Dans une interview exclusive accordée à nos confrères du magazine français Le Point, Larry Fink identifie trois défis qui le préoccupent aujourd’hui : la révolution technologique portée par l’IA et la robotique, la viabilité des systèmes de retraite face au vieillissement de la population, et la crise environnementale.
Fils d’un vendeur de chaussures à Los Angeles devenu grand patron du numéro un mondial de la gestion d’actifs aux 11.600 milliards de dollars de fonds gérés, Larry Fink est plus qu’un financier qui pèse lourd : c’est un faiseur de rois, une personnalité influente dans les hautes sphères du pouvoir, écouté par les gouvernements et les banques centrales. Interrogé par nos confrères du magazine français Le Point sur les menaces les plus pressantes pour notre avenir, il pointe trois risques majeurs.
“Apprendre le code, ce n’est pas utile”
Le premier de ces trois risques majeurs aux yeux de Larry Fink, c’est “la vitesse du changement technologique”. Le boss de BlackRock estime en effet que le développement rapide de l’intelligence artificielle et de la robotique représentent une transformation profonde du monde du travail. Si cette mutation suscite des inquiétudes, elle recèle aussi un potentiel considérable : “Le développement de l’intelligence artificielle (IA) et de la robotique va détruire des emplois. Mais il va aussi en créer de nouveaux.” L’enjeu, selon Larry Fink, est de savoir “se concentrer sur les opportunités” plutôt que de céder à la peur.
Son conseil aux jeunes ? “Étudier une combinaison de mathématiques, de lettres et d’histoire. Avant, on appelait ça la philosophie.” Pour lui, la clé réside dans la capacité à raisonner de manière complexe, plus utile que jamais à l’heure des décisions rapides et des incertitudes technologiques. Il balaie ainsi d’un revers de main l’idée selon laquelle apprendre à coder serait indispensable : “Apprendre le code, ce n’est pas utile, car les IA coderont à notre place.” Ce qui ne signifie pas la fin du rôle humain, bien au contraire. Il insiste sur l’importance des métiers manuels, souvent sous-estimés, qui resteront indispensables dans l’économie de demain. “Pensez par exemple aux infirmières, aux électriciens ou aux plombiers !”, lance-t-il.
“La longévité est une bénédiction”
La deuxième grande menace pointée par Larry Fink, c’est le vieillissement. Avec une espérance de vie en constante augmentation, notamment grâce aux progrès médicaux, la question de la soutenabilité de nos systèmes de retraite se pose de manière urgente : “La longévité est une bénédiction. Mais nous devons nous poser la question : a-t-on les moyens, collectivement, de faire face à l’augmentation des dépenses liées à la longévité ?”
Vivre plus longtemps signifie en effet financer plus longtemps des pensions, des soins de santé et un accompagnement adapté à une population vieillissante. Ce changement démographique majeur impose donc une réflexion de fond sur la viabilité des modèles actuels de retraite et sur les réformes à envisager pour assurer leur pérennité, selon le big boss de BlackRock.
“La santé de notre planète”
Enfin, le troisième grand risque évoqué par Larry Fink concerne ce qu’il appelle “la santé de notre planète”. Pour lui, il ne s’agit pas de choisir entre croissance et écologie, mais d’adopter une approche équilibrée et réaliste. C’est pourquoi il appelle à un changement de paradigme énergétique fondé sur la complémentarité : “Il faut faire preuve de pragmatisme et envisager un mix énergétique diversifié alliant renouvelables et hydrocarbures”, explique-t-il.
Cette stratégie, selon Larry Fink, est essentielle pour répondre aux besoins énergétiques croissants d’une population mondiale en forte augmentation, tout en soutenant le développement exponentiel des technologies, notamment celui de l’intelligence artificielle, qui repose sur une consommation énergétique massive.