Pilier de l’économie européenne, l’Allemagne demeure en situation instable
Alors qu’auparavant l’Allemagne menait la reprise économique, elle est aujourd’hui considérée comme un frein, selon l’assureur-crédit Allianz Trade.
L’Allemagne, première économie européenne, connaît toujours une croissance économique négative en 2023. Cette année, la croissance économique de l’Allemagne est de -0,6 %, contre +0,6 % dans la zone euro. Les perspectives pour l’Allemagne demeurent également sombres. Selon l’assureur-crédit, les récentes mesures de relance du gouvernement s’avèrent largement insuffisantes. Johan Geeroms, Directeur de l’analyse des risques pour le Benelux chez Allianz Trade, souligne : « Nous assistons actuellement à une stagnation. Celle-ci n’est pas uniquement due à l’inflation et aux prix élevés de l’énergie. L’Allemagne souffre de divers problèmes structurels. Par exemple, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée représente un obstacle majeur. Le vieillissement de la population ne fait qu’aggraver cette situation. Un autre facteur est que l’Allemagne n’est pas véritablement en pointe en matière de numérisation. »
Déséquilibre entre l’industrie et le secteur des services
J. Geeroms attire l’attention sur la répartition des revenus en Allemagne. « Un déséquilibre s’est installé entre l’industrie et le secteur des services. Si l’on considère le PIB, la part de l’industrie en Allemagne est bien plus importante que dans les autres grandes économies, tandis que le secteur des services est en retrait. » Le rapport d’Allianz Trade indique que l’industrie allemande contribue au PIB à hauteur de 18,5 % (9,3 % en France et 10,7 % aux États-Unis), tandis que les services représentent 62 % (70,3 % en France et 77,6 % aux États-Unis). « L’Allemagne accuse un retard dans le domaine des services numériques innovants qui génèrent des profits dans d’autres pays. »
Selon le service de recherche d’Allianz Trade, les exportations allemandes ont chuté de -11,8 % en glissement annuel au premier semestre 2023. La réouverture de l’économie chinoise n’a pas non plus apporté d’amélioration. Les exportations allemandes vers la Chine ont baissé de -7,9 % en glissement annuel. J. Geeroms prévoit que la demande mondiale pour les produits majeurs allemands tels que les voitures, les machines et les produits chimiques continue de diminuer l’année prochaine, notamment en raison du ralentissement de la croissance aux États-Unis et en Chine.
Il souligne également la correction boursière mondiale en cours. « Les entreprises et les détaillants réduisent leurs stocks de matières premières et de produits finis. Le secteur manufacturier allemand, très orienté vers l’exportation, sera à nouveau plus durement touché que la plupart des autres économies européennes. »
Rôle majeur des technologies vertes
Selon J. Geeroms, les entreprises allemandes sont également affectées par l’incertitude politique dans le pays. « Les autorités cherchent à renforcer la réglementation, notamment pour les géants de l’internet, mais aussi pour promouvoir l’essor de l’intelligence artificielle. Le gouvernement alimente ainsi la culture de la peur, alors que les nouvelles technologies offrent de nombreuses opportunités. Or, ces opportunités ne sont pas saisies. » J. Geeroms estime que l’Allemagne a besoin d’un plan de modernisation clair : « Des mesures incitant à l’innovation et à l’investissement. Selon nous, l’Allemagne devrait endosser le rôle de leader en tant que base de production de technologies vertes en Europe. Aucun autre pays du G7, y compris la Chine, n’a exporté plus de produits verts que l’Allemagne en pourcentage du PIB. Le gouvernement doit oser progresser davantage dans ce domaine et promouvoir les technologies vertes, car elles soutiennent les objectifs climatiques et profitent à l’économie. »
Conséquences pour la Belgique
La Belgique est étroitement liée à l’économie allemande. « L’Allemagne reste notre principal marché d’exportation et représentait 90 milliards d’euros d’exportations l’année dernière. Bien entendu, la stagnation persistante de l’Allemagne se fait ressentir en Belgique. Le ralentissement de l’industrie automobile allemande, par exemple, a un impact direct sur l’industrie chimique en Belgique. L’économie allemande est également un moteur majeur pour le port d’Anvers. Le trafic de marchandises y est en baisse depuis un certain temps. »
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