Qui est Mark Carney, ancien banquier central britannique, et prochain Premier ministre du Canada

Mark Carney © (Photo by Dave Chan / AFP)

L’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, sera probablement le prochain Premier ministre du Canada. Et pour remplir sa fonction, il devra mobiliser toute son expertise en gestion des crises économiques, alors que le pays fait face à une guerre commerciale déclenchée par le président américain Donald Trump.

Au début des années 2000, Mark Carney a travaillé plus d’une dizaine d’années au sein de la banque d’affaires Goldman Sachs. Lorsqu’il a pris ses fonctions en 2013, Mark Carney a été le premier étranger à diriger la Banque d’Angleterre en plus de 300 ans d’histoire. Auparavant, il avait guidé son pays le Canada à travers la Grande Récession. Et ce en tant que gouverneur de la Banque centrale du Canada, avant d’être nommé à la tête de la banque centrale britannique.

Mais contrairement à la plupart de ses adversaires politiques, Carney n’a jamais occupé de véritable fonction politique. Cela ne l’a toutefois pas empêché de remporter l’élection pour succéder à Justin Trudeau en tant que chef du Parti libéral du Canada. Il deviendra officiellement Premier ministre dans les jours qui viennent après une passation de pouvoir avec Justin Trudeau.

Et s’il dirige le pays, ce sera pour traverser la guerre commerciale avec son principal partenaire économique, les États-Unis. Mark Carney pourrait cependant ne pas rester en poste très longtemps. En effet,, le Canada doit organiser des élections au plus tard en octobre.

Un CV au service de la finance

Fils d’un directeur de lycée, Mark Carney a obtenu une bourse pour étudier à l’université Harvard, où il a pratiqué le hockey sur glace.
En 1995, il décroche un doctorat en économie à l’université d’Oxford.
En 2003, il quitte le secteur privé pour rejoindre la Banque du Canada en tant que sous-gouverneur adjoint, avant d’intégrer le ministère des Finances au poste de sous-ministre délégué principal.

C’est en 2007 qu’il est nommé gouverneur de la Banque du Canada, peu avant la crise financière mondiale. Il est reconnu pour avoir joué un rôle clé dans l’atténuation des effets de la récession sur l’économie canadienne.
Il a clairement annoncé son intention de maintenir les taux d’intérêt très bas pendant au moins un an, après les avoir drastiquement réduits. Cette décision a permis aux entreprises de poursuivre leurs investissements malgré la chute des marchés. Une approche qu’il adoptera de nouveau lorsqu’il sera appelé à Londres pour diriger la Banque d’Angleterre.

En 2013, dès le début de son mandat à la tête de la Banque d’Angleterre, Mark Carney s’est vu confier la responsabilité de la régulation financière. Il est reconnu pour avoir modernisé l’institution, se montrant bien plus présent dans les médias que son prédécesseur.
En 2015, il réduit le nombre de réunions sur les taux d’intérêt de 12 à 8 par an et impose la publication des procès-verbaux en même temps que les décisions de politique monétaire.

Des prises de position controversées

Contrairement à ses prédécesseurs, généralement discrets, Mark Carney a pris des positions tranchées à l’occasion de deux référendums majeurs.

En 2014, il met en garde contre les conséquences d’une indépendance de l’Écosse. En affirmant que le pays pourrait devoir céder une partie de sa souveraineté monétaire s’il souhaitait continuer à utiliser la livre sterling.

Avant le référendum sur le Brexit, il avertit qu’un vote en faveur de la sortie de l’Union européenne pourrait plonger le pays en récession. Après la victoire du « Leave », la démission de David Cameron et la chute brutale de la livre sterling, il s’adresse à la nation pour rassurer la population sur la stabilité du système financier.

Bras de fer contre Trump

Habitué des sommets du G20, Carney a ainsi pu observer de près l’influence de Trump sur la scène internationale. Son parcours lui a permis d’acquérir une solide expérience face à Donald Trump. Ce dernier, depuis son retour au pouvoir en janvier, n’a cessé d’imposer de lourds tarifs douaniers au Canada. Il a même suggéré que les États-Unis devraient annexer leur voisin moins puissant et faire du Canada le “51e État américain”.

Le futur Premier ministre du Canada est ainsi monté au créneau dimanche contre Donald Trump. En assurant dans un discours offensif que son pays “gagnera”. Et que le Canada “ne fera jamais partie des États-Unis, de quelque façon que ce soit”.

“Les Canadiens sont toujours prêts quand quelqu’un lance le gant. Que les Américains ne s’y trompent pas. Dans le commerce comme au hockey, le Canada gagnera”, a-t-il lancé. Une référence à la rivalité sportive des deux pays, instrumentalisée récemment par Donald Trump. “Donald Trump attaque les familles, les travailleurs, les entreprises canadiennes, nous n’allons pas le laisser faire”, a promis Mark Carney.

La culture française en danger

“Les Américains veulent nos ressources, notre eau, notre terre, notre pays”, a-t-il mis en garde. “S’ils devaient réussir ils détruiraient notre façon de vivre”. “Aux États-Unis (…), il n’y aura jamais de droit à la langue française”, a-t-il dit dans son discours, passant régulièrement de l’anglais au français. “La joie de vivre, la culture, et la langue française font partie de notre identité”.

“Ce sont des jours sombres, des jours sombres provoqués par un pays (les États-Unis) à qui nous ne pouvons plus faire confiance”, a-t-il poursuivi.

Carney est également reconnu pour son engagement en faveur du développement durable. En 2019, il a été nommé envoyé spécial des Nations unies pour le climat et, en 2021, il a lancé la Glasgow Financial Alliance for Net Zero, un regroupement de banques et d’institutions financières engagées dans la lutte contre le changement climatique.

Élections en ligne de mire

Mais Mark Carney, originaire de l’Ouest canadien, devra rapidement rassembler son parti en vue des prochaines élections au mois d’octobre. “Il est considéré comme le seul candidat qui donne aux libéraux une chance de remporter les prochaines élections”, estime Cameron D. Anderson de l’Université Western Ontario.

Jusqu’ici les électeurs canadiens semblaient rejeter des libéraux impopulaires. Ils étaient jugés responsables de la forte inflation, de la crise du logement et des services publics. Mais l’arrivée de Donald Trump a rebattu les cartes politiques.

Selon un sondage de l’institut Angus Reid publié mercredi, M. Carney est le choix préféré des Canadiens pour affronter M. Trump, avec 43% des personnes interrogées qui le plébiscitent contre 34% pour le chef de file des conservateurs, Pierre Poilievre.

Ce dernier, qui avait le vent en poupe ces derniers mois, semble perdre du terrain dans ce nouveau contexte politique même si le parti conservateur reste légèrement en tête des intentions de vote.

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