Plus de 900 000 billets vendus en quelques heures, des prix qui flambent, et des fans prêts à traverser la planète pour assister au grand retour des frères Gallagher. Ce week-end, Oasis remonte sur scène à Cardiff. Derrière les guitares et la ferveur populaire, une autre réalité s’impose : celle d’une tournée mondialisée, calibrée comme un produit d’appel géant. La Britpop a vieilli, pas son pouvoir de séduction — ni sa rentabilité.
À quelques heures de leur premier concert en seize ans, les frères Gallagher s’apprêtent à électriser Cardiff. Mais derrière l’émotion des retrouvailles, c’est aussi un redémarrage économique à grande échelle qui s’annonce. La tournée mondiale d’Oasis, qui débute ce week-end au Pays de Galles, pourrait générer plus d’un milliard de livres sterling, selon les estimations de la banque Barclays.
Depuis vendredi, la ville vit au rythme d’un retour devenu improbable. Terrasses bondées, fans en tee-shirts collectors, boutiques prises d’assaut. Sur les réseaux sociaux, la tension monte. Le logo du groupe a survolé la ville mercredi soir dans une chorégraphie de drones. Ce soir, Oasis doit monter sur scène devant 74 500 personnes au Principality Stadium, pour un premier concert déjà considéré comme un « moment historique » par les inconditionnels.
Des files d’attente virtuelles longues comme un jour sans bière
Côté billetterie, l’engouement s’est traduit par une ruée sans précédent : 900 000 tickets vendus en quelques heures, et des files d’attente virtuelles longues comme un jour sans bière. En cause, un système de tarification dynamique — où le prix varie en fonction de la demande — déjà pointé du doigt par les fans, les médias… et désormais le régulateur britannique de la concurrence, qui a ouvert une enquête sur les pratiques de Ticketmaster.
« C’est clair qu’ils en profitent, mais on ne voulait pas rater ça », souffle Kira, 25 ans, rencontrée à Cardiff. Elle vient de dépenser 130 livres en merchandising officiel. Et comme elle, ils sont des milliers à avoir fait le déplacement, souvent de loin.
Le groupe, lui, garde le mystère sur la setlist et les invités. Seules certitudes : Richard Ashcroft (The Verve) assurera la première partie, et cinq dates sont prévues à Manchester avant le reste de la tournée — qui passera notamment par les États-Unis, le Japon, l’Australie et le Brésil.
Si l’événement ravive la fibre nostalgique d’une génération entière, il agit aussi comme une machine à cash bien huilée. Transports, hébergements, restauration, produits dérivés… Les retombées dépassent largement le simple cadre musical. Oasis, chaotique et imparfait comme le rappelle Noel Gallagher dans le programme officiel, reste un phénomène culturel — et désormais une manne économique de premier plan.