Que nous raconte la casquette MAGA de Donald Trump ?


Le monde est encore sous le choc des droits de douane, bien plus élevés que prévus, imposés par le Président américain lors de son “Liberation Day”, qui, pour le commerce mondial, a plutôt été un “Obliteration Day”.
Donald Trump le répète face caméra, quand il ne joue pas au golf : l’objectif officiel de ces mesures est de faire disparaître le déficit commercial avec TOUS les pays avec lesquels les États-Unis commercent, parce qu’il voit un déficit commercial comme un simple vol.
Bon, on pourrait rétorquer au Président américain qu’un des moyens de ne pas subir un trop gros déficit commercial serait que les Américains consomment moins et épargnent plus (cela serait déjà un premier élément de solution pour financer le déficit budgétaire) ou que l’industrie américaine soit plus compétitive.
Ainsi, si les responsables de la Maison-Blanche s’étonnent de voir peu de limousines américaines dans les rues d’Europe ou du Japon, c’est simplement que ces voitures ne sont pas taillées pour les consommateurs européens ou japonais. Il y avait bien in constructeur américain qui commençait à être compétitif, il s’appelait Tesla, mais sa politique marketing n’a pas été, disons, optimale.
L’épicier d’Olivier Blanchard
Mais surtout, comme le souligne l’ancien “chief economist” du FMI, « il est normal d’avoir des excédents/déficits commerciaux bilatéraux avec différents pays. Tenter de les éliminer tous est tout simplement stupide. J’ai un déficit commercial avec mon épicier et un excédent commercial avec mon employeur. Je ne suis pas sûr que ce serait une bonne idée pour moi de travailler pour mon épicier. » Il en est de même pour les relations commerciales entre pays.
Comment faire comprendre cela à Donald Trump ? En lui suggérant d’ôter un moment sa casquette rouge. S’il retourne sa casquette floquée MAGA, il verra d’abord une étiquette noire, avec un joli drapeau américain dessus, sur laquelle il pourra lire, pour son grand plaisir, « Designed in USA ». Mais ensuite, s’il avait la curiosité de bouger cette étiquette et de voir ce qu’elle cache, il serait surpris, et certainement très mécontent, de voir apparaître une autre étiquette : « Polyester 100 %, Made in China ». La quasi-majorité des gadgets (drapeaux, écharpes, casquettes …) vendus dans les boutiques ciblant la clientèle des fans de Trump sont d’ailleurs fabriqués en Chine ou au Vietnam.
Première leçon
Cette casquette rouge pourrait donc servir de première leçon d’économie internationale à Donald Trump : même lui a besoin de la mondialisation pour pouvoir continuer à réaliser une marge confortable sur les produits qu’il vend. Et faire revenir une usine de fabrication de casquettes aux États-Unis ne serait pas une bonne idée : la Chine continuera à faire des casquettes, dont le prix de revient continuera à être le tiers, le quart, le dixième de ce qu’un fabricant de casquettes pourrait offrir aux États-Unis.
Et d’ailleurs, aucun ouvrier américain ne voudrait travailler au salaire d’un ouvrier chinois des campagnes ou d’un ouvrier vietnamien. Quand on entend le secrétaire au Commerce de Donald Trump, Howard Lutnick, dire qu’avec ces tarifs, « l’armée de millions et de millions d’êtres humains qui vissent des petites vis pour fabriquer des iPhones – ce genre de choses va arriver en Amérique », on peut s’interroger : est-ce cela qu’il veut pour les États-Unis ? Est-ce le modèle de société que veulent les Américains ?
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