Qui pour remplacer Joe Biden ? 10 candidats potentiels

C’était dans l’air et pourtant la nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Le président américain Joe Biden ne brigue plus un second mandat et soutient la vice-présidente Kamala Harris pour lui succéder. Mais quels sont les autres candidats susceptibles de le remplacer au sein de son parti ? Petit tour d’horizon.

The Economist a dressé une liste de 10 alternatives plausibles à Joe Biden.

Andy Beshear (46 ans), gouverneur du Kentucky

Andy Beshear est une curiosité : un gouverneur démocrate dans un État profondément rouge (Donald Trump a remporté le Kentucky avec environ deux tiers des voix en 2020). Son style calme, sa politique pragmatique et son pedigree – son père a occupé la même fonction – sont autant d’atouts. Selon un sondage réalisé par Morning Consult en avril 2024, Beshear était le gouverneur démocrate en exercice le plus populaire, avec un taux de 65 %, et le quatrième gouverneur le plus populaire. L’année dernière, il a été réélu en affichant un faible taux de chômage, l’important excédent budgétaire et les gros investissements des constructeurs automobiles. Mais la super majorité républicaine au sein de l’Assemblée législative de l’État a réduit sa marge de manœuvre. Les républicains ont ainsi fait sauter 20 de ses 23 vetos au cours de la dernière législature.

Pete Buttigieg (42 ans), secrétaire aux transports

Diplômé de Harvard et d’Oxford, ancien consultant de McKinsey et vétéran de la marine, Pete Buttigieg ressemble à de nombreux politiciens démocrates modérés. Sauf qu’il est marié à un homme. Ce qui ferait de lui la première personne ouvertement homosexuelle à figurer sur le bulletin de vote d’un grand parti. Peu d’électeurs en dehors de son État d’origine, l’Indiana, avaient entendu parler de Buttigieg avant sa participation aux primaires démocrates de 2020. Il remportera la première course à l’investiture dans l’Iowa, avant d’abandonner. Pendant cette campagne, il hérite du sobriquet « Mayor Pete », car son seul poste élu était la mairie de South Bend, dans l’Indiana (population d’environ 100 000 habitants). Plus tard, Joe Biden l’a nommé secrétaire aux transports et l’a chargé de distribuer 126 milliards de dollars de fonds fédéraux dans le cadre d’une importante loi sur les infrastructures adoptée en 2021. Ces derniers temps, il a consacré une grande partie de son temps à défendre contre les attaques des républicains les subventions accordées par Biden aux voitures électriques.

Kamala Harris (59), vice-présidente

En tant que vice-présidente, Kamala Harris est le choix le plus évident. Malheureusement, elle n’inspire pas confiance aux ténors démocrates et les électeurs le sentent bien. De récents sondages réalisés par The Economist et YouGov suggèrent qu’elle n’est qu’une option légèrement plus favorable que son patron. Pourtant, les choses n’ont pas toujours été ainsi. Fille d’immigrés sud-asiatiques et jamaïcains réunis par le mouvement des droits civiques, Mme Harris est entrée dans l’histoire en devenant la première femme non blanche vice-présidente des États-Unis. Avant de rejoindre le bureau ovale, elle a été procureur de district à San Francisco et procureur général de Californie, avant de devenir sénatrice en 2017. Mme Harris a joué un rôle central dans les récentes tentatives de la campagne de M. Biden de gagner le soutien des électeurs noirs, un groupe qu’elle a eu du mal à impressionner lors de sa propre campagne pour la présidence en 2020, qui s’est soldée par un échec. Après avoir été critiquée au début de son mandat pour sa politique migratoire, elle a tenté de créer sa propre identité politique. Récemment, elle a trouvé ses marques en matière de droits à l’avortement.

Gavin Newsom (56 ans), gouverneur de Californie

Il sait mieux que la plupart des autres gouverneurs de cette liste, ce qu’implique la gestion d’un pays. S’il s’agissait d’une nation, la Californie aurait la cinquième économie du monde. Elle abrite la Silicon Valley et Hollywood. Gavin Newsom a rencontré Xi Jinping et le pape François. C’est un habile débatteur qui connaît bien ses dossiers. Il est également connu de nombreux Américains puisqu’il intervient régulièrement en tant qu’expert sur les chaînes nationales et qu’il est l’un des porte-parole les plus actifs de Joe Biden.

