Offensive de Trump sur les droits de douane: le Canada, l’UE et d’autres se rapprochent

© (Photo by Ludovic MARIN / AFP)

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau est attendu mercredi à Bruxelles pour resserrer les liens avec l’Union européenne, en pleine offensive de Donald Trump sur les droits de douane imposés par les Etats-Unis à ses grands partenaires commerciaux.

Tant Ottawa que le bloc européen ont intérêt à diversifier leurs relations commerciales pour compenser la détérioration du lien avec les Etats-Unis et leur imprévisible président. “La situation ne va pas s’améliorer”, résume Ignacio Garcia, du think tank bruxellois Bruegel. Cela ne laisse à l’UE “aucune autre option” que d'”investir dans le développement de marchés alternatifs”, ajoute-t-il.

Justin Trudeau doit rencontrer la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, ainsi qu’Antonio Costa, qui préside le Conseil européen – l’instance représentant les 27 Etats membres. Le dirigeant canadien devrait leur exprimer son souhait de renforcer ses partenariats avec les pays amis à travers le monde, comme il l’a fait en marge du sommet sur l’IA à Paris, en condamnant les droits de douane imposés par Washington sur l’acier et l’aluminium.

Partenaires et amis internationaux

S’adressant à l’AFP mardi, il a déclaré que le Canada “travaillerait avec (ses) partenaires et amis internationaux” à la meilleure manière de répondre à cette dernière salve trumpienne. M. Trudeau a promis une réponse “ferme” si nécessaire, dans des termes similaires à ceux de Mme von der Leyen qui a dénoncé au nom de l’UE des droits de douane “injustifiés”.

Dans une nouvelle étape de la guerre commerciale engagée depuis sa prise de fonctions le 20 janvier, Donald Trump a signé lundi un décret fixant au 12 mars la date d’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium. “Sans exception”, a-t-il assuré.

Les économies américaine et canadienne sont étroitement imbriquées. Les Etats-Unis absorbent 77% des exportations du Canada, un chiffre qui oscille autour de 20% pour celles de l’Union européenne. Et la perspective d’une guerre commerciale avec Washington a conduit l’UE à élargir ses horizons depuis la réélection du milliardaire républicain en novembre.

Mexique, Inde, Afrique du Sud…

Ces dernières semaines, le bloc européen a annoncé un accord commercial renforcé avec le Mexique, la reprise des négociations sur un accord de libre-échange avec la Malaisie et un nouvel accord avec le bloc sud-américain du Mercosur. L’UE a également adopté une position plus conciliante à l’égard de la Chine, et promis d’approfondir la relation avec l’Inde, qui sera la destination du premier voyage officiel du second mandat de Mme von der Leyen.

Lundi, Antonio Costa a par ailleurs discuté avec le président sud-africain Cyril Ramaphosa d’un renforcement des liens avec ce partenaire, Pretoria étant elle-même empêtrée dans un différend avec Donald Trump à propos d’une loi prétendument raciste à l’égard des fermiers blancs. Dans cet appel téléphonique, M. Costa a présenté l’UE comme un “partenaire fiable et prévisible”, dans une allusion assez claire au caractère imprévisible de l’occupant de la Maison blanche.

Selon un haut responsable européen, le message envoyé par Bruxelles peut se résumer ainsi: “Nous pouvons commercer avec le monde entier. Si vous fermez vos marchés, nous avons d’autres partenaires.”

Nouvelle illustration mardi: le président du Conseil européen a confirmé la tenue en avril du premier sommet UE-Asie centrale, à Samarcande (Ouzbékistan), à l’occasion d’un échange au téléphone avec le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev. Cette région du monde est dans la sphère d’influence de Moscou et son sous-sol est riche en minerais, ce qui présente aussi un intérêt économique pour les Européens.

Avec le Canada, l’UE dispose déjà d’un accord de libre-échange, et les producteurs d’aluminium du Québec, très dépendants de leurs clients américains, pourraient voir l’UE comme une issue de secours. “Nous pourrions déplacer certains volumes vers l’Union européenne, où il n’y a pas de droits de douane et où ils ont besoin de métal”, a déclaré à l’AFP Jean Simard, patron de l’Association de l’aluminium du Canada.

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