Pourquoi Joe Biden devrait se retirer (et pourquoi il ne le fera pas)

Joen Biden, le 2 juillet à Washington.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le malaise est grand dans le camp démocrate après le débat catastrophique du président sortant contre Donald Trump. Mais son entourage serre les rangs, sa femme en premier, et Biden lui-même tente de renverser la tendance.

Pas question de “laisser 90 minutes résumer ce qu’il a fait pendant quatre ans comme président”. Voilà ce que Jill Biden, femme du président américain Joe Biden, déclare au magazine Vogue, dont elle fait la couverture. Un argument utilisé par de nombreux ténors démocrates, après le débat télévisé catastrophique du candidat démocrate face à Donald Trump, au cours duquel il avait multiplié les absences et les propos peu cohérents.

Outre son épouse, qui le porte littéralement afin qu’il reste candidat, plusieurs ténors démocrates, dont les anciens présidents Bill Clinton et Barack Obama, sont intervenus dans ce sens. Kamala Harris, vice-présidente de Joen Biden, le soutient aussi en évoquant “trois ans et demi de performances dans un travail qui a été historique”. Et si le début du débat a été laborieux, reconnait-elle, il a “fini en force”.

Pourquoi il devrait partir

Pour autant, le malaise reste grand dans le camp démocrate, tant la capacité du président sortant à assumer un nouveau mandat semble problématique, alors que des crises mondiales sont susceptibles de requérir une vigilance de tous les instants. Des collaborateurs ont indiqué qu’il était en pleine possession de ses moyens… entre 10h et 18h.

Un élu du Texas, Lloyd Doggett, a été le premier à inviter Joe Biden à prendre “la décision douloureuse et difficile de se retirer”. De nombreuses voix estiment que Kamala Harris serait en mesure de porter la candidature démocrate: elle serait le mieux à même de remplacer Joe Biden: elle récolte 45 % des intentions de vote contre 48 % pour Donald Trump, soit le même pourcentage que Joe Biden.

Voici trois jours, le vénérable New York Times avait été le premier à inviter l’actuel président à se retirer. Avec ces mots: M. Biden a été un président admirable. Sous son commandement, la nation a prospéré et a commencé à relever une série de défis à long terme, et les plaies ouvertes par Donald Trump ont commencé à se refermer. Mais le plus grand service public que pourrait rendre aujourd’hui M. Biden serait d’annoncer qu’il ne se représentera pas à l’élection“. Depuis, le New Yorker s’est également exprimé en ce sens.

Nancy Pelosi, 84 ans, élue de Californie et ancienne speaker de la Chambre, a validé les interrogations de son camp. Je pense qu’il est légitime de se poser la question”, a-t-elle reconnu sur la chaîne MSNBC au sujet de la performance de Joe Biden lors du débat télévisé. 

Pourquoi il restera

Appuyé par sa femme et ses proches, Joe Biden a fini par s’exprimer pour se justifier. Il a affirmé que ce n’était “pas très malin” d’avoir “voyagé à travers le monde plusieurs fois” peu avant cette confrontation, et que cela l’avait amené à “presque (s’)endormir sur scène”, lors d’une rencontre avec des donateurs démocrates près de Washington, en ajoutant: “Ce n’est pas une excuse mais une explication”. “Je n’ai pas écouté mes conseillers”, plaide-t-il.

Depuis ce débat manqué, il multiplie également les messages agressifs à l’encontre de son rival républicain ou pour fustiger la décision de la Cour suprême d’ctroyer un immunité à Donald Trump. Vendredi, Joe Biden accordera une première interview complète à ABC News.

L’hebdomadaire britannique The Economist analyse: “Il reste plus que probable que Joe Biden se présentera. Contrairement aux systèmes parlementaires, il n’existe pas de véritable mécanisme pour le déloger. Le président Biden et ses collaborateurs ont compris que la seule crainte d’une division s’il se retirait suffisait, pour le moment, à maintenir le parti dans son sillage.”

Et de préciser: “Joe Biden ayant déjà obtenu l’investiture de son parti, il faudrait le convaincre que sa candidature n’est plus tenable. La défiance à l’égard du président Biden n’a cessé, en effet, de croître depuis ce débat. Son équipe de campagne a décidé pourtant que le problème n’était pas la performance du président, mais la manière dont les médias l’ont rapportée. Jen O’Malley Dillon, directrice de campagne du président, a notamment affirmé que tout déficit éventuel dans les sondages à venir ne serait pas la faute de Joe Biden, mais le résultat de récits médiatiques exagérés.”

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