiquement) aux États-Unis.

Et puis, l’UE a intérêt à reconstruire une économie mondialisée, sans les USA. C’est ce qu’elle fait en renforçant les partenariats avec le Canada, l’Amérique du Sud, et aujourd’hui certains pays d’Asie.

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