Où restent les touristes chinois ?
Plus de sept mois après l’abandon par Pékin des mesures sanitaires hyper strictes, les touristes chinois n’ont toujours pas fait leur grand retour dans les capitales européennes. Où restent-ils ?
Le secteur touristique européen, entre autres, attendait impatiemment le retour des touristes chinois. Entre 2019 et 2022, les frontières chinoises étaient fermées (avec des exceptions) pour cause de pandémie et les voyages à l’étranger quasi impossibles aux habitants du pays. En décembre, le parti communiste a soudainement laissé tomber les mesures de confinement draconiennes et ouvert les frontières. Les autres pays du monde ont alors commencé à espérer un coup de pouce économique, grâce aux vagues de touristes chinois qui allaient à nouveau déferler sur les sites touristiques.
Sept à huit mois plus tard, force est de constater que ce grand retour n’a pas eu lieu, loin de là. Les touristes chinois partent moins à l’étranger. “Les voyages à l’étranger ne représentent qu’un tiers des niveaux de 2019, en termes de nombre de voyages”, explique Wolfgang Georg Arlt du Chinese Outbound Tourism Research Institute (Institut de recherches sur le tourisme chinois à l’étranger, basé en Allemagne) à CNBC.
Et le constat s’applique même à des régions limitrophes, comme l’Asie du Sud-Est : le nombre de touristes chinois était en baisse de 60%, en mai, par rapport au même mois en 2019.
Pourquoi cette baisse ?
“Le manque de vols abordables et les longs délais d’attente pour l’obtention d’un visa de voyage à l’étranger ont ralenti la reprise du tourisme international chinois”, reprend Arlt. Il ajoute que le tourisme à l’intérieur du pays a “gagné en prestige et en qualité”. Ainsi, les chiffres des voyages des Chinois en Chine ont quant à eux retrouvé leur niveau d’avant la pandémie.
Or, ce manque de vols abordables pourrait continuer à peser sur le secteur du tourisme. Constatant qu’il y a moins d’intérêt à voyager, les compagnies aériennes proposent moins de vols, ce qui pousse les prix vers le haut. Les routes plus longues, que les compagnies occidentales (mais chinoises aussi, en partie) prennent pour contourner la Russie, ont aussi un effet haussier sur les prix.
Puis la relance économique patauge en Chine. Par exemple, selon les dernières données, plus d’un jeune sur cinq n’a pas de travail. Les touristes chinois font donc plus attention à leurs dépenses, selon Arlt.
À quand une vraie reprise ?
Dans un rapport sur les tendances des voyages cette année, l’économiste en chef pour l’Asie de Mastercard, David Mann, s’attend à une reprise progressive. “La reprise des voyages internationaux en Chine s’étale sur 2023-24… un élément positif et durable pour le secteur”.
L’Europe, qui figure d’ailleurs toujours parmi les destinations plébiscitées par les Chinois, pourrait donc petit à petit revoir ces touristes arriver en nombre. Aux Etats-Unis, cela devrait moins être le cas : dans un climat de tensions diplomatiques et économiques, la destination est moins envisagée par les voyageurs.
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