Poutine promet d’aller “jusqu’au bout” en Ukraine, mais espère éviter l’arme nucléaire

Dans un documentaire de la télévision d’Etat relayé par CNN, Vladimir Poutine affirme vouloir mener la guerre en Ukraine “jusqu’au bout”, tout en espérant ne pas recourir à l’arme nucléaire. Une posture offensive face à un Occident qu’il continue d’accuser de provocation.
Dans un film diffusé par la télévision d’État, intitulé « Russie, Kremlin, Poutine, 25 ans », retraçant le quart de siècle de Poutine en tant que dirigeant suprême de la Russie, le président russe a précisé qu’il espérait ne pas avoir à recourir à l’arme nucléaire. « Ils voulaient nous provoquer pour que nous fassions des erreurs », a déclaré Poutine, s’exprimant à côté d’un portrait du tsar Alexandre III, connu pour sa répression des opposants. « Il n’a pas été nécessaire d’utiliser ces armes… et j’espère qu’elles ne seront pas nécessaires », ajoute-t-il. « Nous avons suffisamment de force et de moyens pour mener à son terme logique ce qui a été commencé en 2022, avec le résultat que la Russie exige. » L’ancien directeur de la CIA William Burns a déclaré qu’il existait un risque réel, fin 2022, que la Russie utilise des armes nucléaires contre l’Ukraine — une affirmation rejetée par Moscou.
“Un bain de sang”
L’intervention de Poutine relayée par CNN survient dans un contexte où la guerre semble s’enliser, malgré les pertes humaines massives — plusieurs centaines de milliers de soldats tués ou blessés selon les estimations occidentales — et alors que les pressions internationales s’intensifient. Donald Trump martèle depuis des semaines sa volonté de mettre fin à ce qu’il qualifie de “bain de sang”, présenté par son camp comme une guerre par procuration entre Washington et Moscou.
Face à une Ukraine soutenue militairement par l’Occident et un front gelé, Poutine présente ce conflit comme un tournant historique dans les relations entre la Russie et les puissances occidentales. Il accuse ces dernières d’avoir humilié Moscou depuis la chute du Mur de Berlin, notamment par l’élargissement de l’OTAN aux frontières russes. À ses yeux, l’invasion constitue une réponse à cette pression géopolitique, plus qu’une simple opération militaire.
Un aperçu rare de la vie privée de Poutine
Dans ce film soigneusement scénarisé de la télévision d’État, qui offre un rare aperçu de la vie privée du président russe, on voit notamment Poutine offrir des chocolats et une boisson lactée fermentée russe au journaliste Pavel Zaroubine dans la cuisine privée du Kremlin, rapporte CNN. Poutine a confié qu’il avait prié à genoux pour la première fois lors de la crise du théâtre Nord-Ost à Moscou en 2002, lorsque des militants tchétchènes avaient pris plus de 900 personnes en otage. Plus de 130 otages avaient été tués. « Je ne me considère pas comme un politicien », a déclaré Poutine à propos de ses 25 ans passés à la tête de l’État en tant que président et Premier ministre. « Je continue de respirer le même air que des millions de citoyens russes. C’est très important. Que Dieu fasse que cela dure aussi longtemps que possible. Et que cela ne disparaisse pas. »
En filigrane, c’est aussi le bilan personnel de Poutine que retrace ce documentaire : celui d’un homme fort, toujours populaire – plus de 85 % d’opinions favorables selon les instituts russes – qui entend rester proche “du peuple russe” en se positionnant comme le rempart face au chaos de l’après-soviétisme. Une mise en scène soignée, mais révélatrice d’une Russie fermée, centralisée et plus que jamais tournée vers un affrontement prolongé avec l’Occident.
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