L’Otan a proposé que ses 32 Etats membres consacrent au moins 5% de leur Produit intérieur brut (PIB) à leur défense d’ici 2032.
nato.comCe chiffre, récemment mis sur la table, est au coeur de la discussion, avant un accord attendu à l’occasion du prochain sommet de l’Alliance les 24 et 25 juin à La Haye.
Mais consacrer au moins 5% du PIB à la défense est-ce un objectif facilement atteignable? Eléments de réponse.
Pourquoi 5% ?
Parce que les Etats-Unis de Donald Trump l’exigent, tout d’abord. Le président américain a, à plusieurs occasions, laissé entendre que les “mauvais payeurs” ne seraient pas assurés de bénéficier de l’indispensable protection américaine.
Mais aussi parce que ce chiffre correspond aux montants nécessaires pour maintenir les capacités de défense de l’Otan face au renforcement de la menace russe, assure l’Alliance.
5% = 3,5% + 1,5% ?
Le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte a proposé un chiffre global de 5% qui est en fait l’addition de deux types de dépenses. Il propose de porter le niveau des dépenses militaires stricto sensu à 3,5% du PIB d’ici 2032.
Un pour cent de PIB en plus représente 200 milliards d’euros pour l’ensemble des pays de l’UE, dont 23 sont membres de l’Otan, selon le commissaire européen à la Défense Andrius Kubilius.
Au-delà de cet objectif – ambitieux – de 3,5%, Mark Rutte souhaite que les pays de l’Otan portent à 1,5% de leur PIB leurs dépenses liées à la sécurité, au sens large, comme la protection aux frontières, la mobilité militaire ou encore la cybersécurité.
Cet objectif apparaît plus facilement atteignable dans la mesure où il concerne des dépenses duales, civiles et militaires, déjà engagées ou prévues par les Etats. Et certains y voient toutefois un “trompe-l’œil” surtout destiné à embarquer les Etats-Unis, sans aller réellement jusqu’à 5% de dépenses militaires.
Les Etats-Unis sont-ils d’accord ?
L’ambassadeur américain auprès de l’Otan Matthew Whitaker, réputé proche de Donald Trump, a semblé la semaine dernière favorable à une définition large des dépenses de sécurité.
La hausse des dépenses militaires “va inclure tous les objectifs de capacité nécessaires aux alliés de l’Otan pour dissuader et se défendre, mais aussi des choses comme la mobilité, l’infrastructure, la cybersécurité”, a-t-il assuré. “Cela va bien au-delà des missiles, des chars et des obusiers”.
Le président américain, attendu à La Haye fin juin, ne s’est toutefois pas encore exprimé publiquement sur ce point.
Et les autres ?
Fin 2024, 22 pays de l’Otan avaient atteint l’objectif de 2% de dépenses militaires, retenu en 2014 lors d’un précédent sommet de l’Alliance. Plusieurs pays, dont la Slovénie, l’Espagne ou la Belgique, sont encore en-deçà de cet objectif, même s’ils ont promis de l’atteindre cette année.
L’Italie a annoncé la semaine dernière qu’elle avait d’ores et déjà atteint les 2% de PIB. Sans s’opposer frontalement à un objectif de 5%, elle réclame “du temps” pour faire plus, soulignant l'”importance” des dépenses liées à la sécurité, et pas seulement militaires.
Seule la Pologne est proche de l’objectif de 5% exigé par Washington avec 4,7%, et elle a promis de l’atteindre dès l’an prochain, à l’instar des pays baltes.
La France est à 2% et les Etats-Unis autour de 3,4%. Paris a toutefois promis d’atteindre les 3,5% “dans les années qui viennent”. Son ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a laissé entendre la semaine dernière que le deuxième objectif de 1,5% était également atteignable.
L’Allemagne, première économie européenne, a assuré de son côté être prête à “suivre” le président Donald Trump sur cet objectif.