Sur l’Ukraine, les républicains américains et le Kremlin en roue libre

Guerre Ukraine
Des militaires ukrainiens s'entraînent dans la région de Pokrovsk. © Getty Images
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Les partisans de Trump observent que « Poutine demande beaucoup moins d’argent que Zelensky ». Et Vladimir Poutine explique que la guerre en Ukraine a été lancée parce que la Russie s’ennuyait.

Dans un mois tout rond Donald Trump investira (légalement) la Maison Blanche. Mais déjà, on sent que les institutions politiques américaines sont mises sous pression. Un accord de 1.500 pages avait été trouvé entre Républicains et Démocrates  pour faire passer le budget de l’an prochain. Mais soudain, Donald Trump n’en veut plus, et la menace d’un« shutdown », c’est-à-dire des coupes budgétaires automatiques,  réapparaît. Cela n’inquiète pas le président Trump qui estime qu’il vaut mieux un petit moment de crise qu’un mauvais accord.

Poutine nous demande moins d’argent que Zelensky

Le contexte sous-jacent est l’état des finances publiques. Les Etats-Unis ont un endettement public fédéral qui atteint les 100% du PIB, et les mesures de Donald Trump visant à réduire encore les recettes fiscales ne devraient pas améliorer la situation. L’accord bipartisan trouvé au Congrès permettait encore de financer certains programmes plus sociaux. Mais Donald Trump et Elon Musk trouvent que c’est de l’argent gaspillé.

La mentalité du nouveau Congrès est bien résumée par Lauren Boebert, élue républicaine du Colorado. Interrogée par Piers Morgan dans son talk-show « Piers Morgan Uncensored », l’élue très à droite explique pourquoi les Etats-Unis ne veulent plus financer l’Ukraine.

 Piers Morgan lui fait remarquer « qu’il y a 30 ans, il aurait été impensable pour un Républicain de donner l’impression de se ranger du côté de Poutine contre un pays européen souverain et démocratique que Poutine avait envahi. Pourquoi semblez-vous si détendus à l’idée qu’un dictateur russe se promène en Europe et s’empare d’un territoire qui n’est pas le sien ? »

Réponse de Lauren Boebert : « Eh bien, Poutine nous demande beaucoup moins d’argent que Zelensky ». Et quand Piers Morgan lui fait remarquer que le prix à payer est le prix de la liberté, Lauren Boebert rétorque : « La liberté ? Qu’en est-il de notre liberté ici ? C’est mon principal argument. L’Amérique d’abord. »

Quand tout est calme, on s’ennuie

Dès lors, du côté du Kremlin, on lâche les chiens. La grande conférence annuelle que Vladimir Poutine a tenue ces derniers jours était surréaliste. Le Président russe a expliqué que l’opération militaire spéciale qui dure depuis près de trois ans en Ukraine, qui a très vraisemblablement fait plus d’un million de victimes, des centaines de milliards de dégâts et qui laissera des marques profondes dans les deux pays tenait finalement à l’âme russe et à une question économique. « Quand tout est calme, mesuré, stable, on s’ennuie, on stagne, on a envie d’action, explique Vladimir Poutine. Dès que les actions commencent, tout siffle à nos tempes, les secondes, et les balles, malheureusement… Alors nous avons peur. Quelle horreur ! Mais quoi, quelle horreur ? Tout se mesure en termes économiques. »

Et interrogé un peu plus tard sur le défi lancé par le Kremlin qui veut tester son nouveau missile balistique à capacité nucléaire baptisé « Oreshnik », le président russe indique : « nous sommes prêts pour ce duel dès maintenant. Nous pouvons le faire à Kiev ou ailleurs. Que les experts occidentaux, qui pensent qu’ Oreshnik peut être intercepté, nous proposent, ainsi qu’à ceux qui les paient, de mener une expérience technologique. Appelons cela un duel de haute technologie du XXIe siècle. Qu’ils déterminent un site à frapper, disons à Kiev, qu’ils y concentrent toutes leurs défenses aériennes, que nous y frappions avec Oreshnik et que nous voyions ce qui se passe ».

Bienvenue en 2025.

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