S’il était le candidat des démocrates, cela mettrait en exergue ce qu’il défend (droit à l’avortement, lois plus strictes sur les armes à feu, transition plus rapide vers l’abandon des combustibles fossiles). Un coup de projecteur qui serait à la fois un cadeau et une malédiction. Les républicains considèrent en effet que Newsom est l’incarnation du progressisme et que San Francisco (dont il a été maire au début des années 2000) est le  symbole de la décadence l’Amérique. Selon ces derniers, les problèmes de la Californie – sans-abri, coût de la vie élevé et déficit budgétaire – sont autant de preuves de sa mauvaise gestion.

Jared Polis (49), gouverneur du Colorado

Le gouverneur du Colorado en est à son deuxième mandat et semblait déjà faire campagne pour la présidence en 2028. Son histoire est fascinante. Jared Polis est gay et juif, ce qui peut l’aider auprès des démocrates qui aimeraient voir plus de diversité au sommet de l’État. Mais plus importante encore est sa politique pragmatique. Si le Colorado est aujourd’hui solidement bleu, c’est en partie grâce à Jared Polis. Au début des années 2000, il était l’un des donateurs libéraux du « Gang des quatre », qui a mené une campagne fructueuse pour faire élire des démocrates à tous les niveaux du gouvernement de l’État. (Avant d’entrer en politique, M. Polis était un entrepreneur dans le domaine de la technologie : son patrimoine net s’élève à au moins 300 millions de dollars). Son libertarisme occidental séduit les nombreux électeurs indépendants du Colorado. Il connaît également Washington, puisqu’il a été membre du Congrès pour le Colorado pendant 10 ans. Son manque de notoriété nationale risque néanmoins de lui jouer des tours, ainsi que les révélations selon lesquelles il n’a pas payé d’impôt sur les millions qu’il a engrangés.

Jay Robert Pritzker (59 ans), gouverneur de l’Illinois

Sur le papier, Pritzker n’est pas un choix évident. Il est originaire de Chicago – une ville que les républicains détestent – et c’est un riche héritier qui doit sa fortune aux hôtels Hyatt. Mais le milliardaire s’est forgé une réputation d’impitoyable politique. Lors des élections de mi-mandat en 2022, il a été réélu. Il a contribué à renforcer la supermajorité démocrate au sein de la législature de l’État de l’Illinois en défendant des politiques populaires. Il a également contribué à élargir la délégation de son parti à la Chambre des représentants, en partie grâce à un soutien financier et à l’approbation de nouvelles cartes de redécoupage. Il a signé de nombreuses lois progressistes, telles que l’augmentation des congés payés, l’interdiction des armes d’assaut et l’abolition des cautions en espèces, tout en gardant les modérés de son côté. Au niveau national, il a utilisé son groupe de pression Think Big America, spécialisé dans le droit à l’avortement, pour étendre son influence. Enfin, il est particulièrement populaire parmi les militants démocrates. Malgré sa richesse, il n’a pas eu une jeunesse facile. Son père est mort subitement lorsqu’il avait sept ans. Et  sa mère, alcoolique, est décédée dans un accident de voiture dix ans plus tard.

Gina Raimondo (53), ministre du commerce

Gina Raimondo est elle populaire auprès des chefs d’entreprise. En cas d’un second mandat de Joe Biden, elle aurait dû succéder à Janet Yellen, secrétaire au Trésor. Elle s’est engagée à verser des milliards de dollars aux entreprises technologiques dans le cadre du « Chips Act », une série de mesures incitatives adoptées en 2022 pour ramener aux États-Unis la fabrication de puces high-tech. Petite-fille d’immigrés italiens, Mme Raimondo et sa famille ont été durement touchées lorsque son père, vétéran de la marine, a perdu son emploi après la fermeture de l’usine où il travaillait et la délocalisation de la production en Chine. Mme Raimondo a étudié à Harvard, Oxford et Yale avant de fonder une société de capital-risque en 2001. Elle a été trésorière du Rhode Island avant de devenir la première femme gouverneur de l’État en 2015. Elle est saluée pour sa réforme radicale du système de retraite public du Rhode Island, qui était autrefois le plus gros fonds de retraite des États-Unis.

