Sondage exclusif: six Belges sur dix craignent une troisième guerre mondiale 

Char panther allemand
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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

L’angoisse liée à la menace russe, initiée par la guerre en Ukraine et décuplée par le lâchage actuel des Etats-Unis, est palpable, selon notre grande enquête réalisée pour Le Vif, Knack, Trends-Tendances, Trends, Canal Z et De Zondag par l’institut de sondage Kantar.   

Six Belges sur dix craignent qu’une troisième guerre mondiale n’éclate. C’est le constat qui ressort d’une grande enquête réalisée pour Le VifKnackTrends-TendancesTrendsCanal Z et De Zondag par l’institut de sondage Kantar. L’angoisse liée à la menace russe, initiée par la guerre en Ukraine et décuplée par le lâchage actuel des Etats-Unis, est palpable. 

Pour être précis, 24,2% des Belges ont “très peur” d’un conflit généralisé et 38% “plutôt peur’, soit 62,2%. L’inquiétude est plus forte du côté francophone: 32,8% en ont “très peur” contre 16,7% du côté flamand. Les Belges sont tout aussi inquiets (63 %) quant à l’éventualité de l’utilisation d’armes nucléaires dans le cadre de la guerre en Ukraine.  

Cependant, cela ne signifie pas pour autant que les Belges se disent prêts à prendre les armes: une majorité d’entre eux (62,1%) sont contre, mais 21% y sont tout de même disposés. La question d’un éventuel retour du service militaire obligatoire fait davantage débat. A la question “La Belgique doit-elle rétablir un service militaire obligatoire?”, près de la moitié des Belges répondent par l’affirmative (48 %), tandis que 40 % s’y opposent et 12 % restent indécis.  

Quant à l’appel de la commissaire européenne Hadja Lahbib à se munir d’un kit de survie, il semble être resté lettre morte auprès de la population belge. Près de neuf Belges sur dix déclarent ne pas en posséder. 

La fin d’un monde 

“Le monde multilatéral de l’après-guerre s’écroule sous nos yeux, constate Bertrand Candelon, professeur d’économie à l’UCLouvain. C’est une tendance que je perçois depuis la pandémie de Covid. Le détricotage s’accélère, comme on vient de le voir avec la guerre commerciale déclenchée par les Etats-Unis. Après la crise financière de 2008, la concertation se faisait encore au G20. Désormais, tout se fait de façon unilatéralement. Les Russes ont attaqué l’Ukraine de façon unilatérale, Donald Trump augmente les droits de douane sans concertation et sur base de calculs peu crédibles. La fragmentation du monde est en cours et on sait trop bien que cela peut mener à une instabilité forte et des confrontations. Je discutais avec un collègue cette semaine et nous nous disions que l’on a le sentiment d’être à la fin des années 1930, avec une ‘drôle de guerre’.” 

Bertrand Candelon poursuit: “En ce qui concerne la peur de la guerre, je constate aussi que pas mal de gouvernements misent là-dessus pour des raisons internes et jouent les apprentis sorciers. Quand on parle d’un ‘kit de survie’, cela inquiète fortement la population. Nous n’en sommes pas là, tout de même. On joue avec ces peurs pour légitimer son pouvoir et ce n’est pas sain. Cette approche anxiogène n’aide pas. S’il doit y avoir une guerre, il y aura une guerre, on voit bien que c’est tendu, mais participer à la peur n’aide pas.” 

“Je vais régulièrement parler à des associations et je sens cette angoisse auprès de beaucoup de personnes, réagit Sven Biscop, professeur de relations internationales à l’UGent, interrogé par nos confrères du Zondag. Pour la première fois de ma carrière, je suis moi-même inquiet sur le risque d’une guerre. La chance est réelle d’avoir un conflit direct avec la Russie, provoqué par un incident en Ukraine si l’Europe envoie des troupes dans le cadre d’un accord de paix. Avec une telle escalade, on aurait une guerre Russie – Europe, au lieu d’une guerre russo-ukrainienne. L’Europe doit investir davantage dans sa défense pour éviter qu’une telle guerre survienne. Cela doit envoyer un signal clair à la Russie: même si la contribution américaine est mise en doute, ce n’a pas de sens de faire la guerre à l’Europe, car elle est suffisamment forte par elle-même.” 

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