À la veille du sommet de l’Otan à La Haye, un chiffre s’est imposé comme le véritable leitmotiv des discussions : le 5. Cinq pour cent du PIB à consacrer à la sécurité d’ici 2035 et l’article 5 pour la défense collective. Le second dépendant du premier, a menacé Donald Trump. Mais le tout se négociera en à peine trois heures, mercredi, pour ne pas contrarier le locataire de la Maison Blanche.
Trump sème à nouveau le doute
Avant même d’avoir posé le pied aux Pays-Bas, Donald Trump a ravivé les incertitudes quant à l’engagement des États-Unis en cas d’agression contre un allié. « L’article 5 peut se définir de plusieurs façons », a-t-il déclaré à bord de l’avion présidentiel. Une manière de relativiser l’un des piliers fondateurs de l’Alliance atlantique : le principe selon lequel une attaque contre l’un est une attaque contre tous.
Le président américain, attendu mardi soir pour un dîner de gala offert par le roi Willem-Alexander, ne participera qu’à une seule session de travail, mercredi matin. Celle-ci a été réduite à moins de trois heures, par précaution. L’organisation cherche à éviter toute polémique et à ne pas contrarier Donald Trump.
L’exigence du 5% pour “mériter” la protection américaine
À l’instar de ses précédents sommets, le président américain a conditionné son soutien à l’Otan à un effort financier accru des Européens. Il réclame que chaque pays consacre au moins 5% de son PIB à ses dépenses de sécurité. Dans le cas contraire, il a menacé de ne plus garantir la protection des « mauvais payeurs ».
Les 32 membres de l’Alliance ont donc trouvé un compromis : 3,5% pour les dépenses militaires à proprement parler, et 1,5% pour des investissements plus larges en matière de cybersécurité, mobilité militaire ou résilience. Cet engagement doit être atteint d’ici 2035. Un diplomate résume à l’AFP : « Cinq, c’est le chiffre magique de ce sommet : article 5 et 5% du PIB ».
Mark Rutte au chevet
Mais Trump a quitté Washington dans un climat orageux, dénonçant avec virulence la rupture du cessez-le-feu entre l’Iran et Israël : « Ils ne savent pas ce qu’ils foutent ! », a-t-il lâché, visiblement furieux, avant d’espérer que le cessez-le-feu soit respecté.
Le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, joue les pompiers. Il affirme que les États-Unis sont « totalement engagés » dans l’Alliance et appelle à se concentrer sur l’essentiel : « Ce caillou dans la chaussure, c’est que nous ne dépensons pas assez. »
Juste avant le Sommet, il a envoyé une série de messages dithyrambiques à Donald Trump, qui a décidé de les révéler. Les bombardements contre l’Iran ? “Personne n’avait jamais osé faire ça”. La norme de 5% ? “L’Europe va payer un prix ENORME” pour financer sa défense “comme elle le devait” et “ce sera votre victoire”, a écrit Mark Rutte, en reprenant la typographie en majuscules que le président américain affectionne.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, se veut rassurante : « L’Europe de la défense s’est enfin réveillée. » Elle salue des objectifs budgétaires « historiques ».
Une Europe contrainte d’assumer
Pour Emmanuel Macron et Friedrich Merz, l’effort européen ne doit pas répondre à un chantage mais à une prise de conscience. Dans une tribune publiée dans le Financial Times, ils affirment : « Nous devons nous réarmer, non parce que quelqu’un nous le demande, mais parce que nous sommes lucides. »
Le président français, le chancelier allemand et le Premier ministre britannique Keir Starmer se rencontrent d’ailleurs mardi soir pour maintenir le soutien à l’Ukraine en tête de l’agenda et pousser Trump à durcir les sanctions contre Moscou.
L’Ukraine en ligne de mire
Volodymyr Zelensky a une nouvelle fois rappelé l’urgence : « Poutine ne pense qu’à la guerre. C’est un fait. » Il s’exprimait devant des industriels de la défense, en marge du sommet.
Trump, de son côté, s’est dit prêt à rencontrer « probablement » le président ukrainien pendant son passage aux Pays-Bas. Les Alliés, eux, réaffirmeront dans leur déclaration finale leur appui à Kiev, avec un soutien financier estimé à 35 milliards d’euros pour 2025.