Qui sont les “DOGE Kids” de Musk qui doivent “hacker” l’État fédéral des Etats-Unis ?
![](https://img.static-rmg.be/a/view/q75/w962/h503/7015489/2025-01-25t181943z-1536593816-rc24hcadw7xm-rtrmadp-3-germany-election-afd-campaign-jpg.jpg)
Ils seraient une quarantaine au total et ont obtenu, via Elon Musk, un accès inédit aux infrastructures gouvernementales. Qui sont ces “DOGE Kids”, âgés de 19 à 25 ans, qui font trembler les institutions américaines ?
Elon Musk a réuni, au sein du département de l’Efficacité Gouvernementale (le « DOGE »), un groupe d’une quarantaine de techniciens. Leur mission officielle est de « moderniser les technologies et logiciels fédéraux pour maximiser l’efficacité et la productivité du gouvernement », autrement dit, de secouer les institutions publiques américaines.
L’équipe ne s’embarrasse pas de procédures et intervient là où elle le juge nécessaire. En deux semaines, elle est devenue la bête noire des administrations. Ses membres se sont infiltrés dans les programmes d’aide de l’USAID ainsi que dans le système de paiement du ministère des Finances. Ils ont déjà passé plusieurs nuits à l’Office of Personnel Management (OPM), qui gère les ressources humaines de plus de 2 millions de fonctionnaires fédéraux. Selon Musk, ils travailleraient jusqu’à 120 heures par semaine. Une semaine comptant 168 heures, autant dire qu’ils dorment très peu. Certains fonctionnaires leur ont même trouvé un surnom : les « Muskrats ». La presse américaine leur préfère les termes de « Muskovites » ou de « minions » de Musk.
Leur identité a été volontairement gardée discrète. Pourtant, le site d’actualité technologique Wired a réussi à en identifier six. Ils ont entre 19 et 24 ans, sont inexpérimentés et vouent une admiration sans bornes à Musk. Ce dernier n’a pas hésité à leur confier l’accès à certains systèmes informatiques vitaux du pays. Le prix Nobel d’économie Paul Krugman a parlé de « coup d’État du XXIe siècle ». Un avis partagé par l’historien Timothy Snyder : « C’est un coup d’État mené par une vingtaine de jeunes hommes en civil, armés uniquement de clés USB. »
Les figures clés du DOGE
1. Akash Bobba (22 ans)
Akash Bobba est un jeune ingénieur diplômé de l’Université de Californie à Berkeley, où il a suivi le prestigieux programme Management, Entrepreneurship, and Technology. Avant de rejoindre le projet DOGE, il a acquis de l’expérience en tant que stagiaire chez des entreprises de premier plan comme Bridgewater Associates, Meta et Palantir. Il jouerait un rôle clé dans la gestion des technologies et logiciels au sein du gouvernement et est souvent décrit comme un « expert » en technologie appliquée à la gestion publique.
2. Edward Coristine (19 ans)
Edward Coristine, apparemment tout juste sorti du lycée, est actuellement étudiant à l’Université Northeastern. Se faisant parfois appeler « Big Balls », il aurait déjà travaillé pour une société de recrutement de hackers avant de rejoindre Neuralink pour un stage de trois mois cet été. Selon Bloomberg, Edward Coristine aurait déjà été licencié en 2022 d’un stage chez Path Network après avoir été accusé de divulgation d’informations confidentielles à un concurrent. Un parcours qui laisse sceptique quant à sa fiabilité, mais qui ne l’a pas empêché d’être désigné comme « expert » auprès de l’Office of Personnel Management (OPM). Il jouerait un rôle central dans la gestion des infrastructures numériques et de la sécurité de l’État et participerait régulièrement aux réunions avec les fonctionnaires.
3. Luke Farritor
Ancien stagiaire de SpaceX, Luke Farritor travaille aujourd’hui chez Thiel Fellow, un programme financé par Peter Thiel, cofondateur de Palantir. Il a quitté l’Université du Nebraska à Lincoln avant d’obtenir son diplôme, mais s’est déjà illustré dans le domaine des technologies. En 2023, il avait mis au point un algorithme utilisant l’intelligence artificielle pour déchiffrer un papyrus carbonisé retrouvé dans les ruines de Pompéi.
4. Gautier Cole Killian
Ancien étudiant de l’Université McGill, Gautier Cole Killian travaille aujourd’hui bénévolement au sein du projet DOGE. Il a également une expérience en ingénierie chez Jump Trading, une société spécialisée dans le trading algorithmique. Son expertise en finance et en intelligence artificielle lui permettrait d’« aider » à intégrer de nouvelles technologies dans les administrations publiques.
5. Gavin Kliger (25 ans)
Gavin Kliger, ancien étudiant de l’Université de Californie à Berkeley, a travaillé pour Databricks, une entreprise spécialisée dans l’intelligence artificielle. Il est maintenant conseiller spécial auprès du directeur de l’OPM et se spécialise dans la gestion de l’information et des technologies. Selon le New York Times, il serait à l’origine du mail envoyé aux fonctionnaires annonçant la fermeture du siège de l’USAID.
6. Ethan Shaotran (22 ans)
Étudiant en informatique à Harvard, Ethan Shaotran est le fondateur d’Energize AI, une startup financée par OpenAI. Il a remporté un hackathon organisé par xAI, la société d’intelligence artificielle d’Elon Musk. Malgré son jeune âge, il a déjà joué un rôle majeur dans le développement de solutions numériques et met ses compétences au service de la gestion publique.
D’autres profils similaires graviteraient autour du DOGE, encadrés par des figures plus expérimentées comme Steve Davis. Musk aurait aussi placé ses proches à l’Office of Personnel Management (OPM). Amanda Scales, ancienne cadre chez Uber et xAI, est désormais cheffe de cabinet de l’OPM, tandis que Riccardo Biasini, ancien ingénieur chez Tesla et directeur des opérations de Boring Company, est devenu conseiller principal du directeur de l’OPM. Cette prise de contrôle suscite des craintes quant à une politisation de l’institution.
La résistance s’organise
Toutefois, l’action du DOGE fait face à des recours judiciaires. Un juge fédéral a suspendu la réduction des effectifs de l’USAID, que Musk et Trump souhaitent ramener de 10 000 à seulement 300 employés. De plus, le juge Paul Engelmayer a bloqué l’accès du DOGE au système de paiement du Trésor américain et ordonné à Musk et à ses équipes de « détruire immédiatement toutes les copies du matériel téléchargé ». En réaction, le DOGE a annoncé une réorganisation de ses activités et dépend désormais directement du bureau exécutif de Donald Trump. De quoi se mettre juridiquement à l’abri.
Trump, quant à lui, semble déterminé à poursuivre le projet et aurait confié au DOGE un nouvel os à ronger : le budget du Pentagone.
L’ombre de Palantir
Deux des membres du DOGE cités plus haut auraient des liens avec Palantir Technologies, une entreprise américaine spécialisée dans l’analyse de données massives. Fondée en 2003 par Peter Thiel et dirigée par Alex Karp, elle est connue pour ses plateformes Palantir Gotham et Palantir Foundry, utilisées par des agences gouvernementales et des entreprises privées pour traiter d’énormes quantités de données.
Cependant, Palantir est également une entreprise controversée en raison de ses collaborations avec des agences américaines comme la CIA, le FBI et le département de la Défense. Son implication dans des programmes de surveillance et d’immigration, notamment avec l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), a soulevé des inquiétudes sur la protection des libertés individuelles.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici