PIB, pétrole, démographie… : que pèsent vraiment les Brics dans l’économie mondiale ?
Déjà importants dans l’économie en raison de leurs vastes marchés intérieurs et de leurs ressources naturelles, les Brics prennent également de plus en plus d’importance sur l’échiquier mondial en termes géopolitique et militaire.
A l’initiative de Vladimir Poutine, la ville de Kazan, capitale de la république du Tatarstan qui fait partie de la Fédération russe, accueille à partir de ce mardi, et durant trois jours, le sommet des Brics, le club des pays dits émergents.
Inventé par la banque américaine Goldman Sachs, l’acronyme Brics désigne depuis 2009 le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, auxquels s’ajoute, depuis 2011, l’Afrique du Sud. En 2023, six pays ont formellement été invités à rejoindre le groupe, formant ainsi les Brics+ : l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Mais le nouveau président argentin Javier Milei a claqué la porte suite à son élection tandis que Riyad réserve sa réponse.
Poids économique
Économiquement parlant, que représentent dès lors aujourd’hui les Brics ? Alors qu’ils comptent pour 26 % de la superficie des quatre continents, “on peut évaluer leur importance économique selon plusieurs critères, indique l’expert financier Michel Ernst.
Sur le plan démographique d’abord, ils représentent 41 % de la population mondiale, “grâce bien évidemment à la Chine et à l’Inde qui représentent à elles-seules plus de la moitié de la population du globe”, souligne Michel Ernst. Au niveau de la richesse produite chaque année ensuite, les membres actuels représentent grosso modo 25 % du PIB mondial, avec une part du groupe dans les exportations mondiales (commerce de marchandises) qui tourne autour du même pourcentage.
Côté énergie, hormis l’Afrique du Sud qui n’exporte pas de pétrole et l’Arabie saoudite, premier pays exportateur de d’or noir mais qui se tâte pour faire partie de l’association, les neuf autres membres (sachant que les Émirats arabes unis constituent le cinquième pays producteur au monde) exportent environ 30 % du pétrole mondial. Un chiffre impressionnant qu’il convient néanmoins de relativiser, selon Michel Ernst, dans la mesure où “le fort développement du gaz de schiste américain contrebalance largement ce poids”, dit-il.
Axe “anti-occidental”
Bien que devant être relativisée, l’expansion du groupe des Brics ne doit pas être sous-estimée. Car comme le fait remarquer Michel Ernst, “les Brics ne constituent pas seulement un nouvel axe économique”. C’est aussi, dit-il, une nouvelle alliance sur le plan politique voire militaire qui vise à contrer la domination des Etats-Unis et de l’Europe sur le cours du monde. Plus concrètement, “on voit clairement un axe parallèle se développer face à la puissance occidentale autant économique que politique, voire militaire.
La Chine et la Russie, on le sait, sont des pays autocratiques. L’Iran n’est pas non plus un modèle de démocratie. De même que dans la vingtaine de pays qui ont marqué un intérêt pour rejoindre l’association, et qui sont susceptibles d’en faire partie, beaucoup ne font guère mieux en termes de respect des droits humains. Quant à la Turquie qui râle de ne pas pouvoir faire son entrée dans l’Union européenne, elle veut aussi entrer dans les Brics pour lui faire contrepoids au niveau économique, mais aussi géopolitique et militaire”, note Michel Ernst.
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