Sept raisons pour lesquelles l’Ukraine mène une incursion en territoire russe

Le président russe, Vladimir Poutine, en grande discussion avec le gouverneur de la région de Koursk. (Photo by Gavriil GRIGOROV / POOL / AFP) / Editor's note : this image is distributed by Russian state owned agency Sputnik
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les forces conventionnelles ukrainiennes obtiennent des succès dans la région de Koursk. Pourquoi cette attaque alors qu’elle est à la traîne dans le Donbass? Les motivations sont nombreuses: faire ressentir la guerre aux Russes, montrer ses failles, couper les bases arrières, redonner du moral aux Ukrainiens ou… préparer la paix.

L’Ukraine a lancé mardi une opération militaire d’envergure dans la région de Koursk, en Russie. Une incursion étonnante, alors que ses troupes sont en difficulté à l’est de son territoire, dans le Donbass, où les Russes disposent de moyens militaires et humains bien plus importants. Selon les déclarations politiques et les experts, cette tactique pourrait se justifier par sept motivations, au moins.

1 Faire “ressentir” la guerre aux Russes

De façon détournée, sans évoquer explicitement cette opération, le président Zelensky a souligné que les Russes devaient “ressentir” la guerre comme les Ukrainiens la ressentent. Le résultat est là: état d’urgence déclaré par les autorités régionales, gros titres dans les médias, y compris pro-Kremlin… L’opinion publique russe est touchée, alors qu’elle est en général “protégée” par le régime de Poutine. Désormais, la guerre concerne aussi Moscou.

2 Couper les bases arrières russes

L’armée ukrainienne demande depuis des mois aux alliés de pouvoir frapper le territoire russe. Ce qu’elle fait d’ailleurs déjà, avec ses propres moyens. L’objectif est de détruire des installations énergétiques ou des bases militaires, tout ce qui permet de soutenir et de porter l’offensive russe. La région de Koursk est stratégique pour protéger celle de Kharkiv, en Ukraine, cible de l’armée russe.

3 Détourner des troupes russes

Indirectement, en ouvrant un nouveau front, l’armée ukrainienne force également la Russie à envisager l’envoi de troupes dans la région attaquée, ce qui pourrait “soulager” un peu le front du Donbass. C’était déjà l’intention des incursions précédentes, mais celles-ci avaient été menées par des “rebelles” russes. Pour la première fois, les troupes régulières ukrainiennes sont de la partie, avec un millier de soldats. Ailleurs, en mer Noire et en Crimée, elles ont aussi obtenu des succès avec des moyens limités.

4 Montrer les failles russes

Une nouvelle fois, la frontière russe semble particulièrement poreuse: les forces chargées de les protéger ont très peu résisté à l’incursion. L’opération a démontré une “défaillance” des services de renseignement russes et des aurorités de Moscou, relèvent plusieurs experts. De même que la capacité de la Russie à se défendre: les troupes de Wagner n’avaient-eles pas avancé “facilement” en direction de Moscou?

5 Contrecarrer le discours alarmiste

C’est un observateur américain qui le fait remarquer: en dépit de cette agression, pas de Troisième guerre mondiale ou de discours promettant l’Armageddon nucléaire de façon plus explicite. La stratégie ukrainienne vise peut-êtr aussi à démontrer que les “risques d’escalade” redoutés à l’Ouest ne sont pas aussi importants que cela. Le tout étant de savoir jusqu’où ne pas aller trop loin: les Occidentaux ne sont pas forcément ravis de l’exercice.

6 Remonter le moral des Ukrainiens

L’opération a également un objectif de communication interne. Ereinté sur le front en raison d’un manque d’armes et frappé à Kiev, contraint de trouver des nouvelles troupes en adaptant notamment l’âge de la conscription, le pouvoir ukrainien doit donner des raisons d’espérer à une population qui a le moral en berne après deux ans et demi de guerre.

7 Induire un rapport de forces… pour la paix

L’heure est, enfin à la préparation de discussions pour la paix qui, si improbables paraissent-elles, ne sont plus exclues. L’Ukraine a appelé la Russie a participé au prochain Sommet pour la paix et, même à demi-mots, le président Zelensky a évoqué l’idée de concessions territoriales même si, en vertu de la Constitution, ce serait au peuple ukrainien de décider. L’horizon, ce sont aussi les élections américaines de novembre qui pourraient changer la donne.

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