“Si vous recevez une facture, attendez le rappel”: 6 astuces pour faire des affaires aux États-Unis

Pascale Delcomminette (Awex): "Les États-Unis, opportunité malgré l’incertitude" © Jérôme VAN BELLE - WBI
Jozef Vangelder Journaliste chez Trends Magazine

S’il est vrai que les États-Unis sont un pays d’entrepreneurs, ce n’est pas pour autant un paradis entrepreneurial. En tout cas, pas pour les Belges qui se montrent trop discrets. Sophie Berben, directrice générale de la BelCham (Chambre de commerce belgo-américaine) à New York, est de bon conseil pour les entreprises qui veulent faire des affaires aux États-Unis.

« Les Américains veulent toujours ce qu’il y a de plus grand, de plus rapide et de meilleur. Si vous arrivez aux États-Unis avec une idée d’entreprise, soyez sûr de votre coup et préparez-vous à y consacrer de beaucoup d’énergie. Les Américains peuvent être très enthousiasmés par votre histoire, mais attention, ils changent aussi très vite d’avis. Si quelqu’un d’autre a une meilleure idée que vous, vous êtes immédiatement mis hors-jeu», exlique Sophie Berben, directrice générale de la BelCham.

Six conseils pour ceux qui souhaitent travailler aux États-Unis :

1. Prendre un bon avocat

« Your lawyer is your best friend (Votre avocat est votre meilleur ami). Aux États-Unis, tout est consigné dans des contrats épais, bien plus épais qu’en Belgique : contrats de vente, contrats de service, contrats de travail… Faites donc lire très attentivement tous ces contrats par votre avocat. Pour un bon avocat, il faut savoir que vous paierez rapidement 400 dollars de l’heure. Mieux vaut donc venir ici avec un portefeuille bien garni ».

2. Ne pas hésiter à négocier

« Tout est négociable, même les plus petites choses. Lorsque j’ai oublié de payer la facture d’un médecin pour quelques points de suture sur l’un de nos enfants, j’ai reçu un rappel : « Si vous payez aujourd’hui, vous bénéficierez d’une réduction de 30 % ». En tant que Belge, vous tomberiez de votre chaise à ce moment-là ; pour les Américains, c’est tout à fait courant. En attendant, je fais ce que mes amis américains m’ont conseillé : recevez une facture, ne la payez pas. Attendez qu’ils vous envoient un rappel. BelCham a un espace de coworking ici. Quand je reçois une facture pour une réparation, ma phrase type est toute prête : « Pouvez-vous m’expliquer pourquoi cela coûte si cher ? Et pouvez-vous me faire une réduction ? » Neuf fois sur dix, j’obtiens une remise. Ici, la négociation est une affaire de tous les jours.

3. L’Amérique n’est pas la Belgique

« Ici, les personnes avec peu de qualifications doivent souvent lutter pour survivre. Les serveurs d’un café gagnent 2 dollars de l’heure. Le reste doit provenir des pourboires. Si vous êtes au bas de l’échelle sociale, vous pouvez vous tuer à la tâche et ne pas arriver à joindre les deux bouts. Pour les travailleurs hautement qualifiés ou spécialisés, c’est complètement différent, et les entreprises belges en sont encore trop peu conscientes. L’autre jour, un directeur financier belge a exigé que les salaires de la filiale américaine soient alignés sur ceux de la société mère en Belgique. « Nous n’allons certainement pas faire cela , a répondu le directeur de la succursale américaine. Parce que demain, je perdrai tout mon personnel ».

4. Les Américains ne se sentent pas mariés à leur travail

« Ici, les embauches et les licenciements se font très rapidement. Les entreprises américaines ne s’encombrent pas de mauvais employés pendant très longtemps. L’inconvénient, c’est que les travailleurs compétents partent aussi très facilement. Il n’est pas rare d’être au milieu d’un grand projet quand l’un de vos meilleurs éléments entre dans votre bureau et vous dit : « Désolé, je dois partir, j’ai une meilleure offre ailleurs ». Pour de nombreux Belges, leur travail fait partie de leur vie, voire de leur personnalité. Les Américains se sentent beaucoup moins liés à leur entreprise. J’ai entendu une dame me raconter que son patron lui avait demandé de venir travailler un jour de plus par semaine au bureau de New York. Pour elle, cela représente un trajet de 20 minutes. Mais ce jour-là, c’en était trop pour elle et elle a démissionné. Elle travaillait pour cette entreprise depuis sept ans ».

5. Mettez en valeur vos qualités

« Les Américains se vendent beaucoup mieux que nous le faisons. Les Belges s’appuient sur un raisonnement solide et avec un sens de l’équilibre. Les Américains, eux, savent se vendre, mettre en valeur leurs qualités. Cela commence dès l’éducation. Je le remarque chez mes enfants qui vont à l’école ici. Ils apprennent à raconter des histoires. Il faut toujours avoir une bonne histoire à raconter ».

6. Éviter la politique

« Donald Trump ou Kamala Harris ? On parle peu de politique ici. Ce n’est pas le sujet à aborder dans les entreprises, mieux vaut même carrément l’éviter. En Belgique, il est tout à fait possible d’avoir une discussion animée entre collègues sur la politique et puis d’aller boire un verre ensemble. Ce n’est pas le cas aux États-Unis. La politique américaine est tellement polarisée que le sujet est évité dans les conversations.

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