Pourquoi Tim Walz ne fera pas gagner Kamala Harris tout en étant nécessaire
La nomination de Tim Walz comme colistier de Kamala Harris vise à rassurer l’aile gauche des démocrates. Mais c’est à droite, du côté des modérés républicains qui n’apprécient pas Trump, que l’élection présidentielle se joue. Un jeu d’équilibriste attend la candidate démocrate à la présidentielle.
D’ex-marine à professeur de géographie, de surveillant de cantine au lycée à membre du congrès puis gouverneur du Minnesota en 2019. Tim Walz, promu colistier, est la caution populaire de Kamala Harris, figure de l’establishment.
Tim Walz est perçu comme un homme simple, qui parle vrai. C’est un blanc du Midwest, ce qui est censé rassurer l’Amérique profonde. Il est aussi ancré à gauche, ce qui est censé rassurer la base la plus gauche du camp démocrate. À la tête du Minnesota, Tim Walz a notamment renforcé le droit à l’avortement, légalisé le cannabis récréatif, élargi l’accès au vote et a même fait voter des conditions plus strictes pour le port d’arme, auquel il n’est toutefois pas opposé. À son crédit, à gauche, on peut y ajouter un fort soutien syndical.
Mais Tim Walz n’est pas Elizabeth Warren pour autant, et encore moins Bernie Sanders. En tant que gouverneur, il a dû adopter un positionnement plus centriste que peut le faire un membre du Congrès. Tim Walz est décrit pas la presse américaine comme quelqu’un de raisonnable, qui a les pieds sur terre.
Jeu d’équilibre
Beaucoup de spécialistes de la politique américaine estiment toutefois que la campagne se jouera du côté des modérés républicains. Pour gagner le Michigan, la Pennsylvanie et le Wisconsin, les 3 swing states qui devraient décider du sort des élections, Kamala Harris doit séduire les électeurs qui pensent que les démocrates sont un peu trop à gauche, mais qui n’aiment pas non plus Donald Trump.
Et ce n’est pas Tim Walz, inconnu au niveau national, qui les poussera à se déplacer. Mais en nommant Tim Walz, Kamala Harris gagne la confiance de la gauche de son parti, ce qui lui permettra, elle-même, d’opérer un tournant plus à droite, dans son discours.
Lors des primaires démocrates de 2020, rappelle The Economist, la candidate démocrate s’était par exemple positionnée en faveur d’une interdiction de la fracturation hydraulique (extraction de gaz naturel), a soutenu le « Medicare for All » et a suggéré que le passage de la frontière sans visa devrait être dépénalisé. Elle a depuis abandonné ces positions, mais sans le crier sur tous les toits. Si Kamala Harris veut convaincre les modérés, elle va devoir montrer clairement qu’elle est en défaveur de l’immigration illégale et qu’elle n’est la coqueluche d’aucun syndicat. Une campagne de weirdisation sur TikTok n’y changera rien du tout.
Pas plus que Tim Walz qui n’est d’ailleurs pas issu d’un swing state, au contraire de Mark Kelly (Arizona) et Josh Shapiro (Pennsylvanie), dont il a pourtant pris la place comme colistier. Pourquoi ? Parce qu’une élection ne se gagne pas avec un candidat vice-président, fût-il d’un État clé. Ce dernier permet toutefois de trouver un équilibre dans le duo, un équilibre idéologique, géographique ou, plus récemment, en termes d’origine et de sexe. Parfois avec une bonne osmose, comme en atteste leur premier meeting de campagne à Philadelphie.
Kamala Harris en tête
En attendant, l’agrégateur de sondages FiveThirtyEight place Kamala Harris en tête au niveau national, d’une courte tête devant Donald Trump, à 45,3% contre 43,4% pour le républicain. Kennedy Jr. ne dépasse plus les 5,3%. Toutefois, l’écart se creuse en faveur de la démocrate, depuis qu’elle est passée devant, le 30 juillet dernier.
Mais rappelons que le vote national est indicatif dans la mesure où il n’existe pas. L’élection se fait État par État, via le système indirect des Grands électeurs. L’indécision est néanmoins totale, c’est qui est déjà une petite prouesse pour Kamala Harris. La panique semble avoir changé de camp.
Election présidentielle américaine
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