Il n’aura été le Premier ministre de la France que 28 jours, néanmoins, Sébastien Lecornu n’aura pas tout perdu, malgré sa volonté de réformer les privilèges ministériels « à vie ».
Sébastien Lecornu sera désormais connu comme étant le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République en France. Le pays a connu cinq Premiers ministres depuis la réélection d’Emmanuel Macron en mai 2022 et comme ses prédécesseurs, Barnier et Bayrou, la crise budgétaire française aura eu raison de lui.
Pourtant lorsqu’il a pris ses fonctions le 9 septembre, Lecornu voulait montrer l’exemple en commençant ses coupes budgétaires dans les privilèges de Matignon.
« On ne peut pas demander aux Français des efforts si ceux qui sont à la tête de l’État n’en font pas, écrivait-il le 14 septembre sur le réseau social X. Beaucoup de choses ont déjà été réglées, notamment concernant les anciens Présidents de la République. Nous allons supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés à certains anciens membres du Gouvernement. »
Parfaite incarnation de cette motivation de restriction budgétaire, il avait joint le geste à la parole le lendemain. « C’est fait : les avantages « à vie » des anciens membres du Gouvernement seront supprimés dès le 1er janvier 2026. S’il est normal que la République protège les personnes faisant l’objet de menaces, il n’est en revanche pas concevable qu’ils puissent bénéficier d’avantages à vie en raison d’un statut temporaire. La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l’Intérieur que pour une durée limitée, et reconduite en fonction de la réalité du risque. Tous les autres moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée. »
Aujourd’hui démissionnaire, l’ex-Premier ministre ne partira malgré tout pas sans rien.
Il a droit
C’est principalement la notion de « à vie » qui a été gommée des archives de Matignon. Ainsi, selon Le Monde, Sébastien Lecornu aura droit :
- Une indemnité pendant trois mois à condition de ne pas avoir d’activité rémunérée et d’être en règle auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
- En revanche, par la suite aucune pension de retraite spécifique ne sera versée.
- Un secrétariat pendant dix ans : cet avantage n’est toutefois pas octroyé au-delà du 67e anniversaire (ce qui en exclut Michel Barnier et François Bayrou, tous deux âgés de 74 ans).
- Une voiture avec chauffeur sans limitation de durée : 17 anciens premiers ministres disposent, par ailleurs, « à vie » d’une voiture de fonction avec chauffeur et frais afférents, à condition qu’ils n’en bénéficient pas au titre d’un autre mandat public.
- Une protection policière sans limitation de durée : selon un rapport parlementaire d’octobre 2024, ce privilège, issu d’une « tradition républicaine non écrite », est octroyé de façon systématique et « sans limitation de durée ».
Ironie du sort pour un Premier ministre qui voulait réformer tout cela et qui sera resté en place 28 petits jours.
Mais La Voix du Nord soulève la question : Sébastien Lecornu va-t-il être le premier à voir ses avantages limités ? Selon le quotidien français, si le décret a bien été signé, et que donc la mesure entre en vigueur à la date du 1er janvier 2026, les avantages octroyés aux ex-Premiers ministres ne seront supprimés qu’à cette date.
Ce n’est donc qu’au 1er janvier 2026, comme tous les anciens Premiers ministres, qu’il sera impliqué par le décret qu’il a signé…