Sonde écrasée sur la Lune : un énième coup dur pour la Russie

Une fusée Soyouz lors du décollage de Luna-25 au cosmodrome de Vostochny, en Russie, le 11 août 2023. | ROSCOSMOS VIA AFP

Luna-25, la sonde russe qui devait alunir ce lundi 21 août, est entrée en collision avec la lune ce samedi 19 août. Ce raté est un coup dur pour la Russie qui nourrit de grandes ambitions dans  la course vers la lune

Luna-25, la première sonde à être lancée par la Russie vers la Lune depuis 1976, s’est écrasée à la suite d’un incident survenu samedi lors d’une manœuvre préalable à son alunissage initialement prévu ce lundi, a annoncé l’agence spatiale Roscosmos.

Luna-25 avait décollé dans la nuit du 10 au 11 août 2023 de l’Extrême-Orient russe. Son alunissage était prévu lundi sur le pôle Sud lunaire, ce qui aurait été une première, car jusqu’ici, les engins se posaient dans la zone équatoriale, explique l’AFP. La mission devait durer un an, avec l’objectif de prélever et analyser des échantillons du sol de la Lune. Et ce, en vue d’une éventuelle base en orbite lunaire, construite avec la Chine.

Mais, la mission a échoué. Après « une impulsion donnée pour former son orbite elliptique de pré-alunissage », « vers 14H57 (11H57 GMT), la communication avec Luna-25 a été interrompue » samedi, a expliqué Roscosmos dans un communiqué dimanche. « Les mesures prises les 19 et 20 août pour rechercher l’appareil et entrer en contact avec lui n’ont donné aucun résultat », a déploré l’agence spatiale.

Avant d’ajouter: « Selon les résultats préliminaires » de l’enquête, l’appareil « a cessé d’exister à la suite d’une collision avec la surface lunaire ». « Une commission interministérielle » sera chargée de comprendre « les raisons » de l’incident qui a causé « la perte » de Luna-25, a par ailleurs annoncé l’agence spatiale russe, qui n’a pas donné de causes possibles au problème technique survenu.

L’échec du grand retour de la Russie dans la course vers la lune

La mission Luna-25 annonçait le grand retour de la Russie dans la course vers la lune. Son lancement était destiné à donner un nouvel élan au secteur spatial russe. Il était toutefois annoncé comme « risqué » de l’aveu même du patron de Roscosmos, Iouri Borissov, avec une probabilité de réussite estimée à environ 70%.

Cet échec intervient au moment où le président russe Vladimir Poutine avait promis de poursuivre son programme spatial malgré les problèmes de financement, les scandales de corruption et l’isolement russe du fait du conflit en Ukraine. Depuis son déclenchement, l’Agence spatiale européenne a en effet renoncé à travailler avec Moscou sur le lancement de Luna-25 et sur les futures missions.

Un énième obstacle

 « Nous sommes guidés par l’ambition de nos ancêtres d’aller de l’avant, malgré les difficultés et les tentatives extérieures de nous en empêcher », avait déclaré Vladimir Poutine en 2022 depuis le cosmodrome de Vostotchny, d’où a été lancée Luna-25.

Vladimir Poutine avait relancé la Russie dans la course vers la Lune, où sont engagés également, entre autres, les États-Unis et la Chine. Le secteur spatial est source d’une grande fierté en Russie, explique l’AFP.

L’échec de la mission, lancée avec quinze ans de retard, jette une lumière crue sur l’état des programmes spatiaux russes, analyse Le Monde. Depuis 1991, toutes les tentatives de Moscou d’atteindre d’autres astres ont en effet échoué, notamment Mars-96 et Phobos-Grunt, qui devait rejoindre l’un des deux satellites de Mars en 2011 explique le journal français.

Un désaveu pour le secteur spatial russe

L’échec de Luna-25 sonne comme un désaveu pour l’ensemble du programme spatial moscovite. “Les maux de l’agence russe sont anciens et connus, entre corruption, problèmes chroniques de financement, manque d’innovation, utilisation de technologies de conception soviétique et communication fantaisiste”, énumère le quotidien Le Monde. De plus, le programme s’appuie toujours en grande partie sur des technologies de conception soviétique et peine à innover et souffre de sous-financement chronique, continue le quotidien français. Vladimir Poutine donnant la priorité aux dépenses militaires, explique l’AFP. La concurrence des États-Unis ou d’initiatives privées comme Space X, du milliardaire Elon Musk, est aussi de plus en plus forte.

Cette disparition ne devrait cependant pas remettre en cause les ambitions de la Russie. Plusieurs programmes (envoi de satellites lunaires ou de sondes) doivent succéder à Luna-25 avance Le Monde, avec la volonté de faire alunir des cosmonautes en 2029, pour la première fois dans l’histoire soviétique et russe.

L’Inde en pôle position

Seuls trois pays sont parvenus à ce jour à se poser sur la surface de la Lune : la Russie, les États-Unis et la Chine. Les Soviétiques ont envoyé en orbite terrestre le premier animal, la célèbre chienne nommée Laïka, le premier homme, Iouri Gagarine, puis la première femme, Valentina Terechkova. L’URSS avait toutefois été battue par les États-Unis pour le premier homme sur la Lune, avec le vol de Neil Armstrong en juillet 1969.

Hasard du calendrier, l’Inde pourrait réussir d’ici peu l’exploit raté par la Russie, informe Le Monde. L’alunissage de la sonde Chandrayaan-3 est en effet attendu à proximité du pôle Sud, ce mercredi 23 août. Contrairement à la mission russe, qui devait durer au moins un an, l’indienne se contentera de déposer un petit rover conçu pour parcourir environ 500 mètres, avec une durée de vie limitée à seulement quelques jours, explique le quotidien français.

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