Josh Shapiro (51 ans), gouverneur de Pennsylvanie

Être gouverneur est « le seul travail que je souhaite », a déclaré Josh Shapiro il n’y a pas si longtemps. Mais être élu à ce poste dans une Pennsylvanie bien ancré à droite pourrait être un bon entraînement pour une campagne nationale. M. Shapiro fait partie des modérés et sa campagne en 2022 a régulièrement eu des accents républicains. Il a reçu le soutien de la gauche, des centristes et même de certains républicains, ce qui n’est pas un mince exploit dans ce champ de bataille présidentiel. Soutenu par une campagne bien financée, il a battu son adversaire pour devenir le premier démocrate de Pennsylvanie à succéder à un collègue de parti en 64 ans. Sa devise, « Get stuff done » (ou « Get shit done », selon son auditoire), n’est pas qu’un simple discours.

Chose inhabituelle pour un démocrate, M. Shapiro est un partisan des bons d’études. L’année dernière, sa réouverture rapide de l’I-95, une autoroute vitale qui s’était effondrée, lui a valu des éloges. En tant que procureur général, il a fait la une des journaux nationaux pour son enquête historique sur les abus sexuels au sein de l’Église catholique. Fils d’une enseignante et d’un ancien officier de marine, il a grandi dans la banlieue de Philadelphie. Deux exemples qui l’ont poussé à devenir fonctionnaire.

Raphael Warnock (54), sénateur de Géorgie

L’élection de Warnock, le premier sénateur démocrate noir du Sud, contribuerait à ralentir le glissement des électeurs noirs vers Donald Trump. Il augmenterait également les chances des démocrates de s’emparer de la Géorgie. Cet État pivot que M. Biden n’a remporté que de justesse en 2020 et qu’il est susceptible de perdre cette année. Le sénateur, orateur charismatique, est relativement nouveau dans la vie publique : il a remporté sa première élection qu’en 2021, lors d’une élection spéciale visant à pourvoir un siège laissé vacant par un républicain qui prenait sa retraite. Onzième d’une famille de 12 enfants, M. Warnock a grandi dans un logement subventionné. Ses parents étaient tous deux prédicateurs et il a suivi leurs traces. À 35 ans, il est devenu pasteur de l’église baptiste Ebenezer à Atlanta, un poste autrefois occupé par Martin Luther King junior. C’est là qu’il commence à s’impliquer dans la politique. Il a fait campagne pour la réforme de la justice pénale et l’extension de Medicaid, un programme d’assurance maladie pour les pauvres. Il sera même arrêté une fois lors d’une manifestation.

Gretchen Whitmer (52), gouverneure du Michigan

En 2020, c’est Gretchen Whitmer qui sera choisie pour répondre au discours de Donald Trump sur l’état de l’Union. Elle n’était alors gouverneur que depuis un an. Son étoile n’a fait que monter depuis. Son approche pragmatique de la politique et son bilan positif dans le Michigan, un État à bascule ont été autant de bases solides pour une ascension éclair. En 2022, elle a remporté sa réélection avec 10 points d’avance, tout en menant une campagne acharnée en faveur du droit à l’avortement. Les démocrates ont pris le contrôle des deux chambres législatives. Elle voulait être présentatrice sportive, mais après un stage à la Chambre des représentants, elle change d’avis et devient sera élue avant l’âge de 30 ans. Son profil national a fait d’elle une cible. Trump a exhorté ses partisans à « débarrasser » le Michigan de ses confinements liés au covid. En 2020, elle sera la cible d’une tentative (déjouée) d’enlèvement de la part de la droite. Ce 9 juillet, elle a sorti des mémoires politiques intitulés True Gretch. De quoi alimenter un peu plus les spéculations selon lesquelles elle pourrait se positionner dans la course à la présidence.

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