Plus grand-chose ne semble s’opposer à l’utilisation des avoirs russes gelés en Belgique

Bart De Wever à la Chambre, le 13 novembre. BELGA PHOTO JONAS ROOSENS
Baptiste Lambert

Dans un courrier qu’elle adresse au 27 membres de l’UE, Ursula von der Leyen appuie une demande de Bart De Wever : offrir des garanties juridiques pour que notre pays ne supporte pas seul les risques liés à l’utilisation de quelque 140 milliards d’avoirs russes. Le dénouement aura lieu au prochain sommet européen, en décembre.

On le sait. Environ 195 milliards d’avoirs russes sont bloqués chez Euroclear, une clearing house implantée à Bruxelles. Pour l’entreprise, ces 195 milliards ne représentent pas grand-chose : Euroclear gère et fait transiter des milliers de milliards d’euros chaque jour. Par contre, le risque réputationnel et juridique de l’utilisation des actifs gelés est énorme, tout comme pour la Belgique. Dans Le Monde, vendredi dernier, Valérie Urbain, la CEO d’Euroclear, n’excluait pas de poursuivre l’UE en justice, si tel devait être le cas.

Dans un courrier adressé aux États-membres, la présidente de la Commission a réitéré les trois options sur la table pour venir en aide à l’Ukraine en 2026 et 2027 : une aide issue des budgets des États membre, une aide issue d’un nouvel emprunt commun ou l’utilisation de quelque 140 milliards d’avoirs russes gelés comme prêt et garantie pour les réparations de guerre.

Des garanties juridiques

Ursula von der Leyen ne cache plus que sa préférence va à la troisième option, tout comme l’immense majorité des États-membres. Personne ne se voit puiser à nouveau dans les budgets nationaux, et on sait qu’après la parenthèse Covid, l’Allemagne a en horreur les emprunts communs.

Toutefois, notre Premier ministre Bart De Wever a montré sa vive opposition à cette troisième option, lors du précédent Sommet. Pas question que la Belgique assume à elle-seule les risques juridiques et financiers. 140 milliards, c’est environ 20% du PIB belge.

Mais dans sa lettre, que L’Echo et Le Soir ont pu consulter, la présidente de la Commission tend la main à notre pays : “Les États membres fourniraient à l’Union des garanties juridiquement contraignantes, inconditionnelles, irrévocables et payables sur demande, fondées sur le RNB (revenu national brut)”, rédige-t-elle.

Une Belgique isolée ?

On savait la Belgique particulièrement isolée dans ce dossier. Seules la Hongrie et la Slovaquie s’opposent formellement à l’utilisation des actifs gelés. On a déjà connu meilleurs alliés. Mais cela ne veut pas dire que les autres pays sont insensibles à la cause belge. Dans Le Soir, le président finlandais Alexander Stubb est venu apporter un soutien bienvenu à notre pays : “Mon sentiment, c’est que toute solution qui sera trouvée devra être une solution acceptable pour la Belgique. Je ne me sens pas très à l’aise avec ceux qui font pression sur la Belgique dans ce genre de situation.”

Mais en l’état, si la Belgique obtient ce qu’elle veut, plus grand-chose ne semble s’opposer au dégel des avoirs russes, malgré le survol répétés de drones sur des sites sensibles et les pressions explicites du Kremlin.

Une ultime option est toutefois sur la table et pourrait servir de compromis : l’utilisation des trois options. Une aide combinée qui viendrait des budgets nationaux, des emprunts et des avoirs russes. Dénouement au prochain Sommet européen les 18 et 19 décembre prochain.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire