Qui est Yahya Sinouar, le nouveau leader du Hamas ?

Yahya Sinouar - Yousef Masoud/SOPA Images/LightRocket via Getty Images)
Baptiste Lambert

Ayant passé 23 ans dans les geôles israéliennes, celui qui est considéré comme le cerveau des attentats du 7 octobre dernier devient officiellement le chef politique du Hamas. Plus apparu en public depuis lors, il est considéré comme “le mort en sursis” par l’armée israélienne.

L’organisation terroriste l’a annoncé mardi soir : le Hamas a trouvé en Yahya Sinouar le remplaçant d’Ismaël Haniyeh, assassiné à Téhéran la semaine dernière, dans une frappe israélienne. L’homme de 61 n’est évidemment pas un inconnu : il était jusque-là le chef du Hamas à Gaza et considéré par Israël comme l’un des cerveaux des attentats du 7 octobre. Depuis lors, il est introuvable, et se terre dans les tunnels.

On le décrit comme “l’homme de la sécurité par excellence” de l’organisation terroriste, issu d’une branche plus radicale que son prédécesseur, avec “un charisme de leader”. Des lettres noblesses d’autant plus renforcées dans le contexte actuel, où il est au cœur des combats et pas exilé au Qatar. Aux yeux des Palestiniens, il est vu comme beaucoup plus légitime que l’Autorité Palestinienne. Mais Yahya Sinouar prône la réunification des autorités entre la bande de Gaza, tenue par le Hamas, la Cisjordanie, administrée par le Fatah de Mahmoud Abbas, et Jérusalem-Est.

Que signifie sa nomination ?

Face à la guerre totale que mène Israël contre la Palestine, le Hamas envoie forcément un message avec la nomination de Yahya Sinouar. L’organisation montre qu’elle est là pour durer et qu’elle est le seul interlocuteur palestinien. Surtout, elle répond à la radicalité par la radicalité : aucune bombe ne pourra la soumettre. “Un message de résistance face à l’occupant”, a communiqué officiellement l’organisation terroriste.

On dit de Yahya Sinouar qu’il “n’emploie pas la force pour la force”, explique à l’AFP Leïla Seurat, chercheuse au Centre arabe de recherches et d’études politiques (CAREP) à Paris, “mais pour amener les Israéliens aux négociations”. Le nouveau chef du Hamas aurait d’ailleurs déjà participé à certaines négociations menant à la libération d’otages et à une proposition de cessez-le-feu, sans être toutefois l’interlocuteur principal.

On sait depuis un certain temps qu’Israël n’est pas prêt à négocier sans la libération totale des otages. Désormais, le Hamas montre qu’il n’est pas plus disposé à négocier, ce qui est forcément de très mauvaise augure pour la suite du conflit, qui est en passe de s’élargir au Liban et en Iran.

La réaction du ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, laisse peu de place aux doute. Il déclarait, dès hier soir, qu’il fallait “rapidement l’éliminer” et que sa place était “aux côtés d’Ismaël Haniyeh”.

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